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Morcar Prod présente
Rifts of Darkness

Tu m'as donné vie.  

Tu m'as réveillée.  

Tu me nourris.  

 

Le soleil se couchait sur Hong Kong. A la fenêtre de sa chambre d'hôtel, Aoyama Wake (Hisa Toshi) observait le crépuscule avec angoisse. Une nouvelle nuit approchait, une nuit de plus. Les yeux remplis de fatigue, il observa la voiture qui entrait sur le parking sous sa fenêtre, reconnaissant celle de son éditrice qui comme chaque jour lui rendait visite en fin de journée pour prendre de ses nouvelles, savoir s'il allait mieux.  

Auteur à succès, Aoyama Wake écrivait des romans d'horreur et des thrillers très noirs, qui se vendaient à des millions d'exemplaires. DaiYu Fuji (Chao Hành) n'était encore qu'une petite éditrice inconnue lorsqu'elle avait édité le premier roman d'Aoyama. Rapidement celui-ci avait obtenu plusieurs récompenses, ce qui avait contribué à sa promotion et avait transformé son premier essai en réel succès. Lorsqu'un an après elle avait édité le second opus, elle avait craint que les critiques soient plus dures envers lui, ce qui arrivait souvent après un succès fulgurant comme celui-là. Mais le succès avait été à nouveau au rendez-vous. Depuis, leur collaboration n'avait jamais pris fin. Très prolifique, Aoyama écrivait un roman par an, qui chaque fois était très attendu par un public de fans qui aimaient retrouver ces univers sombres et angoissants qu'il mettait en scène. Bien qu'elle éditait aujourd'hui de nombreux auteurs, Aoyama restait son principal auteur, et celui auquel elle tenait le plus.  

Au fil des ans, il était même devenu bien plus qu'un client. Tous deux étaient des amis très proches. Aussi lorsque deux ans auparavant Aoyama avait été atteint du syndrôme de la page blanche, elle ne lui avait mis aucune pression, le laissant retrouver l'inspiration. Mais chaque jour, l'auteur recevait des courriers de fans l'interrogeant sur la date de sortie de son nouveau livre. Au fil des mois qui s'écoulaient, ne parvenant plus à écrire une ligne, Aoyama se sentait de plus en plus inutile. Que valait un auteur qui n'avait plus l'inspiration ? Et malgré le soutien sans faille de son épouse et son éditrice, et la présence apaisante de sa petite fille, il perdait de plus en plus le morale, ce qui freinait plus encore son inspiration.  

 

J'ai faim.  

Ne m'abandonne pas.  

Nourris moi.  

 

Malgré tout, son entourage l'empêchait de sombrer totalement, jusqu'au jour où sa femme et son enfant avaient été retrouvées assassinées dans sa maison, dans d'horribles circonstances. C'est Aoyama lui-même qui avait prévenu la police, lorsqu'il avait retrouvé leurs corps sans vie. Depuis ce jour, il n'avait plus remis les pieds chez lui, refusant de retourner sur les lieux du drame, et vivait à l'hôtel. Victime d'insomnies et d'angoisses, il n'était plus que l'ombre de lui-même, épuisé à la fois physiquement et moralement.  

Ne se remettant pas de la mort de celles qu'il aimait, il avait même plusieurs fois songé à les rejoindre, mais le soutien de son éditrice l'empêchait de passer à l'acte. DaiYu était aujourd'hui la seule personne qu'il lui restait, sans qui il aurait sans doute totalement sombré déjà. Lorsqu'elle frappa à la porte, Aoyama l'invita à entrer, sans se déplacer de la fenêtre par laquelle il passait son temps à observer l'extérieur. Depuis trois mois maintenant, il n'avait pas quitté cette chambre d'hôtel. Souffrant d'agoraphobie, la simple idée de rejoindre l'extérieur le mettait dans un état de panique incroyable qui lui faisait perdre tous ses moyens.  

 

- As-tu dormi la nuit dernière ? lui demanda DaiYu.  

 

Aoyama ne répondit pas, mais son regard fut assez éloquant. Depuis combien de temps maintenant n'avait-il plus dormi ? Le voyant sombrer sans parvenir à le retenir, son amie craignait maintenant qu'il ne plonge définitivement dans la folie. Elle lui demanda alors comment ça allait, mais que pouvait-il lui répondre. Une nouvelle fois, il lui parla de ces voix qu'il entendait la nuit, de ces ombres qui semblaient l'appeler à l'extérieur, mais devinant dans le regard de son amie qu'elle ne le croyait pas, il préféra ne pas lui en dire plus.  

