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Les Films du Corbeau présente
Jungle Fever

Journal de Noah.  

« 23 novembre 2033  

Cela fait plusieurs mois que les Kipoosanu n’ont pas rencontré mes semblables. Quand je les rencontre pour la première fois, ils ne paraissent pas surpris mais restent méfiants. Ils se demandent sans doute ce que je transporte dans mon sac de randonnée. Ils ne cherchent pas à me barrer la route. Pourtant ils voient bien que je me dirige vers leur village. Je ne sais pas si je suis objectif ou si je veux y croire, mais malgré leurs visages fermés, je lis une grande bonté dans leurs regards. Pourtant, leur histoire avec mes semblables aurait pu les pousser à me renvoyer d’où je viens. »  

Noah Pertcutt (Joshua Kloss) avance tranquillement dans le sentier de la jungle amazonienne. Les membres de la tribu Kipoosanu accompagnent sa progression en marchant autour de lui. Des hommes et des femmes à la peau plus sombre que la sienne, tous à demi-nus. Certains hommes tiennent une sarbacane ou une machette à la main, sans geste menaçant. Peut-être pour lui faire comprendre qu’ils peuvent les utiliser contre lui s’ils le souhaitent. Des enfants regardent Noah avec curiosité et amusement. Deux femmes le toisent en riant.  

Noah est calme et répond à leur regard en souriant. Il leur montre que ses intentions sont sereines. Il parvient jusqu’à leur village, composé de huttes de branchages regroupées autour d’une clairière. Certaines sont construites à même les arbres, immensément hauts et larges dans cette partie de la jungle. Un ruisseau traverse le village, formant un petit torrent descendant des hauteurs proches.  

Les membres du village s’amassent autour de lui alors qu’il en atteint le centre. Noah retire le lourd sac de randonnée de ses épaules et le pose à terre. Il l’ouvre et se recule, pour faire comprendre qu’il n’a rien à cacher. Hommes et femmes piochent dedans et inspectent avec curiosité ses vêtements, ses carnets, ses affaires de toilette, son petit caméscope… Un homme de la tribu s’étonne en tirant sur l’élastique d’un boxer Calvin Klein.  

 

 

« 16 décembre 2033  

Ils ont compris que je souhaitais m’installer avec eux et cela ne semble pas leur poser de problème. Tout le monde semble m’accepter avec bienveillance. Ils sont épatants, d’une sérénité étonnante malgré la rigueur de leur quotidien. Ils sourient beaucoup et ne montent la voix que pour rire et plaisanter. Même ceux qui semblent les plus sages et respectés aiment me faire des plaisanteries, comme cacher mes affaires, ou me pousser dans le torrent.  

Je ne sais pas s’il a été désigné par les siens ou s’il s’est proposé naturellement, mais un jeune homme me suit à peu près partout. Il m’a aidé à m’installer, me montre les environs, me « coache » ou me surveille, je ne sais pas trop. Je ne suis pas encore sûr d’avoir bien compris son nom. »  

Tlanoc (Terry Fillion) aide Noah à consolider la hutte que le jeune homme s’est construite au flanc d’un arbre. Il lui montre comment tresser les branchages et accoler des tas de lychen sur la toiture à l’aide de terre humide. Il lui parle dans un flot de mots incompréhensibles. Il est très bavard et prend visiblement plaisir à inculquer son savoir au jeune homme.  

Auprès d’eux, un groupe de femmes les observent et commentent en riant les moindres gestes de Noah, qui leur parait sans doute un peu gauche. Quand il s’approche d’elles pour prétendre leur jeter des mottes de boue, elles s’enfuient en courant. Sauf l’une d’entre elles. La jeune femme est très belle et le fixe avec ses grands yeux noirs.  

Noah et Tlanoc marchent dans la jungle. L’Indien l’emmène sur des promontoires rocheux d’où ils peuvent contempler les vallons escarpés et luxuriants, le ruisseau qui se transforme en rivière et serpente au milieu de la jungle, les cascades qui rejoignent et nourrissent cette rivière… Noah est émerveillé. Ils se taisent et contemplent le paysage. Les hululements d’oiseaux tropicaux et les cris d’animaux lointains sont les seuls bruits qui les entourent. Noah n’a jamais connu une telle quiétude et un rapport aussi ténu avec la majesté de la nature. Un craquement de brindilles interrompt cette quiétude. Ils baissent la tête et découvrent la jeune femme aux grands yeux noirs qui marche en contrebas. Elle semble les avoir suivis et regarde Noah avec le même air bravache.  

