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Baker Films Production présente
Pinky

Du peu qu’elle se souvienne, Pinky détestait les fêtes de fin d’années … en témoigne les scarifications sur ses avant-bras qui lui ravivait des souvenirs qu’elle souhaitait fuir à tout prix. Mais la vie lui rappelait combien elle était nauséabonde, comment elle s’était acharnée sur la sienne … morne, triste, décadente et folle.  

Paradoxal tout cela ? Tout à fait.  

Les coups de coude insistants …  

« Pinky … »  

de sa voisine …  

« PINKY !!! … »  

l’arracha à ses pensées, futiles en cet instant. Elle aurait voulu en finir là, maintenant.  

« Mates à 10 heures, au fond, la meuf à la casquette … » les mirettes de sa meilleure amie (oui meilleure était le bon terme car les autres n’étaient que de belles salopes) et amante Francesca brillèrent parmi l’ambiance tonitruante du club l’Alibi où jouait un groupe de punk féminin, L7, jouant le morceau « Andres » :  

 

http://www.youtube.com/watch?v=yTJ3qDWbCWI  

 

Sortie de sa torpeur latente, Pinky prit sèchement le joint de Francesca, tira dessus.  

Surprise, Francesca se mit à gueuler. Entre trouble et agacement, dans le flou ambiant, la main de Pinky parti à la volée pour atterrir sur la gueule de sa copine. Elle tomba à terre dans ce bordel ambiant.  

Qu’importe, Pinky partit sur le champ et entra dans la fosse où dansaient de manière désordonnée toutes les groupies. Un sourire apparut sur le visage de Pinky.  

Le club empestait l’alcool, le tabac et la jeune femme, toute de rose vêtue comme de coutume, invitait à l’envie, à l’excès.  

Mais ce soir, c’était elle qui choisirait. Pinky déambula tant bien que mal entre les personnes jusqu’à cette inconnue qui n’arrêtait pas de la fixer, de la contempler de haut en bas. Elle écarta un de ses bras, Pinky s’engouffra au creux de l’épaule. Celle-ci était réconfortante, c’était exactement ce qu’elle cherchait à cet instant même.  

 

Les deux jeunes femmes se levèrent pour partir. Pinky prit au passage la bouteille de vin rouge qui était sur la table. Elle bu au goulot alors qu’elle fût trainée dehors, sous protection de cette inconnue, bien décidée à jouer, à profiter de cette nuit.  

 

http://www.youtube.com/watch?v=DTu3mCK54C4  

 

« Donnes moi ça … » La bouteille de vin fût jetée contre un mur, se brisa. Dans le parking du club étaient alignées des bagnoles dans un silence pesant. Certaines étaient vides, d’autres où s’embrassaient langoureusement, des femmes de tous âges. L’inconnue accéléra le pas, le regard fixée sur le sol, accompagnée de Pinky, à demi-inconsciente lorsqu’elles passèrent devant une plymouth où étaient prostrées sur le capot deux femmes dans une position pour le moins explicite. Tandis que l’inconnue fit vomir Pinky, un râle orgasmique se fit entendre non loin.  

La portière de l’inconnue à la casquette claqua. Dans l’habitacle, sur le siège passager, Pinky était endormie, profondément.  

 

« Mais qu’es-tu donc devenue Jennifer ? » fit la jeune femme en observant sa passagère. Elle extirpa de la poche de son jean une photo. Les traces de vomi ne laissèrent guère de place au rose qui orné Pinky de la tête au pied. La jeune femme s’était faite une réputation de femme objet, une poupée sexuelle appelée « Pinky » de par son accoutrement, son attitude provocatrice, soumise. A l’image d’une petite fille qu’elle détestait, elle-même, au dress-code bien singulier pour une jeunesse bien singulière.  

La photo, déchirée puis re-scotchée grossièrement, représentait cette petite fille, toute de rose vêtue, souriante sur une photo de famille idéale, en apparence.  

Sur fond de mur fleuri violet/rose d’un kitsh absolu, se postait donc un homme au teint encore juvénile avec sa moustache naissante, une jeune femme trop jeune pour endosser un rôle de maman. Une main, celle du jeune père était posé sur le crâne du bébé rose, positionné dans les bras de sa jeune mère, sourire aux lèvres. L’amour des parents pour leur fille transcendait sur cette photo, pas de doute là-dessus. Un amour inconditionnel, inconscient.  

Les pneus du véhicule crissèrent sur le sentier qui servait de parking. Des graviers voletèrent en tous sens. Phares allumées sur une route sinueuse la voiture partie à toute allure.  

 

 

- Une vingtaine d’années auparavant …  

 

Joseph Pinkerton était ce qu’on appelait « un bon gars », le genre de jeune homme rêvant de tous un tas de choses sans pour autant réussir les efforts nécessaires pour arriver à ses fins.  