Comment pourrait-elle le croire s'il lui disait que parmi ces ombres il avait aperçu une femme (Helena Yuen) la nuit précédente, dont le regard perçant l'avait fixé à travers la fenêtre, et dont la voix avait résonné dans sa tête le remerciant de l'avoir éveillée, et l'implorant de la nourrir ? Lui-même commençait à croire qu'il était en train de perdre la tête. Alors qu'allait penser DaiYu ?  

 

Reprend la plume.  

J'ai faim de peur.  

Reprend la plume.  

 

On toca de nouveau à la porte, rompant le silence qui régnait dans la chambre, et la jeune femme alla ouvrir. Lorsqu'elle découvrit le lieutenant Yoshikawa Matsuyama (Chihiro Kazuko) sur le pas de la porte, elle ragea de le voir encore là. Rejoignant le flic dans le couloir, elle referma la porte derrière elle pour qu'Aoyama n'entende pas leur conversation.  

 

- Je vous ai déjà demandé de le laisser tranquille ! Ne l'avez-vous pas assez harcelé comme ça ? Ne croyez-vous pas qu'il souffre assez ?  

 

Fixant l'éditrice dans les yeux, le lieutenant ne cilla pas. Que croyait-elle ? Il avait autre chose à faire que de harceler qui que ce soit. Mais il avait une enquête à résoudre, et il ne lâcherait rien tant qu'il n'aurait pas trouvé le coupable de ces meurtres. En héritant de cette affaire, Yoshikawa Matsuyama n'imaginait pas à quel point celle-ci allait lui accaparer l'esprit du matin au soir.Aucune enquête ne l'avait jusque là obnubilé comme celle-ci, le flic y pensant jour et nuit. L'affaire avait évidemment fait grand bruit dans les médias : l'auteur de romans d'horreur victime d'une abomination telle que celles qu'il imaginait sans cesse dans ses romans était un sujet idéal pour vendre du papier. Et partout tout le monde y allait de sa théorie.  

Pour certains, ces meurtres n'étaient pas le fruit du hasard. Le ou les assassins s'étaient sans doute inspirés de toutes les horreurs que l'auteur imaginait dans ses romans pour les retourner contre lui. C'était en quelque sorte un juste retour des choses. Car à force d'imaginer ces démons et ces tueurs qu'il transformait en quelque sorte en artistes de la mort, il avait sans doute réveillé chez certains esprits malades des envies profondément enfouies auxquelles ils avait fini par laisser libre cours. Pour d'autres, c'était l'auteur lui-même qui avait fini par se perdre dans ses pensées morbides et avait commis ce crime.  

Le fait que la police n'avance pas dans son enquête laissait ainsi la voie ouverte à toutes les théories possibles, si bien que certains allaient jusqu'à imaginer les pires histoires à propos de ces meurtres, en faisant référence à ces romans imaginés par l'auteur. Yoshikawa lui-même ne savait pas quoi penser d'Aoyama dont le comportement était troublant. Depuis la mort de sa femme et sa fille, l'auteur semblait totalement anéanti, à tel point qu'il semblait au bord de la démence parfois. N'avait-il donc pas justement perdu la tête et commis ce meurtre ? Ou bien cette déprime n'était-elle pas simulée ? Après tout, cet homme savait faire preuve d'une grande imagination.  

Or l'ayant surveillé quelques temps, le flic avait remarqué ce rituel que lui et son éditrice avaient tous les soirs. A la même heure tous les jours elle lui rendait visite dans sa chambre d'hôtel. Yoshikawa en était donc arrivé à se demander s'ils n'étaient pas amants. Dans ce cas, l'auteur ne se serait-il pas débarassé de sa famille pour pouvoir vivre tranquille avec sa maîtresse, et n'avait-il pas masqué tout cela derrière une mise en scène horrible, pour ensuite jouer le rôle du mari effondré, tout ça pour perdre la police ?  

Voilà pourquoi il n'hésitait pas à revenir lui poser la moindre question, à tout moment de la journée, pour déceler la moindre petite faille. S'il jouait la comédie, il était impossible qu'il y parvienne sans faire une erreur à un moment, et si cela arrivait, Yoshikawa tenait à être là à ce moment.  

 

Tu ne te débarasseras pas de moi.  

J'ai faim.  

Elles sont près de moi.  

 

La dernière phrase qui résonna dans la tête d'Aoyama le fit soudain frémir. De qui parlait-elle ? Qui était près d'elle ? Etait-ce sa femme et sa fille ? Etait-ce cette femme d'ombre qui avait emporté avec elle celles qu'il aimait ? Jetant un oeil dehors, l'auteur observait ces ombres qui avaient de nouveau envahi le parking, ainsi que la rue en face. La nuit semblait être peuplée de créatures d'ombres.  