 

 

« 2 avril 2034  

C’est jour de fête aujourd’hui. J’ai fait semblant de protester un petit peu au début, mais j’ai finalement accepté. Les Kipoosanu ne conçoivent pas le célibat et m’ont décidé à accepter si je veux rester parmi eux. Aujourd’hui, ils m’unissent à Palintlaca. Ses grands yeux noirs m’obsèdent depuis que je l’ai rencontrée. Elle n’est pas comme les autres de la tribu. Plus frondeuse et plus intelligente. Je suis à peu près sûr que c’est elle qui m’a choisi, même si elle me dit le contraire. Papa, maman, je ne sais pas quand vous aurez l’occasion de la rencontrer, mais j’espère que ce journal vous prouvera à quel point je suis heureux. »  

Le village est regroupé dans la plus grande hutte du village. Sur des brasiers fumants, on fait rôtir pour l’occasion de la viande de tatou, de pecari et de serpent corail. Noah est à demi-nu et son corps est maquillé selon les rites de cérémonie. Une liane relie son torse à celui de Palintlaca (Maria Lima), qui répond à ses regards par des grands sourires. La communauté danse, chante et rie autour d’eux.  

La nuit tombée, Noah se retrouve seul avec sa nouvelle épouse dans leur nouvelle hutte. Au-dehors, quelques hommes et quelques femmes ont allumé un feu sur le perron de la hutte pour éloigner les âmes sombres de la jungle et continuent de chanter. La lueur des flammes permet à Noah de contempler le corps harmonieux de Palintlaca qui termine de se dévêtir avant de se coller contre sa peau. Elle murmure des paroles douces à son oreille. Il ne comprend pas encore parfaitement leur langue, mais il reconnaît les mots d’amour.  

 

 

« 20 juin 2034  

Maintenant que je suis plus ou moins un membre officiel de la tribu, Tlanoc me parle sans retenue. Il m’enseigne enfin le travail des cultures et me laisse partir chasser sans m’accompagner. Puis il accepte enfin de me parler de « Zuasilnata ». J’avais connaissance de leurs croyances animistes, mais Tlanoc m’explique enfin en quoi elle consiste. Comment ils vivent en communion avec la nature, comment ils respectent l’âme des animaux et des végétaux. Il m’explique enfin quelles sont ces paroles qu’ils prononcent à chaque fois qu’ils tuent un animal, qu’ils s’apprêtent à le manger, qu’ils cultivent une tige de manioc ou qu’ils entaillent un tronc d’hévéa. Ces paroles qui sont destinées à vénérer ces choses comme des semblables et à leur confier leur propre âme en retour quand le moment sera venu. Il me raconte Zuasilnata, « la Nature ». C’est le nom qu’il donne à cette entité globale qui les entoure, et qu’ils respectent plus que leur propre vie. A l’entendre, j’ai l’impression qu’il me parle d’un être humain. D’une femme qui aurait pour lui l’apparence d’une amie, d’une amante, d’une épouse, d’une mère ou d’une idole tout à la fois. Il m’a aussi livré le secret de la tribu, le moyen d’entrer en communion avec elle. »  

Tlanoc se tient accroupi auprès de Noah face au corps du singe hurleur qu’ils viennent de tuer d’un trait de flèche. Il lui montre quels mots lui-même a choisi pour honorer l’âme de l’animal dès lors qu’il le tue pour le manger. Noah prend son exemple et tente de choisir ses propres mots. Il balbutie. Le rapport qui existe ici entre l’humain et l’animal ne lui est pas encore naturel.  

Avant de repartir, Tlanoc s’approche d’un arbre et examine la base de son tronc. Il se met à fourrager dans le sol et en retire des racines pourpres recroquevillées. Il les désigne sous le nom de Muncona. Il entraine alors Noah au village avec un sourire espiègle.  

