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« C’est bon, il revient à lui … » se dit enfin Elizabeth. Ses membres encore sous l’emprise de spasmes mais cette fois-ci moins violents, Arnold Jacobson émergeait enfin de son trip qui l’avait fait plonger dans un état végétatif profond. Sa femme Elizabeth et sa fille Julia, inerte dans son fauteuil roulant étaient plantées autour de lui en attendant qu’il puisse enfin émerger.  

 

Il prit conscience de son état physique : membres douloureux, son estomac était dans un piteux état et son visage était livide mais il avait retrouvé toute sa tête. Un filet de bave au coin des lèvres tombait au sol, il fit un effort pour se lever, sa femme se précipita pour l’aider …  

 

« Non ça va aller maintenant ma chérie, je te remercie »  

 

C’était comme cela maintenant depuis environ 5 ans, et bien qu’Arnold fut proche de la retraite il devait utiliser des moyens drastiques pour tenir la rampe sur son lieu de travail.  

Et ce moyen avait un nom : la NL50.  

 

A 56 ans, Arnold Jacobson (Jack Jones) avait fait le choix d’habiter San Francisco même, à proximité de la Transamerica Pyramid (tour gratte ciel qui regroupait une cinquantaine de sociétés) dans le Financial District dans un souci de gain de temps pour le trajet domicile / lieu de travail. Il était agent en assurance vie.  

Elizabeth (Tia Starks) sa femme et Julia sa fille le comprenaient aisément et elles le soutenaient.  

Après tout, la vie, le monde avaient changé et il était fini le temps des pauses et du repos en fin de semaine. Argent et rendement étaient devenus les maîtres mots de notre société maintenant.  

 

Nuit agitée donc pour Arnold, ce qui semblait a priori normal quand un homme ordinaire augmentait sa capacité de travail de 50 %. Arnold en subissait les conséquences mais c’était cela ou il se trouvait sans job et de nos jours on ne pouvait se le permettre. Il s’était rendu à l’évidence qu’il n’était plus le jeune et frais gaillard qu’il était avant. Dur de récupérer, tout allait vite maintenant.  

 

Aussi, à 5h00 comme tous les matins il se leva. Il s’extirpa du lit avec délicatesse pour ne pas réveiller Elizabeth. Ses vieux os le faisaient souffrir mais il n’avait certainement pas le temps de d’écouter ce qui lui disait son corps. Il alla se doucher puis s’habilla.  

Costume cintré bleu et cravate assortie aux couleurs sa société.  

Comme à l’accoutumé, il prit son petit déjeuner empaqueté dans son sac et embrassa la photo de sa femme et de ses enfants avant de sortir.  

 

Idéalement placée, la résidence des Jacobson ne se situait qu’à une vingtaine de mètres de l’endroit où il prenait le bus en direction du financial district.  

Le bus arriva, crissa des pneus et la porte s’ouvrit faisant place à l’intérieur à une cohue de personnes les yeux rivés sur leurs journaux. Le trajet ne dura qu’une quinzaine de minutes et Arnold descendit à l’arrêt qui le concernait. Il marcha vers la grande tour qui faisait office de phare géant, cela le faisait sourire. Cela donnait l’impression que la tour surveillait ses employés, s’ils étaient tous à l’heure. C’était irréel comme situation mais cette image dans son esprit le mettait mal à l’aise. Tout était possible … Non décidément les effets secondaires étaient encore présents et la paranoia en était un des symptômes. Il se donna une claque sur le visage comme pour se réveiller et allongea le pas pour entrer.  

 

Les employés affluaient de part et d’autre de la rue et il en connaissait beaucoup. Arnold était un vieux de la vieille ici et il y a quelques années il était un des fleurons dans son métier et on le respectait pour son flegme et son expérience. Tout avait changé maintenant.  

 

Il entra par un grand sas lui permettant d’accéder à l’entrée où avait lieu le cérémonial quotidien. Au cours de sa carrière il avait vu les changements rencontrés notamment en terme de rendement. Depuis ce jour où « ils » avaient trouvé cette solution c’était devenu radical et la plupart des entreprises avaient eu recours à « elles ».  

