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Les Films du Corbeau présente
Pour Mme Gance

 

Un coin de campagne française, 1942.  

 

Il faisait terriblement chaud ce jour-là, et Marcel (Thor DEGAST) suait à grosses gouttes alors qu’il ramassait l’herbe séchée qui jonchait la pelouse fraichement tondue par Léon. Pourtant, il n’aurait pas voulu être ailleurs et mettait tout son cœur à l’ouvrage. Depuis qu’il était arrivé dans la propriété de Mme Gance, sa vie avait radicalement changé. Fini les vols, les bagarres, les maisons de redressement. Du haut de ses 14 ans, Marcel avait l’impression d’avoir eu une vie très remplie, une vie qui l’avait déjà beaucoup usé. Mais depuis quelques semaines, depuis que cette vieille dame, Mme Gance (Adele COHEN), avait accepté de l’accueillir chez elle, il avait l’impression de renaître. Finie la ville et ses bas-fonds sordides, finie les fréquentations douteuses et malveillantes. Ici, dans cette propriété de la campagne normande, au milieu des arbres et des chevaux, il trouvait une quiétude et une bienveillance qu’il n’avait jamais connu. Le vieux Léon allait bientôt partir rejoindre sa fille, il se faisait trop vieux pour travailler dans cet immense jardin. C’était Marcel que Mme Gance avait choisi pour prendre le relai, et le vieux jardinier lui enseignait depuis quelques semaines tous les rudiments de son métier.  

Il n’en avait jamais vu de si grande, de si bien entretenue, et l’écurie recueillait de magnifiques bêtes qui faisaient toute la réputation du haras dans cette région du Perche. Mme Gance était une vieille dame fortunée qui vivait seule, entourée de sa femme de chambre Marité (Adrienne HARE), de son palefrenier Jacques et de son vieux jardinier Léon. Marcel faisait maintenant partie de la maisonnée. Et il ne s’y sentait pas du tout un vulgaire domestique. Car Mme Gance était bonne et les traitait bien. Pour la première fois, quelqu’un s’intéressait à lui, lui donnait une affection presque maternelle. Elle était la bonté même, malgré un caractère bien trempé. Une main de fer dans un gant de velours. Et Marcel l’admirait beaucoup. C’était la première fois qu’on lui accordait une telle confiance, malgré son passé…  

 

Le soleil commençait à décliner, et Marcel rejoignit la cuisine pour se rafraichir. Il était en sueur. Marité était affairée à cuisiner sur la grande table en bois.  

- Hmm, ça sent bon ! Qu’est-ce que c’est ?  

- Une daube. C’est une recette de ma tante du Midi.  

Marcel s’attabla en face d’elle pour profiter de son verre d’eau fraiche. Il aimait bien regarder Marité. Elle était jolie, et pas beaucoup plus âgée que lui. Il avait bien tenté de lui faire un brin de cour, mais elle lui avait bien fait comprendre qu’il était trop jeune pour elle. Elle préférait se comporter avec lui comme une sorte de grande sœur, lui donnant des conseils et lui accordant un tas de petites attentions sympathiques. Il avait failli lui dire qu’il n’était plus si jeune que ça, et que dans les quartiers où il avait grandi, des femmes bien plus vieilles et expérimentées qu’elle lui avait maintenant déjà montré tout ce qu’il fallait savoir sur… ce qu’il fallait savoir. Mais il s’était retenu. De grande sœur, il n’en avait jamais eu, et il préférait s’accrocher à ce qu’il avait plutôt que de risquer de tout gâcher.  

Une voiture arriva à fond de train dans la cour. Les gravillons volèrent alors que la voiture se garait en biais devant la porte de la cuisine. C’était Mme Gance qui revenait de la ville. Malgré son grand âge, elle adorait conduire et se comportait au volant comme une jeune fille écervelée… Elle pénétra dans la cuisine, Marcel et Marité la saluèrent. Ils eurent la surprise de découvrir qu’elle n’était pas seule. Derrière elle, un jeune garçon s’avança. Il ne devait pas avoir plus de 12 ans, il était calme et intimidé. Après un rapide regard pour la cuisine et ses occupants, il concentra son regard sur ses souliers. Avec son teint légèrement basané et sa touffe noire et bouclée, il ne paraissait pas venir d’ici. En tout cas Marcel ne l’avait assurément jamais croisé au village. D’ailleurs, il était habillé comme un garçon de la ville, des quartiers que Marcel ne fréquentait jamais.  

Mme Gance avait les joues rouges et paraissait essoufflée. Elle s’adressa à la jeune femme.  

- Marité, voici Simon, dont je t’ai parlé.  

Martié se leva et s’approcha du jeune garçon. Elle se pencha vers lui et s’adressa à lui comme on s’adresse à un enfant qui s’est fait mal.  

