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Les Films du Corbeau présente
Monsieur...

Un film d'animation déconseillé aux moins de 8 ans  

 

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Dans une grande ville de province française, au printemps 1900.  

 

- Tu ne parleras que quand il t’adressera la parole, c’est bien compris ?  

- Oui, Mme Mangin.  

- Tu te feras discret comme une souris, Monsieur n’aime pas le vacarme inutile.  

- Oui, Mme Mangin.  

- Et tu apporteras le linge sale à Blanche, elle s’en occupera.  

- Oui, Mme Mangin.  

- Mais c’est toi qui nettoieras les chaussures de Monsieur, qui les cireras, et qui brosseras ses costumes.  

- Oui, Mme Mangin.  

- Bon, sauve-toi. Et n’oublie pas ! Si tu ne fais pas ton travail correctement, on te renverra d’où tu viens !  

- Oui, Mme Mangin…  

 

Alphonse était trop heureux d’avoir trouvé cette place inespérée pour répondre tout ce qu’il pensait à cette vieille cloche. Mme Mangin, la gouvernante de la maison, lui avait bien fait comprendre qu’elle trouvait l’idée de Monsieur d’engager un garçon de 12 ans comme majordome complètement farfelue… Il s’en fichait, il était fier comme Artaban de servir un Monsieur aussi riche et distingué que celui-ci. Il n’avait jamais vu une maison aussi grande et aussi raffinée ailleurs que dans les livres de contes pour enfant qu’on lui lisait à l’orphelinat.  

Maintenant qu’il était dans la place, il ferait tout pour y rester. Il essaiera de deviner les moindres désirs de Monsieur, il fera en sorte qu’on puisse s’admirer dans ses souliers tellement il les aura bien cirés… bref, il se rendra indispensable à Monsieur, et une vie de luxe et d’éclat s’ouvrait enfin à lui !  

Heureusement Blanche, la femme de chambre, était plus commode que la gouvernante et n’hésitait pas à lui donner tout un tas de conseils qui l’aideraient sûrement. Mariette, la cuisinière, avait un sacré caractère et il préférait ne pas se trouver dans la cuisine quand elle s’occupait des repas. Mais elle était bonne pâte, et lui réservait quelques bons morceaux de chaque plat dans le dos de Mme Mangin. M. Hubert, le jardinier, était le seul qui ne vivait pas dans la maison. Il ne venait pas tous les jours. Il était gentil, mais pas très finaud. « Il a tendance à "sourire aux anges", mais c’est une crème », comme lui avait dit Blanche.  

 

La première fois qu’il avait rencontré Monsieur, il en avait l’estomac noué tellement il était impressionné. C’était un homme assez âgé, mais il avait gardé une grande distinction. Il vivait seul dans cette grande maison, entouré de ses domestiques, et ne menait pas ‘grand-train’ comme les autres richards du quartier : il n’invitait personne et ne recevait quasiment jamais de visite. Le seul moment où il se montrait en société, c’était le soir : chaque jour, juste après le souper de 18h, il sortait avec son beau chapeau et sa plus belle canne, et on ne le revoyait pas avant tard dans la nuit. Alphonse ignorait au juste s’il se rendait au théâtre, ou chez des amis, ou s’il fréquentait un "club" où il retrouvait d’autres vieux bonhommes distingués comme lui. Il se disait même qu’après tout, il avait peut-être une amoureuse en ville, pourquoi pas ! Il ne pouvait que rêver à la fabuleuse vie de luxe et d’aventures qu’il devait vivre en-dehors…  

Parce qu’il fallait bien dire qu’à la maison, Alphonse trouvait que Monsieur n’avait pas un train de vie et des occupations aussi incroyables qu’il l’avait imaginé en voyant ces beaux quartiers pour la première fois. Il restait longtemps enfermé dans son bureau à lire ou à écrire, il déjeunait en lisant le journal, dînait et soupait seul et sans bruit… et surtout, il passait beaucoup, beaucoup de temps à s’occuper de ses roses ! Monsieur était passionné par la culture de ses roses, celles qu’il faisait pousser à l’air libre et celles qui remplissaient sa serre.  

 

Un jour qu’Alphonse revenait du tailleur où il avait récupéré la redingote de Monsieur, il croisa Basile, le garçon d’écurie de la maison voisine. Il avait prit l’habitude de causer avec lui quand il avait un peu de temps pour lui, même s’il avait tendance à l’énerver. Il ne se prenait pas pour n’importe qui, ce Basile, alors qu’il ne faisait que s’occuper des chevaux quand Alphonse était quand même "majordome" ! Ce n’était pas rien, mais lui ne crânait pas autant que l’autre…  

- Eh Alphonse, tu sais pas chez qui qu’y va grailler le patron, ce soir ? Chez le Maire ! Ca t’épate ça, hein ?  