Arnold s’arrêta devant ce qui était un grand péage humain, les employés tous en rang devaient passer par ce péage. Arnold comme tous les matins, avait son pincement au cœur avant d’entamer sa journée de travail. Il se mit donc dans le rang correspondant au nom de sa société. Cela le faisait à chaque fois, un petit stress naissait en lui et les palpitations recommençaient.  

Les employés autour de lui avançaient rapidement et enfin ce fut son tour. L’angoisse remplaça l’appréhension, à divers endroits dans le hall, on entendait des cris brefs mais bien réels. La routine.  

 

Il se baissa et plaça ses yeux dans les emplacements prévus à cet effet dans la machine de reconnaissance visuel. Et à chaque instant, à ce moment précis il pria Dieu, qu’il le maintienne en vie jusqu’au soir. Il vit un rayon balayé sa surface oculaire, une reconnaissance au niveau de l’iris. La machine se fit entendre alors :  

 

« Arnold Jacobson, société Lifenet, 36ème étage, accès conditionné à la NL50 »  

 

Arnold se dit que cela allait devenir pénible maintenant.  

 

Il sentit un courant air frais sur ses yeux l’obligeant à les plisser, puis dans la seconde qui suivit la paroi intérieur de cette machine se mit à produire un souffle aspirant chaud, solidifiant le contact des paupières au bord du réceptacle.  

Sans plus attendre, une aiguille effilée fit son apparition et avança irrémédiablement vers les pupilles d’Arnold. C’était l’injection de la NL50. Comment rester impassible quand une aiguille transperçait votre pupille pour atteindre le nerf optique ? Avec le temps, Arnold ne se débattait quasiment plus mais ce fut une rude épreuve le jour où il fut contraint de s’y soumettre… Le rendement, toujours le rendement.  

 

Cela, les industries pharmaceutiques l’avaient bien compris et le secteur avait littéralement explosé une dizaine d’années plus tôt. Ce n’était plus seulement des laboratoires mais des agences de communication dorénavant.Elles avaient désormais pignon sur rues et le travail était le centre des préoccupations de nos jours.  

Travailler plus vite, plus longtemps, tels furent leurs créneaux.  

Tout commença ce jour de Mars 2032, le labo précurseur en la matière avait sorti un soi-disant « produit » permettant de travailler sans tenir compte de la fatigue et de rester concentré plus longtemps. Génial ! avaient décriés à l’époque les patrons des diverses boites. Ce fut un carton immédiat mais très rapidement un tollé également.  

Ce produit était toujours au stade du prototype même avec les essais obligatoires à l’époque.  

Arnold n’y avait pas cru, et pourtant … en parallèle les journaux déclenchèrent la haine des premiers utilisateurs en publiant à la une de chacun d’entre eux : « C’est une drogue ! »  

 

C’était maintenant un véritable fond de commerce, la NL50 avait eu quelques ratés certes mais il avait bien fallu en arriver à ce stade aujourd’hui où personne ne pouvait se passer d’elle malgré les pertes à déplorer et les conséquences irrémédiables.  

 

La NL50 ou plus exactement la No Limit 50. 50 équivalait au pourcentage de travail effectué en plus sans retour à la réalité et donc sans prise de conscience en ce qui concernait la fatigue et le stress. Dans ce monde où régnait le fric, les laboratoires avait trouvé LA solution pour enrayer la perte de temps et toutes ces banalités qui font que les employés comme Arnold sont des personnes qui réfléchissent et qui s’écoutent.  

 

Dès lors qu’Arnold se dégagea du réceptacle où il s’était installé pour la reconnaissance et l’introduction de cette drogue, il put machinalement continuer son chemin.  

Il sentait le fond de ses yeux douloureux et il n’allait pas tarder à sentir l’effet de la lobotomisation. En avant pour une journée de dur labeur. Juste avant la phase de « pacification intellectuelle », il fit signe aux contrôleurs humains dans leurs cabines.  

 

Il ne fallut que 2 minutes pour que l’effet se fasse sentir.  