Noah et Tlanoc ont rejoint un petit groupe d’hommes. Ensemble, ils grattent les racines de Muncona pour les débarrasser des traces de terre. Tlanoc les jette ensuite dans un fournil de terre sous lequel brûle un brasier, et rapidement une fumée dense s’en échappe et remplie la hutte. L’odeur douce et âcre chatouille les narines de Noah, ce qu’il trouve agréable. Puis il retire les racines du fournil et, brûlantes entre ses mains, en confie une à chacun des hommes présents. Noah, comme les autres, croque dans sa racine.  

Il marche dans la forêt auprès de Tlanoc. Tout y est différent. Les couleurs y sont plus chaudes, plus vives. La nature semble mouvante, ondulante. Son corps est fébrile et nerveux. Il perçoit ce qui l’entoure avec plus de précision que jamais. Chaque bruit, chaque mouvement de feuille ou d’animal, chaque souffle d’air, il les ressent jusque dans ses os. Il n’a jamais ressenti une telle plénitude et une telle osmose intérieure et extérieure. Il entend une voix. Il se retourne, Tlanoc a disparu. Cette voix suave et faite de miel l’appelle. Il la suit et s’enfonce dans les feuillages. Il n’a aucune idée du temps qui passe, mais la voix se rapproche. Il parvient au tronc imposant d’un Samauma gigantesque. Il n’a jamais rien vu d’aussi beau. Il voit alors les nœuds de son écorces se mouvoir et prendre une forme étrange. Il lui semble reconnaître le visage d’une femme incroyablement belle et au regard hypnotique.  

« Noah, tu es venu à moi. Je suis tout ce qui est, et tu es mon bras, ma sève, ma force. »  

Il est sur le point de défaillir. La voix de Zuasilnata (Logan Mandown) résonne dans son crâne et dans ses membres. Il ressent le besoin de s’écrouler à ses pieds, de caresser l’écorce de l’arbre, de prendre des poignées de terre et de les frotter contre son corps perlant de sueur.  

 

 

« 29 juillet 2034  

Depuis que je suis entré en communion avec Zuasilnata, je me sens enfin membre de la tribu à part entière. Je me retiens chaque jour de la rejoindre. Depuis que le ventre de Palintlaca s’est arrondi, elle ne veut plus se joindre à cette communion. Elle dit que notre enfant est trop petit pour rencontrer Zuasilnata et que la force de la transe lui ferait du mal. Je ne vois pas ce qui pourrait faire du mal. Zuasilnata est le secret le mieux gardé de la Terre et je suis un élu, l’un des rares qu’elle a choisi pour partager son secret. Les mots ne suffisent pas pour transmettre la force de cette rencontre. J’en ai besoin chaque jour. Les membres de la tribu ne comprennent pas l’intensité du lien qui nous unit. Palintlaca ne veut pas que je cherche cette transe si souvent. Elle pense que j’aime Zuasilnata plus qu’elle-même, peut-être. Mais j’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas. La tribu entière ne semble pas comprendre l’importance de cette révélation, et le trésor qu’ils détiennent depuis toujours. Peut-être que Zuasilnata ne leur a pas dit les mêmes choses qu’à moi. Peut-être que Zuasilnata m’attendait pour me livrer l’intégralité de son secret. J’espère qu’ils ne l’empêcheront pas de la rejoindre. »  

Palintlaca est exténuée. Son ventre lourd l’empêche d’accompagner les femmes de la tribu récolter les cultures, et il lui a fallu brusquer Noah pour qu’il se décide à partir chasser. Si elle ne s’était pas fâchée, ils n’auraient sans doute rien eu à manger aujourd’hui ! Ces derniers temps, il a le visage tiré, des cernes sombres lui creusent les joues et passe son temps à attendre les autres hommes pour croquer des racines de Muncona. Il revient de la jungle et montre avec fierté les fameuses racines qu’il a réussi à déterrer. Palintlaca est en colère et s’en empare pour les jeter au sol. Il faut qu’il cesse de rapporter ces racines ! Il passe trop de temps à chercher la transe. La communion avec Zuasilnata est précieuse et rare, il ne doit pas en abuser s’il ne veut pas attirer sur lui le Zassentloru ! Mais Noah ne l’écoute pas. Il ramasse avec furie ses racines de Muncona. Palintlaca tente de l’en empêcher, il faut qu’il l’écoute. Mais Noah la repousse avec violence et elle chute sur le sol. Sans se retourner, il s’enfonce dans la jungle.  

