Selection Officielle du Festival du Film d'Animation pour Enfants.  

Film animé  

Durée: 2 heures  

De Clement Bates, avec les voix de Max Jarre ( Ereon), Ruth Cooper ( Gwenevere ), Bradley Bellis ( Ereon jeune), Rebecca la Barbera ( Gwenevere jeune)  

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Le barde arrivait comme chaque année, alors que le printemps laissait doucement place à l’été, à la foire de la grande Ville de Scarborough.  

Comme chaque année il choisissait une place sur la place du village.  

Comme chaque année, il calait son luth sur ses genoux croisés en tailleur.  

Comme chaque année, des enfants venaient l’entourer, et l’écoutaient.  

Il chantait.  

Partez-vous pour la foire de Scarborough ?  

Persil, sauge, romarin et thym,  

Parlez de moi à quelqu'un qui vit là-bas,  

qui fut, un temps, mon véritable amour.  

Les paroles de sa chanson étaient très anciennes et comme chaque année un enfant lui demandait d’une voix candide et avec de grands yeux brillants ouverts quelle histoire pouvait bien raconter la chanson.  

Alors le barde levait la tête et dévoilait caché sous un grand chapeau, un visage amusé au sourire édenté.  

Alors il racontait, l'histoire d'Ereon et Gwenevere qui vécurent il y a très longtemps...  

***  

Deux enfants couraient sur une verte lande.  

Ils avaient bifurqué dans les bois alors que des cavaliers se dirigeaient dans leur direction.  

Ils courraient, et s’arrêtant enfin, ils s’arrêtèrent derrière un bosquet. Le petit garçon avait passé la tête au dessus des feuilles pour observer au loin les cavaliers s’éloignant. Il hocha la tête et les deux enfants éclatèrent de rire avant de poursuivre leur chemin.  

Eréon et Gwenevere étaient les plus espiègles enfants de la lande. Elle était la fille d’une servante. Il était l’enfant d’un Seigneur. Le seigneur parti guerroyer avec son suzerain avait laissé l’enfant, caché au village, aux bons soins des moines. Ainsi Ereon grandissait comme tout enfant du peuple, et ses amitiés avec les enfants de son âge étaient tolérées sous le couvert de l’innocence de l’enfance.  

Dans les landes, la ville de Scarborough s’étendait. Chaque année, les deux enfants y faisaient les quatre cent coups à la foire et étaient connus pour leurs farces. Souvent réprimandés, beaucoup punis, mais insouciants, ils vécurent une enfance heureuse.  

Il atteignit l’âge de treize ans, elle en fêta douze. Il était majeur, et bientôt il partirait pour devenir l’écuyer d’un autre seigneur, apprendre les rudiments de la guerre avant de rejoindre son père.  

"Bientôt… ils t’emmèneront et tu m’oublieras", se plaignit Gwenevere dont les premiers battements de cœur avaient été pour Ereon.  

"Je t’emmènerai avec moi ! et si on m’en empêche, je reviendrai te chercher !",se galvaudait le jeune seigneur, avec l’inconscience des jeunes années, et la foi en l’avenir.  

"Promet le moi…"  

Le regard vert de Gwenevere s’était éclairé. Ereon avait hoché la tête.  

Cela ne suffisait pas. Elle l’attrapa par la main et l’emmena à l’écart du bourg, au travers des bois, dans la chaumière de la rebouteuse, sa marraine.  

La jeune fille avait frappé quelques coups, une grande dame rousse vint leur ouvrir. La rebouteuse avait ri quand Gwenevere s’était confiée à elle. Elle avait ensuite repris son sérieux, dégagé la table pour y poser un mortier de bois.  

- Etes vous certains de l’engagement que vous souhaitez sceller ?  

Les deux enfants avaient hoché la tête. Ereon avait un peu peur, il s’en cacha. Gwenevere lui avait saisi la main et la serrait fort.  

La sorcière faisait devant eux des grands gestes agitant sa robe d’un violet sombre.  

- Puisque vous l’avez décidé…  

Elle saisit quelques fioles et herbes.  

- Afin d’ôter à vos vies l’amertume de l’absence de l’être aimé… Persil !  

Afin que votre amour reste fort et puissant pour des milliers d’années… Sauge !  

Afin que vous restiez fidèles l’un à l’autre, que votre amour demeure intact et qu’il vous soit rappelé en chaque instant… Romarin!  