 

Arnold sentit sa vision s’altérer, ses pupilles devinrent noires et bien qu’étant debout et en marche en direction de l’ascenseur son cerveau s’éteignit pour faire place à une machine sans émotion et obéissant au programme que la drogue lui avait injecté. Discours et performance optimum pour un gain d’argent et de temps maximum. Bien évidemment, ce produit bien que performant dans bien des aspects nécessitait la présence de contrôleurs pour veiller aux bonnes attitudes à adopter pour là aussi gagner du temps.  

 

Lui le vieux grigou qu’il était depuis un certain nombre d’années avait dû se plier aux exigences de sa boite. C’était un des derniers à vouloir résister à cette merde qui enlevait toute humanité, et ne la rendait qu’en rentrant chez soi le soir.  

 

C’était ce jour là qu’il l’avait prit pour la dernière fois. Cela avait commençé normalement, aucune pensée ne le traversait et il avait conclu des accords sans le moindre problème. Son élocution était certes froide mais les arguments imparables de sa compagnie d’assurance vie arrivaient sans peine à faire plier les éventuels clients.  

Un vrai requin … mais il commença à disjoncter au moment de conclure un contrat juteux.  

Ses mains se crispèrent d’elles même, se rouvrant, se refermant, se rouvrant, se refermant. Les contrôleurs furent immédiatement sur le qui-vive, ce genre de manifestation arrivait peu et généralement elles s’estompaient sans difficulté. Les contrôleurs éteignirent finalement le niveau 1de l’échelle des complications.  

Effectivement, cela s’estompa immédiatement et Arnold poursuivit comme si de rien n’était.  

 

Il reprit donc son activité et conclua ses propos. Les clients s’interrogèrent quelque peu tout de même puis se ravisèrent pour signer le contrat.  

 

Puis c’est au moment où Arnold empoigna la main du client pour le remercier qu’il se bloqua complètement. Arnold resta planté là, serrant la main et puis cligna des yeux plusieurs fois.  

 

Enclenchement du niveau 1 activé, les contrôleurs envoyèrent immédiatement le « médiateur ».  

 

Le client affolé ne pouvait se dégager, et Arnold inconsciemment lui offrit soudain un rictus horrible, découvrant ses dents. Sans crier gare, il serra à fond la main du client qui hurla de douleur.  

C’est le goût du sang coulant de ses yeux dans sa bouche qui lui donna ce déclic, un courant électrique se déclencha dans sa tête lui rappelant des flashs … sa fille Julia …  

Tel un zombie, il serrait toujours à fond. Le client était à genoux hurlant, sa femme sortit du bureau pour trouver du secours en vain … tous les employés étaient plongés dans leurs besognes.  

On entendait au loin les pas du médiateur vers le bureau d’Arnold.  

 

Un bruit se fit entendre, la main devenue bleue du client se disloqua et un craquement se fit entendre. Ne tenant plus, le client s’évanouit de douleur.  

Arnold également mais de la main du médiateur à force d’avoir été frappé pour qu’il puisse lâcher prise.  

 

L’incident mit fin à la carrière pourtant sans encombre d’Arnold. Il fut remercier et le client indemnisé par les laboratoires pharmaceutiques.  

 

Malheureusement, Arnold ne put recouvrir toutes ses facultés mais au moins sa famille était à l’abri de la misère. La solde qui lui fut versée pour sa démission forcée lui permit de s’occuper à plein temps de sa fille Julia, paraplégique suite aux essais effectués sur les élèves de sa classe pour améliorer leurs rendements et les préparer à leurs vies futures.  

 

Qu’était-il arrivé exactement à Julia ce jour-là ? Les élèves de sa classe furent pour la plupart décédés suite aux injections ratés et aux effets secondaires de la NL50, le reste des élèves eurent de graves problèmes de santé irréversibles.  

 

Un jour, Arnold tacherait d’en savoir plus …  

 

Scénario :
une série Z thriller de Jordan Kubrick

Jack Jones

Tia Starcks
Sorti le 10 février 2040 (Semaine 1832)
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