- Bonjour Simon, je suis Marité. Bienvenue chez nous. Tu verras, tu seras bien ici. Si tu as besoin de quelque chose, n’hésite pas à venir me voir.  

Marcel se demandait bien ce qui se passait, quand Mme Gance se tourna vers lui.  

- Mon petit Marcel, suis-moi, j’ai besoin de te parler. Simon, reste ici. Marité va te servir un verre de lait et des biscuits.  

Marcel suivit la vieille dame dans le salon. Il la regarda ouvrir les portes fenêtres et rabattre quelques volets pour protéger la pièce de la chaleur.  

- Assieds-toi, Marcel.  

Marcel s’assit sur le canapé, puis Mme Gance pris place sur un fauteuil en face de lui. Son ton était moins tendre que d’habitude. Elle avait visiblement quelque chose d’important à lui dire.  

- Je ne t’en ai pas parlé plus tôt, parce que je pensais qu’il valait mieux qu’on soit le moins possible à savoir. Simon est un jeune garçon de la ville, comme toi. Et il va rester avec nous quelques temps.  

- Lui aussi vient de Braquart ?  

Braquart était la dernière maison de redressement que Marcel avait fréquenté.  

- Non pas du tout. Mon petit Marcel, je sais que tu passe tout ton temps dans le jardin, et que tu fais du très bon travail d’ailleurs. Mais tu es tout de même au courant de ce qui se passe dans notre pays ces temps-ci ?  

- Bien sûr Mme Gance !  

Certes, le village n’était pas au centre de la vie du pays, mais ici aussi les Allemands s’étaient installés et faisaient régner une gérance autoritaire. Où voulait-elle en venir ?  

- Connais-tu des Juifs, Marcel ? En as-tu rencontré quand tu vivais en ville ?  

- Euh… Oui, je crois. Il y avait des rabbins et des boutiques kashers, mais je n’ai jamais trop compris leurs trucs…  

- Peu importe. Ce que tu dois savoir, c’est que les Allemands ont un problème avec les Juifs. Ils les arrêtent, ils les emprisonnent, et ils leur font Dieu-sait-quoi.  

Marcel avait bien compris qu’ils avaient une dent contre eux, par ce qu’il avait entendu ici ou là, par les affiches ou les tracts qu’il avait pu lire et qui disaient des choses comme « Le Juif est mauvais », « Le Juif est ci, le Juif est ça »… Il n’avait pas vraiment compris pourquoi, mais cela ne l’avait jamais vraiment taraudé.  

- Simon est Juif. Ses parents se sont fait arrêté, et il n’a plus de nouvelles d’eux. D’ici peu de temps vraisemblablement, son tour va venir s’il reste en ville. Alors j’ai accepté de l’accueillir ici quelques temps. Mais comprends bien ce que je vais te dire : il faut que ça reste un secret ! Il ne faut pas en parler au village, et il faut absolument que personne, à part toi, moi, Marité et Jacques, ne sachent que Simon est ici. Léon part à la fin de la semaine, autant ne pas l’embêter avec ça. C’est bien compris Marcel ?  

- Oui Mme Gance.  

La consigne était très claire pour Marcel, même s’il ne comprenait pas vraiment pourquoi Mme Gance s’embêtait avec ça. Si les Allemands avaient une dent contre les Juifs, c’est qu’il devait bien y avoir une raison et que ces derniers devaient sans doute avoir quelque chose à se reprocher. En tant que Français, il se disait bien que les ennemis de ses ennemis devaient être ses amis, mais au point de prendre des risques pour eux ? Il comprenait bien que les Allemands du village ne devaient pas découvrir le garçon. Mais Marcel ne comprenait pas bien pourquoi la vieille dame voulait prendre des risques pour un garçon qu’elle n’avait jamais vu.  

Quoi qu’il en soit, il se tairait…  

 

 

Les jours se poursuivirent. Léon quitta le domaine et laissa Marcel seul aux commandes. Il y avait beaucoup de travail, entre le gazon, le potager, les fleurs et le verger. Et cet été particulièrement chaud ne rendait pas la tâche plus facile. Mais il aimait son travail, et passait le plus clair de ses journées dehors.  

Il ne croisait pas beaucoup Simon, du coup. Car le jeune garçon ne sortait pas beaucoup. Mme Gance insistait pour qu’il ne prenne pas de risque et reste autant que possible dans la maison. Il paraissait s’ennuyer un peu, lisait beaucoup, et pouvait tout de même profiter d’un coin du jardin à l’abri des regards quand la journée tirait sur sa fin.  