A chaque fois qu’elle jetait dans le mortier des herbes, des étincelles semblaient s’en dégager, faisant sursauter les jeunes amoureux qui se serraient la main davantage.  

- Enfin… pour faire face à l’adversité… du courage… Thym !  

Elle ne jeta pas l’herbe. Elle la fit tournoyer.  

- … que mes sœurs les fées qui dansent une fois l'été venu dans les landes couvertes de thym, vous accordent protection et soutien…  

L’herbe fut jetée dans le mortier que la rebouteuse pila avant d’y verser un peu d’hydromel. Le mélange fut versé dans une coupe.  

- Par ce breuvage vous unissez vos vies… La plus belle femme, le plus bel homme vous seront fades et vains car dans vos cœurs n’existera à présent que votre autre… buvez !  

Les jeunes amoureux se regardèrent… puis de concert burent une gorgée du breuvage. Il leur sembla à cet instant qu’une boule de lumière puis plusieurs apparurent pour tournoyer autour d’eux, scellant leurs mains d’un lien invisible…  

- Souvenez-vous… si vous vous perdez, si vous ne reconnaissez plus le visage de votre autre, votre cœur vous dictera la voie… Allez!  

Restée seule, la rebouteuse sourit, une boule de lumière dorée apparut alors au dessus de son épaule, la boule se scinda. L’une devint rose, l’autre bleue…  

- Elb, Mira… restez auprès d’eux… ils auront besoin d’aide un jour.  

***  

Les deux amoureux s‘en allèrent ainsi unis, raconta le barde.  

Mais, appuya t’il théâtralement, ils furent séparés.  

Les enfants étaient toute ouïe, les yeux grands ouverts.  

La peste frappa le village ou vivaient Ereon et Gwenevere. Ereon fut emmené, Gwenevere fut abandonnée au village en flammes. Il la crut morte, elle le crut perdu.  

Il devint écuyer, puis chevalier. Elle échappa à la mort et fut recueillie comme servante dans la demeure d’un autre seigneur des landes.  

Il s’en alla guerroyer à Jérusalem et en revint bandeau aux yeux. On le crut aveugle.  

Son père décida qu’il était tant de le marier. Le jeune homme ne l’entendait pas ainsi. En son cœur ne demeurait que Gwenevere. Pourtant il y fut contraint.  

Annonce fut alors passée que le jeune seigneur Ereon prendrait épouse. Pourtant au fil des mois nulle femme, fut elle la plus belle ne réussit à plaire au Seigneur…  

***  

"Il faut que tu essaie ma chérie… C’est le fils du plus puissant seigneur de la lande !" lança la mère.  

"Mais toutes les autres ont échoué…"  

Gwen écoutait sa protectrice et Vivian, sa fille, parler d’un jeune seigneur. Son cœur avait battu quand elle avait entendu le nom d’Ereon. Elle le croyait parti pour toujours si loin en Orient.  

Vivian considérait Gwen comme une sœur, même si sa mère le voyait d’un mauvais œil. Elles étaient confidentes. Il est si beau lui confia t’elle comme j’aimerai être sa dame, lui souffla t’elle sans que Gwen ne puisse rajouter quelque mot ni même trahir le secret qui la liait à Ereon...  

- Qu’elle me confectionne une chemise de batiste sans aucune aiguille ni couture… ainsi ferait mon véritable amour…  

Elle avait soupiré, tels étaient les exigences du jeune seigneur. Si Vivian était comme toute jeune fille de bonne famille usée aux travaux d’aiguilles, cette tâche n’en restait pas moins impossible. Gwen avait souri et avait posé sa main sur celle de Vivian.  

- Pars dormir ma sœur… la nuit porte conseil.  

Alors que le château dormait, dans sa tour, Gwen pria. Elle rappela à la lune le sceau qui la liait pour toujours à Ereon. Une lumière bleutée lui apparut alors. Elle fit la connaissance de la fée Elb, qui n'avait jamais cessé de l'accompagner.  

La ou passait l’aiguille, Elb de son scintillement comblait les trous. En guise fil elle usa de ses cheveux, ses longs cheveux blonds qu'Elb rendit incassables.  

Au matin, une chemise richement brodée sans couture et d’une seule pièce était dressée dans la chambre de Vivian.  

