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DMD Tristana Prod présente
Les meurtrières

 

New York, le 11 septembre 2001.  

 

Katia s’éveille dans son appartement aux rayons d’un soleil, qui fout le feu sur la cinquième avenue. L’odeur du café comme tous les jours lui rappelle la présence de David. Elle sait qu’il l’attend.  

Combien de matins avaient ils passé à se retrouver dans le marc du café noir, à discuter de tout, de rien, du presque rien qui devient un tout, de l’insignifiant qui devient l’essentiel, de l’essentiel qui s’effrite et que l’on tente de sauver, puis de la fin, la fin qu’il fallait aborder…enfin.  

 

Katia sait que ce matin sera le dernier. Elle avait pris sa décision au coucher, il n’était plus question de reculer. Elle le regarderait dans les yeux, elle lui parlerait sans détour, de sa voix la plus détachée, et la plus ferme. Elle le frapperait comme l’on frappe l’innocent d’un sabre affuté. Elle ne laisserait aucune issue, aucun recours possible. Elle y mettrait toute l’énergie qu’elle pouvait à détruire ses chimères, à se faire haïr, ainsi réussirait elle enfin à se défaire de lui, à le défaire d’elle, à se libérer d’une relation comparable à un boulet à la cheville d’un naufragé. Elle était épuisée.  

 

David était de ses écorchés pour qui le bonheur n’était qu’une utopie. Musicien, il écrivait des chansons, belles, mais tristes.  

"J’y peux rien , si je n’ai que des larmes à dire, et des plaines de pluies pour unique empire".  

Avec Katia il avait trouvé une fleur dans le désert. Elle lui avait inspiré des paroles d’une folle passion et avait mis du feu dans le crépuscule. Lui le sédentaire français, l’avait suivie de Varsovie à Manhattan transportant avec lui les insécurités et l’envie de fuir des libertaires le cœur en laisse.  

 

L’idéale idylle pourtant se trouva déséquilibrée, dansant sur un pied, celui des peurs irraisonnées de David, de ses angoisses, son pessimisme latent que Katia n’arrivait plus à contenir. Un sourire devenait poignard, une parole anodine un coup de hache, et le tout constituait une bombe à retardement qui risquait de leur exploser tous deux à la face à tout moment.  

 

Katia aimait les voyages, lui n’aimait que Katia.  

Katia aimait les silences, lui n’était que musique.  

Katia voulait l’univers, lui un rien lui suffisait.  

 

La gosse de Varsovie avait l’ambition de ceux à qui rien n’avait été donné, le garçon de Roubaix ne prenait que ce que la vie lui accordait, de son talent il ne faisait que l’essentiel quand elle rêvait pour lui de grandes choses.  

Leurs disputes étaient aussi violentes que leurs retrouvailles passionnées, les laissant à chaque fois avec le gout des meurtrissures, sans forces autant l’un que l’autre.  

 

Pourtant, si pour le romantique écorché tous les idéaux étaient ainsi réunis, sa muse quant à elle avait une toute autre perception de ce que devait être une relation amoureuse stable.  

 

Elle savait que cela serait violent. Elle était préparée, du moins le pensait elle. David n’avait jamais été un exemple de modération, c’était le cas pour tout. Elle l’aimait encore, mais il n’y avait plus d’espoir.  

Lorsqu’elle entra dans la cuisine, elle asséna le premier coup.  

 

"Tout est fini David…"  

 

Il est un peu moins de neuf heures du matin quand David sort de l’immeuble de Kasia. Il est sous le choc, il erre dans les rues bondées de monde ou personne ne le regarde. Il ne sait pas bien ou aller, son monde à New York se résume à Katia, et Katia… c’est fini.  

Hagard il entre dans un bus, qui descend vers Greenwich Village. Le regard dans le vide, il se repasse les images de la scène qui vient de se jouer. Dans son cœur ne bat plus qu’un ersatz de cœur. Les mots de Katia sont les seuls qui se répètent inlassablement dans sa tête.  

 

Un bruit sourd, vient pourtant le sortir de sa torpeur. Le bus s’arrête et dans un mouvement vif typique de New York mêlé à un soupçon de panique, les voyageurs se précipitent dans les rues ou une fumée noire semble attirer tous les regards. ça crie, ça hurle, un avion vient de s'écraser.  

 

David lui ne voit rien. Il se contente de marcher, le monde peut bien être en feu, il s’en fout. Des voix lui crient de s’arrêter, il n’écoute pas. Le temps n'a plus d'emprise, l'espace non plus.  

Ce ne sera que le fracas de l’effondrement tragique de l’une des tours qui le ramènera à une réalité si parfaitement relative à son état, ironie d’un Dieu qui venait de déserter le ciel New Yorkais.  

 

La cendre de l’incendie que venait de déployer Katia en lui, venait l’étouffer, autant que celle recouvrait de son triste apanage les victimes du terrible attentat du World Trade center.  

 

*******  

 

New York, le 11 septembre 2011.  

 

Les backrooms de Roubaix à Paris, de Paris à Miami, de Debbie à Marilyn tantôt vierge tantôt putain, la colombienne, le porno, les chansons, Marguerite, les printemps, Messine, Betty ,les joints, Martin et Lisa, l’absinthe, les cigarettes, Marianne… David avait tout essayé en dix ans, autant de chemins avortés ne menant finalement qu'à des culs de sac privés de lumière.  