Marcel ne lui parlait pas souvent, et pour tout dire, malgré leur faible différence d’âge, il n’en éprouvait pas beaucoup l’envie. « Un gusse qui passe son temps dans les bouquins, c’est forcément un drôle de gusse », se disait-il. Et il devait bien s’avouer qu’il n’était pas ravi de sa présence…  

Depuis son arrivée, Mme Gance et Marité étaient très attentionnées à son égard. Il se sentait un peu ridicule de penser comme cela, mais force était de constater qu’il était un peu jaloux. Il y a encore quelques jours, c’était lui qui bénéficiait seul de toutes ces attentions… Et ce n’est pas auprès de Jacques, le palefrenier bougon et solitaire, qu’il trouvait beaucoup de connivence.  

 

 

Ce matin-là, Marcel croisa Simon alors qu’il se dirigeait vers la cuisine. Il se décida à être un peu plus loquace.  

- Qu’est-ce que tu fais ?  

Le jeune garçon paraissait mélancolique.  

- Mme Gance m’a dit d’aller dans ma chambre.  

- Je vais picorer un truc dans la cuisine. Viens avec moi, tu iras après !  

Marcel trouva un gâteau aux œufs à peine entamé dans le garde-manger et en découpa deux tranches. A ce moment, une fourgonnette fit son entrée dans la cour. Par la fenêtre, il vit Mme Gance aller à la rencontre de soldats allemands qui en descendaient. Marité pénétra dans la cuisine. A la vue de Simon, elle pâlit. D’une voix paniquée :  

- Mais qu’est-ce que vous faites là ? Marcel, idiot, tu sais bien qu’on est jeudi !  

Marcel pâlit à son tour. Il avait oublié. Tous les jeudis matins, les soldats allemands du village venaient prélever des œufs, du lait et de la viande au domaine. Ils suivaient Mme Gance dans le hall d’entrée et s’apprêtaient à rejoindre la cuisine, leur coupant la route du reste de la maison. Marité réfléchit à toute vitesse.  

- Sortez par le jardin et emmène-le se cacher dans la grange. Et ne faites pas de bruit. Vite !  

Les deux garçons se faufilèrent par le jardin et Marcel referma la vieille porte en bois derrière eux. Il faisait sombre, mais Marcel entrevoyait le visage terrorisé de Simon. Après une quinzaine de minutes, Marité vint les avertir que la voie était libre, les Allemands étaient repartis.  

Tout était rentré dans l’ordre, mais Marcel avait encore une boule à l’estomac. Il avait eu peur. Et cela l’énerva. Il s’énerva de ce que sa vie simple et paisible, qu’il avait tant souhaité toute sa vie durant, était perturbée depuis que ce jeune Juif était arrivé dans la maison. Il prenait pleinement conscience du danger qu’il avait apporté avec lui. En voyant le visage pâle de Marité et de Mme Gance, aussi touchée par le péril qui avait été le leur, il s’assombrit encore plus. Quel besoin de se mettre dans un bourbier pareil ? Qu’avait-on besoin de risquer ses miches pour des inconnus ? Mme Gance était une femme bonne, mais elle n’était vraiment pas raisonnable. Se rendait-elle compte que par ses choix, elle mettait la vie des autres en péril ? Il n’avait rien demandé, lui, et on ne lui avait pas demandé son avis ! Il partit s’occuper au fond du verger et ainsi ruminer en paix ses sombres pensées.  

 

 

Quelques jours plus tard, il avait pris sa décision. Ce qu’il avait mis en marche n’était pas très beau, il le savait, mais cela lui paraissait juste. Il fallait protéger Mme Gance d’elle-même, et ainsi toute la maisonnée. Après avoir sorti les outils de l’établi, il s’approcha de Simon qui lisait assit au soleil, à l’entrée de la cuisine.  

- J’aurais bien besoin d’un coup de main pour tailler les pommiers. Tu veux venir avec moi ?  

- Je n’ai pas le droit d’aller dehors à cette heure-là.  

- Les pommiers sont tout au fond, près du ruisseau. Personne ne pourra te voir, fais-moi confiance.  

Simon hésitait. Marcel insista.  

- Allez, quoi ! Tu dois en avoir marre de rester enfermé ! Si je te dis que tu ne risque rien…  

Le garçon se décida et, d’une mine réjouit, suivi son aîné. Tout au fond du domaine, ils étaient effectivement protégés des regards et Marcel lui montrait comment tailler les branches. A quelques pas, un chemin de hallage suivait un cours d’eau. Il faisait chaud et lourd, le bruit de l’eau fraiche donnait soif. Simon, qui n’était pas habitué au dur labeur et qui était vêtu trop chaudement, suait à grosses gouttes et se fatiguait vite.  

- Les branches qui restent sont trop hautes pour toi. Tu n’as qu’à me laisser finir ! Mais si tu retournes comme ça à la maison, Marité ne va pas être contente… Tu devrais aller te baigner un brin pendant que je termine !  

- Tu es sûr que je peux ?  

- Arrête d’avoir peur tout le temps. On est seul, qu’est-ce que tu redoutes ?  

