Notre vie est telle qu'elle est, mais si on l'oublie, la douleur est de retour...  

Robert est seul chez lui. Cela fait maintenant quatorze années qu'il est divorcée de Sylvie. Depuis son divorce, il n'a jamais réappris à aimer, il n'a jamais rencontré de dame pouvant lui plaire. Pourtant, il connaît beaucoup de femmes dans son entourage. La solitude l'a marqué physiquement, il a soixante ans, il en fait vingt de plus. Courbé sur lui-même, les yeux sont constamment humides. Malgré tout ceci, toute sa vie d'après-amour s'est correctement passée. Il travaille encore, il refuse d'être à la retraite malgré l'insistance de ses supérieurs.  

Une nuit, Robert est réveillé soudainement. Pourtant, aucun bruit n'a retenti. Il se lève car il est pris d'une soif terrible. En quittant la chambre, il ne reconnaît pas le couloir. Il cherche au plus profond de ses souvenirs, non il n'est pas à l'hôtel, ni invité chez sa sœur. Il revisite les pièces une à une jusqu'à trouver la cuisine. Cette cuisine, elle n'est pas à lui ! Les meubles sont rouges, il n'aime pas le rouge ! C'est la couleur de l'amour, or il est célibataire... Le frigo est gris, lui. C'est triste le gris. Il prend une bouteille d'eau dans le frigo et boit.  

Un matin, il part travailler comme tous les jours de la semaine. Il rentre dans l'entreprise, fait la bise à tous les employés. Salut Gérard ! Salut Jocelyne, ça va ? Hey Fab' attend moi avant d'aller chercher ton café ! Salut Bénédicte ! Tous ses collègues ont l'air étonné, même surpris. Le monsieur qu'il a appelé Gérard vient vers lui et dit Excusez-moi, monsieur, vous êtes qui ? Vous avez dû vous tromper d'établissement...  

C'en est trop ! Robert décide d'aller voir un médecin, même si c'est une épreuve dont il déteste. Le médecin l'examine, lui demande les symptômes. Une fois que la réponse de Robert ressurgie, la nouvelle fait un choc : Robert est atteint de la maladie d’Alzheimer. Certes, il se dit qu'il a eu quelques écarts, quelques trous de mémoire, mais rien de bien grave. Maintenant, il doit prendre des cachets six fois par jour. Le traitement semble lourd dès le départ. Robert espère juste que cette maladie ne sera pas trop dure à vivre.  

Un soir, Robert rentre chez lui en sifflotant, l'air de rien. Il appelle Sylvie, sa femme, personne ne répond. Personne à la maison, personne n'est devant la télévision, personne n'a préparé à manger, lui qui était pressé de retrouver Sylvie à son retour pour la serrer dans ses bras, pour l'embrasser. Il l'appelle alors sur son portable. Elle répond, il lui demande alors où elle est, il s'inquiète ! Mais là Sylvie lui ré-apprend qu'ils sont divorcés, et ça fait quatorze ans... Robert n'y croit pas. Comment aurait-il pu oublier qu'il est séparé de la femme qu'il aime ? La nouvelle lui fait le même effet que lorsque le divorce a été prononcé quatorze années plus tôt. Robert devra ré-apprendre à vivre seul, à vivre sans celle qu'il aime...  

Robert va t-il réussir à vivre paisiblement seul et avec la maladie d’Alzheimer ?