 

Il y a deux manières disait-on, de réagir à un choc aussi important que la perte de l’être aimé. Ou l’on est pénétré par une formidable envie de vivre, ou l’on n’aspire plus qu’a disparaître.  

 

Son sursaut de vie David en gardait le gout âcre d’une cigarette à jeun le matin. Il avait appris à ne plus être sobre, le monde était moins insupportable distillé dans du bourbon. Pourtant tous les chemins de perdition empruntés ne menaient jamais qu’à un seul port. Ce constat amer l'avait décidé à en finir avec le ressac permanent qu'était devenue son existence.  

 

Il n’avait plus remis les pieds à New York après son évacuation dix années plus tôt. Il n’avait plus le panache du jeune homme de vingt ans à qui Katia avait fait découvrir l’Amérique, ne restait de lui que la silhouette effilée enfermée dans un pull gris trop grand, des mains nerveuses, un visage émacié caché derrière une barbe.  

 

L’hôtel ou il était descendu offrait une merveilleuse vue sur Manhattan. David avait toujours été fasciné par les fenêtres de New-York. Combien de ces fenêtres ouvraient sur un monde plein de promesses, combien n’étaient rien de plus que des meurtrières ?  

 

Katia n’avait pas accepté de le revoir. Il était pourtant près à repasser sur leurs derniers moments, sans revivre l’horreur des injures, tenter de recoudre les déchirures. Avec le temps il avait rangé ses couteaux, et avait compris ses erreurs, celles-là mêmes qui lui coûtaient dix années de sa vie, dix années ou rien n’avait pu le consoler de la perte de Katia.  

Son amour était intact autant que la lucidité avec laquelle il comprenait qu’il n’y avait guère plus d’espoir. Il avait marché de l’hôtel au pied de l’immeuble de Katia. Elle n’habitait plus là depuis longtemps. Il avait pourtant cru qu’elle reviendrait, qu’elle aurait pardonné au bout de dix ans, qu’ils se retrouveraient autour d’un café...  

 

Il s’était assis sur la moquette de la grande chambre, froide, impersonnelle, américaine. Pas de news dans le téléphone, et à la télé, les commémorations lugubres qui avaient encore le gout de cendre. Il regardait le monde faire son deuil, sans émotion aucune, le cœur pris par un tout autre crime...  

 

Katia rentrait agitée dans son appartement. Les clés lui avaient glissé des mains, nerveuse elle les avait jeté sur le vieux meuble ramené de l’appartement familial à Varsovie.  

 

Elle s’était disputée avec son fiancé et avait passé une bonne partie de la nuit dans sa voiture à réfléchir. Elle avait refusé de voir David, et si ce n’était son insistance en cette année particulière, elle n’aurait pas répondu à son appel.  

 

Elle avait encore en mémoire les mots qu’il lui avait jetés. Elle qui pensait être la plus cruelle par la décision qu'elle avait prise, s’était laissée pourfendre par la colère de l’homme dont elle venait de briser le cœur.  

A quoi s’attendre de la part d’un animal blessé qu’une morsure en retour ?  

Elle avait alors coupé tous les ponts, brulé les souvenirs, et même si elle n’avait pu faire mémoire neuve, tenté d’oublier.  

 

Il avait écrit, elle n’avait pas lu. On lui avait parlé des chansons, celles qui imploraient, celle qui crachaient, celles qui déchiraient. Elle n’avait rien écouté.  

 

Et voila qu’elle se le reprenait en pleine gueule. Son artiste, son poête à l’âme perdue. Il s’était adouci, mais elle savait que ce n’était que braise sous la cendre. Dix années et pourtant c’était comme hier…  

 

Elle essuya une larme volage et alluma une cigarette qu’elle entama sur son balcon, le regard perdu sur les fenêtres de New York. Des yeux disait-il, des meurtrières…  

 

Ce salaud avait réussi à tout faire remonter à la surface, à insinuer en elle le doute. Peut être avaient ils tous deux eu besoin de grandir...  

 

Elle respira l’air pollué avant de retrouver la chaleur de sa cuisine. L’odeur du café qui percolait se mêlait à celle du tabac. Elle appuya sur le répondeur et se figea en reconnaissant la voix de David. Encore.  

 

"11 septembre au gré des cendres, le monde en pleurs pour le center et moi qui pleure pour mon amour, je sauterais bien du haut d'une tour car si deux tours manquent à New York , mon amour toi tu manques à moi… Vaut mieux perdre la vie que perdre son amour… Vaut mieux ne plus penser que d’y penser toujours. Vaut mieux ne plus aimer que d’aimer pour toujours… Mieux vaut mourir de mort que de mourir d’amour…"  

 

********  

 

Un drame de Gina Kristian avec Leonard Berger ( David) et Gina Kristian ( Katia).  

 

Une histoire Banale, celle d'une rupture dans le fracas de l'un des tournants de l'histoire. David et Katia sont de ces amoureux que la vie semble ne pouvoir réunir,les inséparables qui soudain se séparent, qui hésitent à se retrouver comme s'ils savaient...  

Scénario : (1 commentaire)
une série Z dramatique de Gina Kristian

Leonard Berger

Anastasia Lauber
Sorti le 18 décembre 2032 (Semaine 1459)
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