Sa mère, avait fait une moue dubitative et ses yeux perçant ss’étaient posés sur Gwen qui souriait en observant la joie de Vivian.  

Au soir, Vivian s’en revint du château d’Ereon, abattue et triste. Elle se confia une nouvelle fois à Gwen.  

- Qu’elle lave cette chemise fort bien, dans une eau qui n’est ni de pluie, ni des rivières du printemps…  

Gwen avait souri une nouvelle fois et la main caressant doucement la chevelure de Vivian elle répondit.  

- A chaque jour sa peine ma sœur. Pars dormir, la nuit porte conseil…  

Alors que le château fut endormi, Gwen sortit dans la lande une bassine de bois en main. Une nouvelle fois elle pria, une nouvelle fois Elb apparut, se multipliant en une multitude de mouchetures argentées qui couvrirent la lande pour ensuite se concentrer dans le baquet, l’emplissant doucement de rosée dans laquelle Gwen lava la chemise qui luisait à présent d’une lumière argentée.  

Ainsi occupée, Gwen ne vit pas que du haut de la tour noire l’observait la mère qui de son regard mauvais tira le rideau.  

Au matin, Vivian trouva la chemise, luisant d’une lumière argentée. Et alors qu’elle s’apprêtait à se rendre au château d’Ereon, Gwen l’arrêta et lui murmura quelques mots sous le regard malveillant de la mère.  

***  

La jeune Vivian avait elle réussi à obtenir la main d’Ereon demanda un jeune enfant ?  

Le barde sourit et raconta.  

Le seigneur Ereon n’avait pu voir la lueur qui émanait de la chemise, mais en la touchant, il sentit au lieu de la rugosité du lin, la douceur telle celle de longs cheveux. L’espoir aurait pu naitre dans ses yeux clos qu’il avait juré de ne rouvrir que lorsque son amour lui serait rendu.  

Il formula tout de même une nouvelle requête.  

- Qu’elle la relave et la fasse secher sur un buisson épineux n’ayant jamais fleuri depuis la nuit des temps…  

Le barde avait sourit quand les enfants s’étaient indignés. C’est la qu’ils se laissèrent surprendre.  

"J’ai moi aussi une requête", avait indiqué la jeune Vivian sur le conseil de la brave Gwen.  

- Je ferai sécher la chemise. C’est celle la même qu’il portera le jour de nos noces. A présent que j’ai reçu trois taches, je souhaite qu’il réalise à son tour les miennes. Qu’il m’offre en cadeau pour notre demeure, un arpent de terre, entre l’eau salée et le doux rivage… qu’il le laboure à l’aide d’une corne de bélier, puis le sème de graine de poivre, qu’il le moissonne avec une faucille de cuir puis de le lier d’une plume de paon. Lorsque j’apporterai la chemise, qu’il rosse la gerbe contre ce mur sans que jamais aucune graine ne tombe… Ainsi ferait mon véritable amour…  

Telles étaient donc les tâches qui attendaient le jeune Ereon qui le soir même s’en confia à la lune. Se pouvait il qu’il ait retrouvé son véritable amour ? Il ne gardait devant ses yeux éteints que le souvenir du visage de Gwen…  

Alors que Gwen s’apprêtait une nouvelle fois à invoquer sa fée pour la dernière tache, elle ignorait que dans la tour noire, la mère et la fille se livraient à un conciliabule secret.  

"Ne vois tu pas qu’elle cherche à te le prendre ?" lança la mégère, "Toutes ces nuits où tu dors sur tes deux oreilles, elle se livre à la magie noire pour envouter le seigneur et ainsi répondre à ses taches farfelues !" persifla t'elle.  

Il ne fallut pas longtemps à Vivian pour se ranger de l’avis de sa mère. La haine remplaça la douce tendresse qu’elle avait toujours portée à Gwen.  

"Laissons-la réaliser la dernière tache… ensuite… nous la ferons disparaitre et le seigneur Ereon sera à toi…" conclus la mère.  

Les deux femmes d’un hochement de tête entendu scellèrent ainsi le triste sort de Gwen qui ne pensait alors qu'à son Ereon.  

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Pour un timide retour, La maison Mandown s'appuie sur des valeurs sûre. Sur un scénario adapté de la célèbre ballade "Scarborouhh Fair" Daresha Mandown laisse la réalisation à son ami Clement Bates qui se sera lui aussi fait discret tout ce temps.