Professionnellement parlant, donc, à la charge d’une société déjà mal en point, entretenant ses larves et incapables travailleurs dans le besoin.  

Un simple d’esprit, avec une culture générale dans la moyenne, pas malin mais suffisamment lorsqu’il eu « engrossé » sa femme, Marie, une femme-enfant issue d’une riche famille bourgeoise catholique, dernière enfant d’une fratrie de 8 bambins.  

Le déclic lui vînt lorsqu’il fût éjecté de chez ses parents lors de ses 18 ans, ce fût un beau jour de dimanche, excédés par l’impotence de leur fils incapable de vivre en autonomie. Clairement, il s’agissait d’un rejet pur et simple de leur progéniture débile, profiteuse et feignante. Joseph Pinkerton se trouva donc sans le sou, à la rue, se rendant compte un peu tardivement qu’il avait un peu trop tiré sur la corde. Vivre en autarcie chez ses parents était une chose, mais chaque parent à un moment donné garde le secret espoir que leur progéniture grandisse d’elle-même … en vain. Joseph fût éjecté à coups de pieds au cul, au nom du seigneur, pour son bien.  

Le seigneur justement fût celui qui l’écouta car le premier réflexe de Joseph fût d’aller à l’église. Il avait vaguement entendu parler que prier soulageait sa conscience et mieux, pardonnait ses nombreux pêchés. Il y avait vu mieux que cela à vrai dire en ce dimanche : une jeune fille de son âge au regard pétillant et aguicheur selon lui, toute de rose vêtue, Marie était là avec sa famille. Ce fût un signe du destin, il le prit à la volée car il n’avait jamais pensé aussi furieusement que ce matin-là et avait vu en Marie un avenir et une manne financière certaine au-delà du fait qu’il devrait à tout prix aimer cette jeune fille, sa future femme d’une manière ou d’une autre. Du concret, voilà ce qu’il fallait car il savait pertinemment qu’il serait jugé par la famille de Marie et la jeune fille, naïve, arrivée à un âge où l’envie de liberté est plus que tout fort, le désir des sens se fait de manière exponentielle, sans il faut bien le dire réfléchir aux conséquences.  

Des enfants, voilà la solution pour Joseph afin être accepté de gré ou de force. De mener une vie rangée sous la houppe de sa belle-famille il le savait mais lui et Marie ne manquerait de rien, pour cela il en était sûr.  

 

[…]  

 

http://www.youtube.com/watch?v=FU7nEaxjNkI  

 

« La première n’était qu’une farce, un début, une tentation. La deuxième en était déjà moins une ».  

Les yeux de Joseph Pinkerton brillèrent lorsqu’il prit la petite main de sa petite fille Jennifer alors que son cœur se referma. Il ne ferait pas la même erreur. Il adorait le rose de cette peau, juvénile, si fragile, tentante mais cela était interdit. Dans sa tête.  

« J’adore le rose, cette couleur » fit Marie, les yeux larmoyants lorsqu’elle prit pour la première fois son enfant des bras de son père, Louis, devenue un homme tyrannique et possessif mais surtout prise d’un désespoir infini depuis qu’elle avait compris le plan machiavélique dans lequel était tombé sa fille mais elle se gardait bien de l’admettre, de se l’admettre. Tout comme son épouse d’ailleurs. Joseph Pinkerton était loin d’être le gendre idéal et ils voyaient en lui un manipulateur, un déséquilibré sans le moindre repère familial. Un crétin fini, voilà ce qu’il pensait. Que dieu lui pardonne ce qu’il pensait mais il craignait de ne plus pouvoir sauver sa fille Marie.  

 

Joseph Pinkerton faisait livrer systématiquement tous les lundis matin des roses à sa belle-famille, sans doute en guise de remerciement infini pour leur aide. Louis y voyait ouvertement un procédé lourd, un doigt d’honneur ouvertement destiné à sa famille en leur indiquant bien que leur gendre tenait leur fille entre ses mains.  

Et aussi difficile qu’il pu le croire, il vit avec horreur la lente évolution du couple sous la houppe de Joseph et son irrémédiable simplicité d’esprit. Du fait d’avoir eu une petite fille, le rose était devenu la couleur évidente à tous les niveaux, devenant d’un écœurement consternant pour quiconque pouvait juger le couple et leur progéniture.  

Pour Joseph, la couleur rose était la douceur même, la même couleur de peau d’un bébé : belle et chaleureuse. Selon réconfort qu’il pouvait voir dans cette situation alors qu’il aimait d’un véritable amour Marie. D’un amour simple où des enfants concrétisaient normalement une union parfaite, sans le moindre soupçon de jugement.  

