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Les Films du Corbeau présente
Noël chez les Pardakine

Moscou, 1909. La nuit de Noël.  

BO : https://www.youtube.com/watch?v=mgCukvmi_4g  

 

La trojka glissait sur les rues empesées de neige de la capitale. Les flocons tombaient à flot et quelques rares piétons, chassés par la froidure saisissante, rejoignaient avec empressement leurs propres réveillons. Leur traîneau s’arrêta devant la porte massive du palais Kouloudine, et Irina (Suri Pendragon) dû se faire violence pour ôter la fourrure qui lui recouvrait les jambes. Piotr (Frank Mattis) l’aida à descendre, et ensemble ils escaladèrent les marches du perron. Le majordome les accompagna jusqu’au vestibule, où ils furent débarrassés de leurs lourds manteaux d’hiver. Irina portait la robe rouge seyante que son nouvel époux lui avait offerte en Crimée. Elle aperçut son regard, qui du coin de l’œil notait l’attention. Elle attendit qu’il lui démontrât son approbation, au lieu de quoi il détourna le regard. Le majordome attendait que le couple soit prêt pour pénétrer dans le salon, où les attendait toute la famille. Piotr rajustait son nœud de cravate. Irina s’approcha de lui et prit sa main. Elle avait besoin d’un mot, d’un geste de sa part pour ôter le poids qu’elle avait au fond de la poitrine. Juste un mot, avant de rentrer dans l’arène.  

- Piotr…  

Mais il opina de la tête à l’intention du majordome, qui ouvrit les portes. Il avança énergiquement, lâcha la main de son épouse, et pénétra dans le salon.  

Ils furent accueillis par des joyeux éclats de voix. La famille Pardakine était rassemblée au grand complet. A la vue de son fils, Yevguenia Pardakine (Olivia Fallon) s’avança en tendant les bras vers lui.  

- Petrouchka ! Mon fils, enfin !  

Irina suivit son époux, plus intimidée. Encerclée par sa nouvelle belle-famille, elle se sentait gauche, peu sûre d’elle. Cela ne faisait que deux semaines qu’ils avaient célébré leurs noces et qu’elle avait intégré l’illustre famille Pardakine. Elle avait côtoyés la plupart d’entre eux ces derniers mois, et notamment le soir de la noce. Mais de retour de leur lune de miel, c’était la première fois qu’elle se retrouvait face à eux sans le soutien de sa propre famille. Elle fut néanmoins accueillie par des sourires accueillants et bienveillants. Mais il lui manquait le principal d’entre eux. Elle cherchait son mari du regard, mais il semblait l’ignorer, entraîné qu’il était par la princesse Pardakine, dont on eut cru qu’elle avait été privée de son fils depuis bien plus qu’une quinzaine de jours…  

 

 

A table, elle cherchait à attirer son attention. Piotr était à ses côtés, mais il ne semblait pouvoir se détacher de sa conversation avec son autre voisine, une tante ou cousine quelconque. Elle-même était très sollicitée de part et d’autres. On lui demandait des nouvelles des premiers jours matrimoniaux, de la splendeur de la lune de miel en Crimée... Elle répondait évasivement, souriante, distinguée. Discrète.  

Elle posa la main sur celle de son époux. Il tourna la tête vers elle, interrogatif. Elle lui répondit seulement par un regard profond, affectueux. Elle voulait simplement renouer ce lien de complicité qu’elle n’arrivait pas à retrouver depuis quelques jours. Mais il baissa les yeux, et retira sa main sous prétexte de réceptionner la saucière qu’on lui tendait.  