Toujours à vouloir lui montrer que son ‘patron’ valait mieux que son maître à lui… Ridicule ! Et pourtant, chaque fois, Alphonse ne pouvait pas s’empêcher de rentrer dans le jeu…  

- Pfff, le Maire, mon maître il le connaît bien aussi ! Il lui a même donné la médaille de la ville, y paraît… (Basile n’irait sûrement pas vérifier si c’était vrai…)  

- Ah ouais ? Ben mon patron, y va se présenter à la députation, qu’y disent…  

- Mon maître, y a tout un tas de gros types avec des montres en or qui soulèvent leur chapeau quand ils le croisent en ville…  

- Ouais mais ton patron, il a pas un attelage avec quatre chevaux !  

- Peut-être, mais tu verrais ses roses, y a pas deux jardins en ville avec des fleurs aussi belles !  

Là-dessus, Basile éclata d’un rire moqueur. Vexé comme un pou, Alphonse était prêt à lui rentrer son rire dans la gorge à coup de poing, mais il préféra filer… Car il devait bien se l’avouer, il trouvait lui aussi que sa dernière sortie n’était pas à la hauteur… Les roses de Monsieur, encore et toujours à s’occuper de ses roses… Qu’est-ce qu’il pouvait bien leur trouver ? Après plusieurs semaines au service de Monsieur, une fois habitué à toutes les jolies choses qui l’entouraient, Alphonse était bien obligé de s’avouer que Monsieur n’était pas à la hauteur de ses espérances… Il n’était pas si important que ça, il n’organisait pas de grands bals et ne vivait pas les grandes aventures que le garçon s’était imaginé trouver dans les grandes maisons de la ville… A regarder Monsieur passer ses journées à ses roses, finalement, Alphonse s’ennuyait… Et il trouvait qu’après tout, Monsieur était tout bonnement un vieil homme peut-être riche, mais bien ennuyeux…  

 

 

Alphonse était encore à ces pensées, à la fin de la journée, alors qu’il aidait Monsieur à se préparer pour sa sortie quotidienne. Et que faisait-il en ville ? Après tout, c’est peut-être là qu’il faisait des choses intéressantes… Qu’est-ce qu’il aimerait bien lui demander ! Mais quand Monsieur lui parlait, ce n’était que pour lui poser des questions énervantes (« As-tu bien pensé à envoyer le colis que je t’ai donné ? Tu ne t’ais pas trompé d’adresse ? As-tu fais les exercices d’écriture que je t’ai donné ? »…). Alors, après que Monsieur soit sorti dans la rue et pendant qu’il le regardait filer vers son rendez-vous secret, Alphonse prit sa décision. Il enfila son pardessus, son petit chapeau melon, et sorti à son tour, décidé à suivre discrètement son maître et découvrir à quoi il passait ses soirées…  

Il le filait maintenant à une distance raisonnable en le regardant marcher sereinement dans la rue, saluant dames et monsieurs, faisant tournoyer sa canne de bonne humeur. Il le suivit pendant près d’une heure sans arriver à aucune destination. On aurait dit que son maître n’avait nulle part où aller, et la nuit finit de s’installer. Alors qu’ils marchaient dans un parc, ne croisant plus que de rares passants, Alphonse commençait à avoir mal aux pieds et il se disait que c’était peine perdue : Monsieur ne faisait rien d’autre de ses soirées que se promener. Définitivement, c’était un vieil homme sans aucun intérêt. Mais il s’arrêta subitement quand il constata que son maître, à une vingtaine de mètres de là, avait engagé la discussion avec un homme ventripotent, avec qui il faisait visiblement connaissance. De là où il était, Alphonse n’entendait pas leur discussion, mais elle paraissait banalement cordiale. Puis tout à coup, Monsieur entraîna son comparse hors de l’allée et s’enfonça avec lui derrière les fourrés. Quelle drôle d’idée, à cette heure aussi tardive ! Alphonse se précipita à leur suite. Ils étaient disparus de son champ de vision mais il pensait les retrouver derrière ce gros arbre. Il en fit le tour et se figea d’horreur…  

