* Tanacate City, avril 2049 *  

Il est 5 heure du matin et l'aube se lève sur la ville. Personne encore n'arpente ces rues silencieuses. Ni les vendeurs de poissons à la criée, qui ne sont pas encore revenus de la pêche, ni les hommes d'affaires qui dorment encore en haut des tours. La semaine a été éprouvante pour tout le monde. La ville se repose. J'aime l'atmosphère de cette ville quand elle dort. Le temps semble s'être arrêté, j'ai l'impression d'être le seul à vivre.  

Je me nomme Marco Jivas et j'ai 33 ans. Je suis ce qu'on appelle pompeusement un artiste contemporain. En fait, je suis sculpteur. Ça veut dire que je fais des formes en terre et que je les vends à prix d'or. Je rentre d'une présentation à un acheteur où j'ai rencontré Sako, une brillante journaliste de 27 ans. On a pris un verre, puis deux, puis on a bien rigolé.  

Plongé dans les souvenirs d'une soirée somme toute très agréable, je laisse mes pieds me guider. Je ne suis pas pressé de rentrer. Je longe le port encore désert et suis la rue de la victoire jusqu'au quartier des affaires Tamada. Je ne m'attarde pas, ce quartier est froid, inquiétant. Je prends la rue de la renaissance jusqu'au parc de la royauté. Le régime nous éduque jusque dans le parcours des rues. Arrivé au parc, face à la mer, je décide d'aller m'assoir sous le kiosque. Les musiciens n'arriverons qu'en fin de matinée jouer pour les touristes.  

Je longe les allées bordées de cerisiers et je m'approche du kiosque. Je monte une marche. Une décharge électrique parcours tout mon bras, remontant jusqu'à l'épaule. Étrange, il y a de l'électricité statique ici. Le réverbère près de l'entrée s'est éteint. Je vais pouvoir me reposer un peu.  

Mais arrivé en haut des marches, je m'aperçois que je ne suis pas seul. une petite fille, assise sur une grosse valise, pleure au milieu du kiosque. Je m'approche et lui demande ce qui ne va pas.  

Elle me regarde de ses grands yeux dorés et me dit : "Ma mère m'a laissée ici, toute seule pour aller s'amuser. Elle m'a laissé tomber alors qu'on a vraiment autre chose à faire."  

Je la regarde mieux. Elle n'est pas comme tous ces enfants, elle semble pleurer non de tristesse mais de frustration. Ses poings sont serrés comme si elle enrageait de ne pouvoir faire quelque chose. Je lui demandais le nom de sa mère.  

"Elle s'appelle Sako, me dit elle. Elle est partie chercher l'élu mais, comme toujours elle a dû s'arrêter en route pour s'amuser. Elle n'a aucun sens des responsabilités. Le temps presse, pourtant..." L'enfant s'interrompt d'un coup et lève son visage vers moi. Elle se rend compte que ses paroles m'ont étonné et un peu inquiété. Elle reprends alors : "Vous ne comprenez pas ce que je raconte, n'est ce pas? Et pourtant, vous avez l'impression que ça a un sens. J'acquiesce, elle sourit. Elle se remet à parler, plus doucement, comme si elle ne se parlait qu'à elle même. "Vous connaissez Sako mais vous ne saviez pas qu'elle vous cherchait. Il semblerait qu'elle n'ait pas oublié sa mission, cette fois-ci. Ou bien peut être qu'elle ne l'a pas fait exprès." Elle tourne son visage vers moi et, avec un grand sourire, me dit : "Amenez moi la voir et nous vous expliquerons de quoi il retourne. Mon nom est Claire."  

Sans savoir pourquoi, je n'ai qu'une envie c'est de l'aider. Cette femme que j'ai rencontré hier, m'avait fait un effet étrange. Elle ne semblait pas connaitre la ville. Elle critiquait le régime sans peur de la milice. Cette mère et sa fille ont quelque chose d'étrange, je veux savoir quoi. Et si leur mission avait un rapport avec le régime, le retour à la liberté, enfin.  

D'un signe de tête, je montre à Claire que je suis prêt à la ramener à sa mère. Puis je me met en route suivi de la petite. Derrière elle un vieil homme nous suit, portant la valise de la petite. "C'est mon grand père, dit elle." Je sens que cette étrange famille va m'entrainer dans un paquet de problèmes.  

-------------------------------------------------------------------------------------  

durée : 1h39  

Marco : Denny Staite  

Claire : Jessica Bremner  

Sako : Rose Mirren  

le grand-père : David Kaine