Elle ressentit cette rebuffade comme une gifle de plus. Au milieu de tous, elle se sentait effroyablement seule. Si seulement elle comprenait ce qu’il ressentait. Elle voulait lui démontrer que, de son côté, elle ne lui tenait rigueur de rien, qu’il n’avait pas à avoir honte. Mais elle ignorait même s’il avait honte, ou s’il était en colère contre elle. Elle n’était pourtant pas responsable…  

Ce voyage de noces avait été un désastre. Dès le premier soir, où Piotr n’avait pas pu… Ni les soirs suivants. De la honte, elle était certaine qu’il en avait éprouvé. Qu’un homme russe, un Pardakine par-dessus tout, ne puisse honorer sa femme, c’était inacceptable. Mais elle avait tout fait, lui semblait-il, pour que l’incident ne prenne pas d’ampleur. Peine perdue. Piotr se fit aussitôt distant, colérique. Ils passèrent leur lune de miel l’un à côté de l’autre, plutôt que l’un avec l’autre. Maintenant Irina tentait de combler cette distance qui les séparait et se demandait s’il ne lui en voulait pas. Serait-ce sa faute à elle si son mari échouait à la désirer ? Elle n’y avait jamais vraiment songé. Peut-être y avait-il quelque chose qu’elle ne faisait pas correctement ?  

 

Après le repas, elle s’était isolée dans la bibliothèque et avait ouvert les portes du balcon. L’air était glacial mais vivifiant. Les rues de Moscou étaient calmes. Bientôt, les familles sortiraient de chez elles pour se rendre à la messe de minuit. Elle avait envie de pleurer, mais il lui sembla impensable de se laisser aller dans le palais de sa belle-famille.  

Quelqu’un entra, elle referma les portes. C’était Anton Iossoupov (Oliver Parks), le cousin de Piotr. Parce qu’il était en garnison à Irkoutsk, il n’avait pu se joindre au mariage. Il venait présenter ses hommages à sa nouvelle cousine germaine. Ils discutèrent, firent connaissance. Anton était charmant, souriant et très chaleureux. Irina se surprit à rire de ses plaisanteries et à laisser son cœur se vider d’un peu de la lourdeur qui l’empesait depuis plusieurs jours. Anton lui parla de la rigueur de la Sibérie orientale, de la beauté du lac Baikal… Il l’amusa en lui peignant la rudesse des habitants de la taiga, et au contraire leurs déploiements de ferveur dans les fêtes et célébrations. Elle se surprit à accepter les bras qu’il lui tendit lorsqu’il voulut lui faire une démonstration de danse locale. C’était cette complicité qu’elle avait perdu avec Piotr, et qu’il lui tardait de retrouver.  

Alors, elle aperçut le visage de Piotr qui les observait par la porte entrouverte. Ce regard, qu’il portait sur elle, se grava dans sa mémoire. Jamais elle n’oublierait ce sentiment de colère mêlée à une intense douleur, de celle qu’on éprouve face à la plus perfide des trahisons. Même si elle n’avait rien à se reprocher, elle se recula prestement des bras d’Anton. Mais Piotr avait déjà tourné les talons.  

 

La famille Pardakine au grand complet quitta le palais pour rejoindre la messe de minuit. Ils s’accoudèrent le long des rangées qui leur étaient réservées dans l’église proche. La noblesse du quartier se pressait dans les premiers rangs et les balcons, tandis que les gens du peuple s’amassaient dans les rangées latérales et à l’arrière de la nef. Irina n’avait pas réussi à s’approcher de Piotr, qui ne quittait plus le bras de sa mère, avide de la présence de son fils vénéré. Anton était resté près d’elle. Mais il voyait que quelque chose n’allait pas, et eut la délicatesse de ne pas s’imposer au milieu des pensées de la jeune femme.  

 

 

*  

 

 

Promenade des Anglais, Nice, 1919.  

BO : https://www.youtube.com/watch?v=nUnXr0YpmAM  

 

Le soleil d’avril était timide et doux à la fois. Irina fermait les yeux derrière ses lunettes feutrées pour sentir la brise lui caresser le visage et écouter le bruit des mouettes. A ses côtés, elle sentait la princesse Pardakine remuer pour tourner la tête. Yevguenia n’avait que faire de la mer et de l’air du large et elle maugréait entre ses dents d’avoir laissé sa bru choisir un banc mal placé, d’où elle ne pouvait voir commodément les passants qui déambulaient dans son dos, et surtout d’où elle ne pouvait pas se montrer commodément à leurs regards.  

Les familles illustres de Russie étaient nombreuses sur la Côte d’Azur à cette époque, fuyant la Révolution de 1917 et les représailles que les Bolchéviques leur réservaient. Irina avait fui son pays en compagnie de sa belle-mère. Etant veuve et de famille plus modeste, elle ne pouvait se permettre de faire autrement. D’autant plus qu’elle se sentait en dette vis-à-vis de la famille Pardakine, même si celle-ci l’ignorait.  