Ils n’étaient que des ombres pour Alphonse car un lampadaire les éclairait du mauvais côté, mais il distingua clairement l’éclat de lumière qui jaillissait de la lame. Le gros monsieur était étendu dans l’herbe, sur le dos, et Monsieur était encore penché sur lui, une longue épée ensanglantée dans la main. Alphonse n’en croyait pas ses yeux : Monsieur venait d’éventrer ce parfait inconnu ! Il fit un pas en arrière et une brindille craqua sous son pied. Monsieur se retourna brusquement, d’un geste menaçant. Alphonse ne distinguait pas son visage, mais il comprit par son mouvement de stupeur qu’il l’avait reconnu. Le maître et le jeune majordome se faisaient maintenant face, immobiles. Les pensées tambourinaient dans la tête d’Alphonse : « Monsieur est un assassin ! C’est son terrible secret ! Et je suis le seul à le savoir ! Moi, son majordome ! » Petit à petit, la stupeur cédait en lui la place à une admiration grandissante. Son maître était donc bien quelqu’un d’incroyable !  

Alphonse se recentra sur la situation : son maître était démasqué, un gros homme était étendu à ses pieds, raide mort. Alors Alphonse s’avança et retroussa ses manches. Monsieur eut un mouvement de recul et resserra sa main sur le manche de ce qu’Alphonse découvrit être une lame cachée dans le manche de sa belle canne. Une canne-épée comme en avait les espions dans les romans de cape et d’épée qu’Alphonse dévorait ! Le jeune garçon attrapa les pieds du gros homme et se tourna vers Monsieur.  

- Monsieur, il ne faut pas le laisser là ! Le lampadaire est trop près et quelqu’un pourrait le voir depuis l’allée.  

Monsieur était toujours immobile, observant ce jeune garçon qui s’adressait à lui avec un calme désarmant. Alors il renfourna sa lame dans le fourreau de la canne et souleva le cadavre par les épaules. Alphonse prenait les choses en main.  

- Suivez-moi. On va le mettre dans le buisson qui est là.  

Ils s’exécutèrent.  

- Maintenant, rentrons ! On ne voudrait pas croiser un agent !... A moins que Monsieur ait envie de continuer ce soir ?  

L’allusion était claire. Monsieur était sidéré, et ne put répondre que par un hochement de tête négatif…  

 

A partir de ce soir-là, Monsieur ne sortit plus en ville sans son jeune majordome. Alphonse eut la confirmation que son maître sillonnait la ville chaque soir à la recherche d’une nouvelle victime. Des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des riches, des pauvres… Tous étaient susceptibles d’y passer ! Alphonse voyait que son maître avait chaque nuit des instincts sanglants à assouvir et, en trouvant chaque nuit un meilleur moyen d’appâter pour lui le meilleur « gibier », en cherchant chaque nuit de nouveaux moyens toujours plus astucieux de se débarrasser des corps, il pouvait transformer le rituel de son maître en art… Et ainsi devenir le majordome idéal pour le maître idéal !  

L’idée du bien et du mal était loin de l’effleurer, et il donnait le meilleur de lui-même à entraîner, à l’aide de ses meilleures mimiques d’enfant en détresse, ce curé ou cette grosse dame pleine de bijoux dans une ruelle sombre où attendait son maître… Il repoussait les limites de la témérité en se mettant au défi de se débarrasser des corps en les jetant du pont principal juste avant la sortie des théâtres bondés, ou en les empaquetant dans de grosses malles à destination du train pour Venise… Que cette ronde sanglante puisse mal se terminer pour son maître ou lui ne lui venait pas à l’esprit.  

 

Jusqu’au jour où Blanche entra dans la cuisine, où il prenait une collation, accompagné d’un jeune homme souriant.  

- Alphonse, je te présente Paul, mon fiancé. Toi qui aime les histoires scabreuses, vous allez bien vous entendre : il est policier à la brigade centrale !...  

 

 

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Un film d’animation réalisé par Tim Bones  

Un scénario écrit par le Corbeau, librement adapté de la chanson Monsieur est un assassin de Thomas Fersen  

 

Avec  

Edward EROTAS – voix d’Alphonse  

Hiromi TORRES – voix de Monsieur  

Stefanie FEILD – voix de Blanche  

MYSTIC SILVER – voix de Mme Mangin  

Hugh DARBY – voix de Paul  

 

Mis en musique par Bernie JULYAN  

 

Ce film est présenté dans le cadre du 4ème Festival du Film d'Animation pour Enfants de GérardMerveille

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'animation de Tim Bones

Edward Erotas

Stefanie Feild

Hiromi Torres

Mystic Silver
Avec la participation exceptionnelle de Hugh Darby
Musique par Bernie Julyan
Sorti le 26 octobre 2030 (Semaine 1347)
Entrées : 22 708 685
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