Lorsque Tlanoc revient au village, il trouve Palintlaca éplorée, entourée de plusieurs de ses compagnes. Elle en appelle à l’aide du jeune homme. Son époux a disparu dans la jungle. Elle est persuadé que Zassentloru s’est emparé de lui. « Zassentloru », l’âme viciée de la jungle. Celui qui donne la fièvre au corps et à l’esprit. Celui qui a prit tellement des leurs à travers les âges et ne les a jamais rendus.  

 

 

« Le jour, puis la nuit.  

J’ai quitté les miens, parce que Zuasilnata me l’a demandé. C’est moi qu’elle a choisi, et maintenant je peux me consacrer à elle. Elle m’a tout révélé. Que ses créatures, la faune la flore, les humains, ne sont rien. Rien comparé à ce qu’elle cherche à obtenir de cette planète. « Tu seras mon bras, tu seras ma sève et ma force. » Elle me le répète chaque jour. C’est par moi qu’elle va pouvoir consacrer la pleine force de son pouvoir sur Terre. Je suis tellement pressé de voir à quoi nous allons aboutir !  

Les Kipoosanu ne sont pas capables de comprendre, elle ne les a jamais inclus dans ses projets. Ils me cherchent, mais je suis en train de devenir « Nature », ils ne peuvent rien contre moi. Il faut que je récupère mon enfant. Si je suis la sève de Zuasilnata, alors ma propre sève le sera aussi. Il faut que Palintlaca me le rende. »  

Tlanoc avance dans la jungle avec méfiance, son arc tendu et sa flèche encochée. Derrière lui avancent deux autres hommes du village et Palintlaca. Ils n’ont pas réussi à la convaincre de rester au village et son ventre lourd, proche de la délivrance, ralenti leur progression. Noah a disparu depuis plusieurs semaines maintenant mais ils savent qu’il ne s’est pas éloigné. Ils trouvent des traces de son passage un peu partout. Il connaît moins bien qu’eux la jungle, mais Zassentloru a du lui confier ses connaissances, car il reste introuvable, même pour eux. Il est dangereux, comme l’ont été tous leurs frères emportés par l’âme viciée de la jungle. Un cri s’élève dans les hauteurs de la canopée. Cela s’apparente à un cri de toucan, mais atrocement imité. Palintlaca sait qu’il s’agit de Noah. Il est proche, peut-être même les observe-t-il. Si seulement ils pouvaient le capturer, elle est persuadée qu’elle pourrait le délivrer de l’emprise de Zassentloru.  

Noah est particulièrement fier de son cri de toucan. Zuasilnata lui a confié son essence, il sait qu’il peut se fondre dans la nature, imiter à la perfection n’importe quelle fleur, n’importe quel animal. Juché sur sa branche de palétuvier, il observe la progression des Kipoosanu. Ils sont armés, ils le chassent. Palintlaca est avec eux. Soudain, Zuasilnata lui parle, il sent son souffle chaud dans le creux de son épaule.  

« Ils ne comptent pas. Si tu dois tuer, alors tue. La Nature est un cycle. Ce qui sort de la terre reviendra à la terre. Récupère le fruit de ta sève. Tu es mon bras, ma sève et ma force.  

 

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Un film de Gabor CZINKA  

 

Avec  

Joshua KLOSS - Noah Pertcutt  

Maria LIMA - Palintlaca  

Terry FILLION - Tlanoc  

Logan MANDOWN - voix de Zuasilnata  

 

Sur une musique de Peter FALTERMEYER  

Scénario : (3 commentaires)
une série B thriller de Gabor Czinka

Joshua Kloss

Maria Lima

Terry Fillion

Logan Mandown
Musique par Peter Faltermeyer
Sorti le 15 juillet 2034 (Semaine 1541)
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