Que les journées peuvent être longues quand on baigne dans l'inactivité.  

Charles a 65 ans, il vit une zone pavillonnaire paisible de Washington. Une rue large, des maisons blanches identiques les unes aux autres de chaque côté, chacune avec son drapeau amércain, son panier de basket...  

Charles est comptable pour une grande entreprise américain, enfin était. Celà fait maintenant quelques mois qu'il est à la retraite. Transition difficile.  

La vie de Charles, c'était son travail depuis qu'il a perdu sa femme, vaincue par la maladie. Des journées de plus de 12 heures, à quoi bon rentrer tôt à la maison, personne ne l'y attendait, ses enfants étant à l'autre bout du pays. Alors Charles passait des jours, des nuits, des week end à travailler, à y noyer sa solitude mais maintenant? Que faire? Il ne lui reste plus que sa solitude.  

Alors il erre dans son pavillon chiquement meublé, dans son quartier, c'est vrai, celà va faire 25 ans qu'il y habite et il n'a jamais pris le temps se s'y promener, il ne connait même pas le nom de ses voisins, il ne connait rien d'eux, rien du tout.  

Alors Charles se met à les observer, lors de ses promenades, caché derrière ses lunettes de soleil, ou de chez lui dissimulé derrière les rideaux.  

Il observe leurs manies, leurs horaires, leur vie, tout ce qu'il peut consigner car Charles note tout, consigne tout. Chaque habitant de son quartier a sa fiche dans laquelle tout est répertoriée, nom, profession, nombre d'enfants, animaux de compagnie etc.  

Au bout de quelques temps ces fiches sont devenues de vrais dossiers, avec photos et Charles se sent revivre, il a enfin trouvé un second métier, observer mais pourquoi se cacher. Des choses lui échappent forcément à rester cacher or rien ne doit échapper à Charles, déjà dans son métier, rien ne lui échappait, vraiment rien, le moindre détail, la moindre erreur de virgule, de calcul, il la voyait, et cette pile de dossier qu'il observe tous les jours assis dans son fauteuil, elle est incomplète, ce n'est pas du bon travail se martèle-t-il.  

Alors Charles va s'immiscer dans la vie de ses voisins, faire leur connaissance, pas parce qu'il le veut mais parce qu'il en a besoin, ses dossiers en ont besoin, ses dossiers devenus obsession.  

Un vieil homme seul n'attire pas l'attention, ne rend pas les gens méfiants, bien au contraire, celà les attendrit. Accordons un peu d'attention, un peu de compagnie à ce vieil homme. Mais Charles ne cherche pas leur compagnie, il cherche à combler les vides, les blancs présents dans ses dossiers, tous les blancs, même les plus intimes...  

Charles a mis le doigt dans un engrenage, un engrenage malsain qui n'épargnera personne, pas même lui....