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Les Films du Corbeau présente
L'Appel

Le visage de cette vieille dame, qui me regarde en souriant, je le connais. C’est un sourire réconfortant, un visage accueillant, bien attentionné. Ces rides aux commissures des lèvres, je les connais. Je les retrouve après les avoir perdues depuis tant d’années. C’est ma grand-mère…  

Elle me fait signe, m’invite à la rejoindre. Son sourire et ses gestes sont des promesses de réconfort, de sécurité. Elle me promet de bien s’occuper de moi. La retrouver me fait tellement de bien, moi qui suis tellement fatiguée. J’aimerais tellement la suivre ! Pourtant je sais bien que je ne peux pas. Martin et Théo doivent m’attendre. Il faut que je les retrouve.  

Elle n’attend que moi, je sais que je serais très heureuse auprès d’elle, que je pourrais me lover dans ses bras et ne rien faire d’autre que d’être choyée. Mais je ne suis plus une enfant malheureusement, c’est moi la mère maintenant, et j’ai des devoirs. Elle comprendra. Elle ne m’en voudra pas. Je m’éloigne d’elle.  

 

 

Clarisse ouvre les yeux. Elle ne sait pas où elle est. Un long tube de plastique lui sort de la bouche, lui entre dans la gorge. Ses yeux s’habituent lentement à la lumière. Elle distingue peu à peu son environnement. Elle est allongée dans un lit blanc, un lit qui n’est pas le sien. Elle voudrait bouger ses mains, mais elle n’en a pas la force. Aucune force, presque aucune volonté. Au pied de son lit, elle distingue deux hommes qui se tiennent l’un en face de l’autre. L’un d’eux a une blouse blanche. L’autre lui est familier : ce visage, cette chemise… C’est elle qui l’a achetée, elle en est sûre. Ses mains… ce sont ses mains qu’elle reconnaît. C’est Martin, c’est son mari ! Elle les écoute. Elle comprend qu’ils parlent d’elle. Elle a eu un accident de voiture, elle a le corps en mille morceaux : des fractures au bassin, aux côtes, aux vertèbres, aux jambes. C’est un miracle qu’elle s’en sorte si bien. Mais on ne sait pas encore si elle pourra remarcher, ni quand elle se réveillera. « Mais je suis réveillée ! » Sa voix n’a pas voulu prononcer ces mots. Elle seule les a entendus.  

Puis elle se rend compte qu’un petit garçon est debout au bord de son lit, accoudé sur les draps. Il la regarde dans les yeux. Elle reconnaît ces yeux, ce sont les même que les siens. Théo, son petit garçon. Lui voit bien qu’elle s’est réveillée. Il sourit et l’appelle. « Maman ». Martin et le docteur se tournent vers elle et la découvrent éveillée. Elle a envie de pleurer. Mais elle n’en a pas la force, elle est tellement lasse ! Ses yeux se referment. Elle se rendort…  

 

 

Ma grand-mère insiste, il faut vraiment que je la suive. Mais je ne peux pas ! Il faut que j’y retourne, on a besoin de moi ! Elle sourit toujours, pourtant elle insiste encore. Elle me prend la main et me tire à elle. Elle a une force du diable ! Je ne l’aurais jamais cru ! Pourtant je ne bouge pas. Je n’ai aucun effort à faire, je reste absolument immobile. Je voudrais qu’elle comprenne, qu’elle arrête d’insister. Cela me fait tellement de peine de devoir lui dire non ! Je commence à m’éloigner, il faut bien que je la quitte. Elle semble déçue. Non, ce n’est pas ça. Elle paraît vexée, terriblement vexée. Elle me regard partir avec les yeux emplis de colère. Cela me terrifie l’espace d’un instant : je n’ai jamais vu ma grand-mère, si aimante, jeter un tel regard à qui que ce soit…  

 

 