Et soudain, il entendit comme un appel dont il crut reconnaître la voix. Cette fois ce n'était pas cette femme. Non, il s'agissait d'un appel à l'aide, et il reconnut la voix de son épouse. Il en était sûr, cette créature détenait sa femme. Mais alors, peut-être pouvait-il encore la sauver ? Sans perdre un instant, oubliant ses peurs, il bondit hors de sa chambre et courut droit vers le parking.  

 

Assis dans sa voiture, le lieutenant Matsuyama se préparait à rentrer chez lui lorsqu'il aperçut Aoyama Wake surgir de l'hôtel. Tiens donc ! Lui qui disait ne plus pouvoir sortir. Un sourire au lèvre, le flic sortit de sa voiture pour suivre l'auteur à distance et voir où il se rendait. Mais tout à coup, toutes les lumières de la ville se mirent à vaciller puis s'éteignirent.  

Se penchant à l'intérieur de sa voiture, il mis le contact pour allumer les phares du véhicules. La silhouette d'Aoyama apparut alors dans la lueur des phares, comme paniqué. Il semblait terrorisé, comme si quelqu'un le pourchassait.  

 

Reste chez toi et reprends la plume !  

J'ai faim.  

Nourris moi où elles mourront.  

 

Lorsque les lumières s'étaient éteintes, Aoyama avait immédiatement été assailli par ces créatures d'ombres. Il avait bien cru qu'à son tour il allait leur succomber, lorsque les phares d'une voitures s'allumèrent et firent fuire les créatures. Paniqué, l'auteur courut en direction de celui qui venait de le sauver, et découvrit le flic qui ne le lâchait pas.  

 

- Une lampe ! Avez-vous une lampe ! demanda Wake comme s'il s'agissait d'une question de vit ou de mort.  

- Dans ma boite à gants, oui, répondit le flic.  

 

A peine avait-il répondu que Wake se jeta à l'intérieur de sa voiture pour fouiller la boite à gants à l'intérieur de laquelle il trouva effectivement une lampe. Après l'avoir allumée, il avança à travers le parking en éclairant à gauche et à droite, comme s'il craignait à tout moment d'être attaqué.  

 

- Où allez-vous ? demanda le flic.  

- Chez moi, je dois sauver ma femme.  

- Sauvez votre... ?  

 

Voyant que l'auteur continuait d'avancer dans la nuit en l'abandonnant derrière lui, le flic ne prit pas le temps de chercher à le raisonner. Ce type avait-il définitivement perdu la tête ? Partant à sa poursuite, il saisit en même temps son téléphone portable et composa le numéro de l'éditrice, qu'il avait enregistré au début de son enquête. Il devait à tout prix la prévenir de ce qui se passait.  

 

Devant lui, Aoyama Wake avançait dans la nuit, bien déterminé à rejoindre sa maison. Pourtant celle-ci se trouvait à l'autre bout de la ville, et dans son empressement il n'avait même pas eut l'idée de demander à ce flic de l'y accompagner. Autour de lui, les ombres veillaient, prêtes à l'attaquer. Parmi elles, il sentait le regard de cette femme qui ne le quittait pas des yeux.  

A mesure que le temps avançait, il avait l'impression de la connaître. Sa présence lui rappelait quelque chose, ce sentiment qu'il avait à chaque fois que l'inspiration lui venait pour ses romans. Etait-ce possible que cette inspiration lui venait en réalité de cette entité, qui l'avait utilisé pour créer ces univers ? Elle lui disait se nourrir de la peur des gens. Etait-ce possible qu'il avait en réalité été le pantin de cette créature ?  

Mais alors pourquoi s'en était-elle pris à sa femme et son enfant ? Son manque d'inspiration durant l'année qui avait précédé le drame était peut-être lié à tout ça.  

 

Tout en avançant dans la nuit, se faisant violence pour ne pas céder au sentiment de panique qui l'envahissait dans cet univers si grand qui l'entourait, Wake se sentait à la fois perdu et déterminé à sauver celles qu'il aimait. Il fut rapidement rattrappé par le lieutenant Matsuyama. Mais lui voyait-il ces créatures qui les entouraient ? Avait-il conscience de ce qui se passait cette nuit là ?  

Si Wake voulait sauver sa femme, il allait devoir affronter cette créature qui ne cessait de l'appeler. A présent que l'affrontement était ouvert, il ne pouvait plus reculer. Les deux hommes s'enfoncèrent dans la nuit de Hong Kong, tandis que la ville toute entière était plongée dans l'obscurité.

Scénario : (2 commentaires)
une série B d'horreur de Patrick Wang

Hisa Toshi

Chao Hành

Chihiro Kazuko

Helena Yuen
Musique par Leila Sansel
Sorti le 27 novembre 2038 (Semaine 1769)
Entrées : 22 547 192
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