 

[…]  

 

Il était hors de question de réitérer l’expérience d’une enfant non désirée et Louis, sans n’avoir jamais eu de véritables preuves décida lors de la naissance de Jennifer de prendre les choses en main, sans avoir obtenu le moindre accord des deux parents.  

Pour lui, il était clair que Joseph avait dérapé à plusieurs reprises et Louis fit état de manière aussi précautionneuse que possible auprès de sa fille des agissements suspects du gendre.  

Etait-ce une peur exacerbée? Mais il était certain que Joseph avait de plus en plus de gestes déplacées vis-à-vis de sa Marie alors que celle-ci niait catégoriquement les faits et gestes de Joseph. Le rose était la couleur du bonheur, derrière se cacher celle des pires terreurs alors que le gendre continuait l’envoi hebdomadaire de ses fleurs rappelant au bon souvenir de Louis qu’il avait raté quelque chose à un moment donné.  

L’occasion lui était donné une seconde fois de changer les choses et ce qu’il ferait lui fit prendre conscience de la gravité de sa décision, nécessaire, alors qu’un hiver rigoureux s’installa brutalement.  

Il mit en place une séance photo familiale, souvenir impérissable d’une famille misérable avant de faire le choix d’élever envers et contre tous Jennifer. En sauvant au moins une des deux était quelque chose d’effroyable pensait Louis mais il était bel et bien trop tard pour Rose, l’aînée des deux enfants de Joseph et Marie. L’enfant de la discorde n’apparaîtrait pas sur la photo mais la prendrait elle-même par amusement, sur demande de Louis. Le petit doigt boudiné de Rose appuyé sur le bouton de l’appareil photo, de couleur rose également, afin d’immortaliser cet instant, devenu insoutenable pour Louis.  

 

L’enfance de Jennifer fût à l’image de ses parents malgré l’éducation stricte et catholique de ses grands-parents. Prise dans les mailles d’une rupture choisie entre les grands-parents et les parents, Louis et son épouse prirent la décision de ne plus abonder financièrement le couple.  

Entre incompréhension et colère, Jennifer dit « Pinky » fût écartée à jamais de ses parents futiles, de sa sœur prise dans les griffes d’un couple incompris, pointé du doigt et jugé par des suspicions d’actes innommables et abominables sans la moindre preuve. L’intégrité religieuse, la peur, fait parfois perdre la raison.  

 

[…]  

 

http://www.youtube.com/watch?v=GuovlsLCI-Q  

 

« J’ai … mal … à la tête putain … arrêtez-vous » fit d’une voix morne Jennifer dit Pinky dans l’habitacle de la voiture, recroquevillée sur son siège. D’un œil torve, elle jeta un œil à sa gauche, la conductrice apposa doucement une de ses mains sur son genou gauche tandis qu’elle conduisait de l’autre. Elle y déposa une photo ainsi qu’une fleur : une rose.  

Jennifer réussit tant bien que mal à se redresser « Qu’est ce que c’est que … ? »  

Elle fronça les sourcils puis un déclic se fit, inconscient, Pinky éclata en sanglot. Signe libérateur que des vannes venaient de s’ouvrir.  

« Du calme Jennifer … j’ai mis du temps à te trouver si tu savais » La conductrice enleva élégamment sa casquette, son visage ressemblait à s’y méprendre à celui de Jennifer, un indéniable air de famille.  

 

 

* * *  

 

Baker Films Production présente « Pinky »  

Film participant au concours Rose.  

 

Film écrit par Laïla Drexler et réalisé par Shannon Hecht  

 

Casting :  

Mathieu Wautier dans le rôle de Joseph Pinkerton  

Zoé Mears dans le rôle de Pinky / Jennifer  

Mickael Cannon dans le rôle de Louis  

Anna Vodianova dans le rôle de Rose  

 

Guest-star  

Laura Lee Land dans le rôle de Francesca  

 

Musique composée par Sharon Garett  

 

* * *  

 

Bande originale :  

 

L7 « Andres » : http://www.youtube.com/watch?v=yTJ3qDWbCWI  

Hole “Jennifers Body” : http://www.youtube.com/watch?v=DTu3mCK54C4  

Hole “I think that I would die” : http://www.youtube.com/watch?v=FU7nEaxjNkI  

Hole “Softer, softest” : http://www.youtube.com/watch?v=GuovlsLCI-Q  

 

 

 

 

Scénario : (3 commentaires)
une série A dramatique (Concours rose) de Shannon Hecht

Mathieu Wauthier

Zoé Mears

Michael Cannon

Anna Vodianova
Avec la participation exceptionnelle de Laura Lee Land
Musique par Sharon Garrett
Sorti le 16 juillet 2033 (Semaine 1489)
Entrées : 21 985 873
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