Piotr était mort à la guerre. Irina n’était pas responsable de cette guerre. Mais depuis ce réveillon de Noël 1909, Irina se sentait coupable de toute la douleur qui s’était installée au sein de son couple. Ils ne trouvèrent jamais le bonheur. Piotr ne se tourna plus vers elle avec amour et bienveillance. Il ne lui permit pas non plus de briser cette glace qui s’était installée entre eux deux. Quand la guerre s’était déclarée, Piotr s’était engagé immédiatement. Et il n’en revint jamais. C’était elle qu’il fuyait, elle en était persuadée. Aussi bien qu’elle l’avait poussé à mourir. Elle n’avait pas su l’aimer.  

Une ombre la cacha du soleil. Elle rouvrit les yeux, mais ne reconnut pas la silhouette qui se dressait face à elle, le soleil dans le dos. Yevguenia Pardakine fut plus rapide à réagir.  

- Mon Dieu, qui eut cru cela possible ! Mon neveu adoré…  

Anton Iossoupov. C’était bien lui. Yevguenia se plongea dans ses bras et y resta un moment. Elle pleurait d’émotion. L’émotion de retrouver un proche dans cet exil lointain. L’émotion de pleurer ensemble la Russie, un paradis perdu. L’émotion aussi, sans doute, de pleurer une fois de plus son fils vénéré, qui avait à peu près le même âge qu’Anton. Irina soupira : la princesse était décidément trop démonstrative dans ses effusions…  

Anton se retourna vers Irina. Elle l’avait peu revu depuis ce Noël 1909, et plus du tout depuis les événements de 1917. Il avait changé, muri. Son regard s’était fait plus pénétrant, moins joyeux, mais aussi moins superficiel. Il avait lui aussi ramené des blessures de la guerre : une de ses jambes semblait raide et il gardait un bras en écharpe. Il lui fit le baisemain. Une image revint instantanément à la mémoire d’Irina : elle et lui se tenant dans les bras l’un de l’autre, dans le salon du palais Kouloudine, un soir de Noël. Et le regard de Piotr. Cet instant qui avait fait basculer sa vie.  

- Je m’excuse de ne pas avoir été là pour partager votre peine de la perte de Piotr.  

Elle sourit aimablement. La princesse s’imposa entre eux et inonda son neveu de questions. Elle espéra qu’il était à Nice pour longtemps et qu’elles pourraient le garder auprès d’elles aussi longtemps.  

 

Ce qu’elles firent. La monotonie de leurs journées fut chassée d’un coup de vent par sa présence. Irina sentait son cœur s’apaiser petit à petit, au fur et à mesure des jours passés à ses côtés. Les regards d’Anton cachèrent peu de temps les sentiments qu’il éprouvait à l’égard de sa cousine par alliance.  

Mais Irina avait inconsciemment fermé son cœur à double-tour. Par culpabilité d’avoir brisé celui de son premier époux. Par culpabilité de n’avoir pas su s’en faire aimer. Etait-elle seulement capable d’aimer à nouveau ? Cette histoire n’était-elle pas une pure perte de temps et vouée à une fin dramatique ?  

 

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Un film de Paul BIDNAM  

Sur un scénario original du Corbeau  

 

Avec  

Suri PENDRAGON - Irina Pardakine  

Oliver PARKS - Anton Iossoupov  

Frank MATTIS - Piotr Pardakine  

Olivia FALLON - Yevguenina Pardakine  

 

Sur une musique d’Alyssa EICHINGER  

BO : 1/https://www.youtube.com/watch?v=mgCukvmi_4g (Valse triste)  

2/ https://www.youtube.com/watch?v=nUnXr0YpmAM (Gogol)  

Scénario : (3 commentaires)
une série B sentimentale (dramatique) de Paul Birdnam

Oliver Parks

Suri Pendragon

Frank Mattis

Olivia Fallon
Musique par Alyssa Eichinger
Sorti le 29 avril 2034 (Semaine 1530)
Entrées : 16 912 320
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