Simon se laissa convaincre. Il rejoignit le bord du cours d’eau, se dévêtit et plongea dans l’eau. Alors, Marcel s’éloigna et fit de larges signes des bras. Des soldats allemands apparurent de derrière les broussailles. Ils le rejoignirent, armes à la main. Marcel s’adressa à eux en désignant l’endroit où Simon se baignait à l’abri des regards.  

- Il est là-bas.  

 

 

Marité s’était assise à la table du jardin afin d’écosser les petits pois. Elle vit Marcel surgir du fond du jardin en courant.  

- C’est Simon ! Ils l’ont attrapé !  

Marité sentit la panique monter en elle.  

- Qui ça ? Où ça ?  

- A la rivière ! Simon m’avait accompagné. Il a voulu se baigner. Et les Allemands sont arrivés, je n’ai rien pu faire !  

Marité courut à la maison, appelant Mme Gance. Leur désarroi à toutes deux mit Marcel mal à l’aise. Il se sentait sale, fautif. Pourtant, malgré sa comédie, il était persuadé d’avoir fait ce qu’il fallait. Elles finiraient bien par se rendre compte qu’ils étaient mieux sans Simon. Et de toute façon, qu’est-ce qu’il risquait ? La prison n’a jamais tué personne, il était bien placé pour le savoir.  

Mais les choses ne se déroulèrent pas comme il l’avait espéré. En fin d’après-midi, une fourgonnette arriva dans la cour. Les soldats venaient arrêter Mme Gance. Et ça, Marcel ne s’y attendait pas. Il accourut dans la cour pendant que Mme Gance sortait de la maison, encadrée par deux soldats. Il s’adressa au plus haut gradé d’entre eux, qu’il avait déjà eu l’occasion de rencontrer.  

- Vous ne pouvez pas faire ça ! Vous m’avez promis de la laisser tranquille ! C’était notre marché !  

Le soldat le regarda avec mépris.  

- Désolé mon garçon, finalement ça na pas été possible.  

Le regard que Mme Gance posa sur lui à ce moment-là le hanterait jusqu’à la fin de sa vie, il en était sûr. Il l’avait trahit, et il s’en mordait déjà les doigts. Il regarda la fourgonnette partir en sentant sa gorge se nouer. Lorsqu’il se retourna, Marité se tenait sur le perron et le dévisageait avec une haine très perceptible. Elle s’avança et le gifla de toutes ses forces. Les larmes lui montaient aux yeux, et Marcel sentit sa joue prendre feu.  

- Espèce d’abruti, qu’est-ce que tu as fait ? Tu sais ce qui va leur arriver à tous les deux ?  

- Ils m’ont promis qu’ils ne lui feraient rien à elle ! Et Simon ne risque pas grand-chose !  

- Pas grand-chose ! Alors tu es vraiment aussi bête que méchant. Pars d’ici ! Je ne veux plus te voir ! Va au diable !  

Elle le poussait devant elle, et Marcel s’empressa de rejoindre sa chambre. Quelques minutes plus tard, il avait fait son baluchon et se dirigeait vers la sortie du domaine, seul et la mort dans l’âme. En passant près de l’écurie, il fut néanmoins happé par une poigne de fer qui l’envoya valser contre un tas de fumier. C’était Jacques, qui le dévisageait à son tour avec une colère non dissimulée.  

- Petit con ! Sombre petit connard ! Ils vont mourir à cause de toi !  

Cette fois, il s’effondra en larmes, et il eut du mal à articuler.  

- Je… suis… désolé… Je… savais… pas… Je… ferais… n’importe… quoi… pour…  

Jacques le toisait de sa haute taille. Il fulminait, néanmoins il semblait se retenir.  

- Je ne sais pas ce qui me prend de te dire ça, mais si tu veux vraiment les sauver, t’as plutôt intérêt à pas me le faire regretter.  

Il s’avança vers lui et lui agrippa les épaules. D’une poigne solide et peu amicale, il lui prit le menton et le força à plonger son regard dans le sien.  

- Dans les bois, il y a un groupe de gars que je connais. Ils se cachent, ils ont des armes et des explosifs. Mon gars, si tu veux sauver ton âme, tu vas les aider. Et aussitôt sera le mieux.  

 

 

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Un film de Fano TOENGA TE POKI  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Thor DEGAST – Marcel  

Adele COHEN – Mme Gance  

Adrienne HARE – Marité  

Youssef BENMAKEL – Simon  

 

Sur une musique de Rebecca GOLDENBERG  

 

Scénario : (1 commentaire)
une série B dramatique de Fano Toenga Te Poki

Thor Degast

Adele Cohen

Youssef Benmakel

Adrienne Hare
Musique par Rebecca Goldenberg
Sorti le 25 juillet 2031 (Semaine 1386)
Entrées : 20 636 632
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