Cela fait plusieurs jours que Clarisse a quitté l’hôpital et rejoint leur maison à la campagne. Elle est sortie du coma mais passe beaucoup de temps à dormir. Elle se remet petit à petit de ses blessures, mais elle est toujours alitée, complètement bloquée. Martin a pris des congés pour s’occuper d’elle. Elle dort seule dans leur chambre, car les mouvements de Martin dans son sommeil pourraient lui être douloureux : elle porte un corset, une minerve et une de ses jambes est encore dans un plâtre. Martin s’est installé dans la chambre d’amis. Elle aurait voulu voir son propre visage, mais son mari refuse de lui apporter un miroir. Elle doit être sacrément amochée… Le médecin est heureux de l’évolution de sa guérison, pourtant il la trouve très fatiguée. Il ne comprend pas qu’elle dorme autant. Clarisse lui a bien dit qu’elle dormait très mal, mais elle n’ose pas lui parler de son rêve, ce même rêve qui se poursuit, nuit après nuit, sieste après sieste, et qui la perturbe beaucoup. Elle ne veut pas y attacher trop d’importance, elle est tellement heureuse d’être entourée des siens après avoir frôlé la mort. Ses moments d’éveil sont finalement plus apaisants que ses moments de repos…  

 

 

Cette vieille dame est toujours là, et me dévisage avec une colère terrifiante. Je me suis trompée, ce n’est pas ma grand-mère, ce n’est pas possible. Je ne sais pas qui est cette vieille, ni pourquoi elle a prit le visage de ma grand-mère, mais je sais bien maintenant que ce n’est pas elle. Elle m’ordonne de la suivre, elle m’insulte sans dire un seul mot. Elle me tire par le bras, avec cette force de plus en plus surhumaine. Pourtant je tiens bon, je réussi toujours à rester parfaitement immobile, sans y mettre aucun effort. Mais ce face-à-face est pénible, douloureux, terriblement fatiguant. Je n’en peux plus, je voudrais qu’elle me fiche la paix. Je voudrais juste dormir… Son regard est comme enflammé, il recèle une part de malheur, de vice. Comme une promesse de grands tourments si je ne fais pas ce qu’elle me dit. Elle me fait peur. Ca y est, enfin, j’arrive à m’éloigner…  

 

 

- Avez-vous bien dormi, Clarisse ?  

Clarisse se sentait plus légère depuis qu’on avait pu lui enlever son corset. On pouvait maintenant la déplacer dans les différentes pièces du rez-de-chaussée. Difficilement bien sûr, à cause du plâtre, mais cela lui faisait beaucoup de bien de ne plus être cloîtrée dans sa chambre. Maintenant, elle était assise dans le salon, face au Dr. Kildare. Le psychiatre de l’hôpital venait la retrouver là tous les quinze jours, car si son état physique suivait la bonne voie de guérison, son moral inquiétait le médecin.  

- Non, docteur. Toujours pas. Cette vieille femme me poursuit toujours. Elle me fait peur. Elle me veut du mal. Je sais que cela paraît dingue, mais ce n’est pas un rêve normal. Je ne sais pas si vous comprenez ce que je veux dire.  

- Il ne faut pas vous inquiéter. Votre corps a subi un traumatisme, il est sans doute toujours en état de choc. Ces cauchemars sont les messages qu’il vous envoie. Vous avez seulement besoin de repos, et de vous décontracter. De ne pas penser autant à ces rêves.  

- Je suis sûre que ce n’est pas ça, Docteur ! Vous ne comprenez pas l’effet qu’elle me fait ! Elle a un tel pouvoir, une telle emprise sur moi ! Ce n’est pas qu’un rêve, c’est bien plus que ça. Quand je ne dors pas, je n’arrive pas à me sentir en sécurité ! Martin se moque de moi, mais je crois vraiment que…  

- Oui ?  

- Non rien.  

C’était un psychiatre. Elle ne voulait pas lui dire ce qu’elle pensait vraiment de ses rêves, elle avait trop peur qu’il la croit complètement folle. Il la regardait en silence.  

- Je vais vous prescrire des rendez-vous plus réguliers avec la kiné. Votre corps est meurtri et il a besoin de beaucoup de soins. Quand il sera vraiment décontracté, vous verrez que tout ira mieux. Naturellement.  

- Je me sens tellement seule…  

- Je suis là, Clarisse. Martin et Théo aussi. Avec vous. On va y arriver.  

Pourtant, ils ne pouvaient pas comprendre. Elle pensait vraiment que cette vieille femme représentait quelque chose de bien plus important qu’un simple rêve. Elle n’osait pas le lui dire, mais elle avait l’impression que cette vieille, c’était la Mort ! Ou quelque chose comme ça. Que Clarisse aurait du la suivre, mais qu’elle ne l’avait pas fait. Et que ce refus n’était pas accepté…  

 

 

Elle me frappe, elle m’insulte, elle me menace sans dire un mot, elle me crache dessus. J’ai mal ! Je souffre en dehors comme en dedans, et je voudrais tellement lui répondre, me défendre. « Vieille salope ! Je ne viendrai pas, tu perds ton temps ! Tu as beau te cacher derrière ma grand-mère, mais je sais bien qui tu es… » Mais je ne peux pas bouger, je ne peux pas parler, je ne peux que recevoir ses coups et ses mots atroces… Ma seule force, c’est de pouvoir rester immobile, de ne pas la suivre. Pourtant je suis tellement fatiguée… Je ne sais pas si je réussirai à tenir encore longtemps. Peut-être que ce serait plus facile de céder, faire cesser cette souffrance…  

 

 

Martin l’a rejointe dans la chambre. Il lui dit que comme elle va mieux, il pourrait peut-être la rejoindre la nuit prochaine ? Clarisse est d’accord, elle aimerait tellement le retrouver près de lui, ne plus être seule. Il s’assoit auprès d’elle, elle se blottit contre lui. Son corps, ses mains lui ont tellement manqué. Elle s’endort dans la chaleur réconfortante de ses bras.  

 

Elle se réveille reposée. Elle se sent tellement bien !... Elle a dormi, vraiment dormi ! D’un sommeil réparateur, sans rêve ! Elle n’avait plus ressenti cette sensation de bien-être depuis tellement longtemps… Pourtant elle a froid, vraiment froid… Non. Ce n’est pas elle qui a froid. C’est Martin, le bras qu’il a laissé autour d’elle est glacé. Le pauvre, il ne s’est même pas mis sous les draps ! Elle tente de se relever, mais le bras de son mari la bloque. Il est dur comme de la pierre. Elle relève la tête et le regarde. Elle hurle…  

Martin est livide, son visage est contracté dans une horrible grimace d’effroi. Il est mort…  

 

 

La sale garce… Elle me dévisage en riant. Elle ne s’en cache même pas. Elle a profité de mon sommeil dans les bras de Martin pour rejoindre ses rêves à lui, et elle me l’a prit… Vieille putain, si c’est après moi que tu en as, ne touche pas à mon homme ! Mais elle s’en moque, elle ne regrette rien. Pire que ça, elle me promet encore pire si je ne me soumets pas, je peux le lire dans ses yeux aussi clairement que si elle me le disait à voit haute. Elle peut tout me prendre… Théo ! Non, pas Théo ! Si tu le touches, je te… je te… Je sais bien que je suis impuissante, immobile. Alors peut-être que si j’accepte de la suivre, je pourrai… Je ne sais pas encore ce que je pourrai faire, mais je te préviens, vieille peau, tu sous-estimes la force d’une mère…  

 

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Un film d’épouvante de Leonard BRUMEL  

Un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Suri PENDRAGON – Clarisse  

Bernhard SANSEL – Martin  

Vincent DOYLE – Théo  

Adele COHEN (pour la 1ère fois à l’écran) – La vieille dame  

Chuck MILLER – le Dr. Kildare  

 

Sur une musique composée par Veronica DAVEY  

 

 

Scénario : (1 commentaire)
une série A d'horreur (Epouvante) de Leonard Brumel

Bernhard Sansel

Suri Pendragon

Vincent Doyle

Adele Cohen
Avec la participation exceptionnelle de Chuck Miller
Musique par Veronica Davey
Sorti le 23 novembre 2030 (Semaine 1351)
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