Quand j’y repense … cela me fait sourire … ou pleurer, je ne sais plus trop à vrai dire, mais quoi qu’il en soit je n’ai jamais éprouvé le moindre regret. Cela en vaut la peine j’en suis persuadé. De toute façon c’est pour mon bien, NOTRE bien.  

- 6 mois auparavant -  

La vie nous joue parfois des tours auxquels on ne s’attend pas. Sur le fond je n’ai pas sincèrement à me plaindre de ma vie : des parents toujours à mes côtés, des études réussies, un bon boulot me permettant de gagner ma vie correctement, une femme, et un enfant adorable … mais là où cela déconne c’est sur la forme, surtout ma rencontre avec Christy ( Aileen Curtin ). Enfin non j’exagère, les 18 années passées avec elle, furent formidables et nous avions eu un magnifique enfant ensemble : Matthew ( Quentin Ellman ). Raison pour laquelle je dis qu’elles furent formidables d’ailleurs car Christy était tomber enceinte lors de notre première nuit … oui je sais je vous vois venir, bah alors la capote ? blabla … oui je sais mais nous étions jeunes et bêtes. Donc dix-huit années passées à s’aimer et à se détester, sous l’œil innocent de Matthew, le pauvre. Je savais pertinemment qu’elle allait me quitter à un moment donné … j’avais vu juste, mine de rien, car elle me quitta lorsque Matthew eut ses 18 ans, à la majorité quoi. A croire que ce fut la feu vert pour qu’elle se barre, et vous savez quoi ? Elle m’avait trompé … si ça se trouve j’étais cornu depuis un moment déjà. Enfin bref, je me suis retrouvé seul du jour au lendemain avec mon fiston et ensemble on menait la grande vie. Le retour aux sources comme on dit …  

Mais au bout d’un an d’une vie monoparentale, et comme dirait mon fils aujourd’hui –« Purée, la source s’est tarie bon sang ! ». C’est dingue de voir comme il est si dur de reprendre goût à la vie après une séparation, si merdique fut-elle. C’était à se demander si je ne me complaisais pas dans ma petite vie malgré tout, sans prendre de décision, c’est dingue. Bref, tout cela pour dire que pour se remettre sur les rails du célibat, c’était sincèrement balaise … Alors oui j’avais mon coach Matt pour me pousser à rencontrer du monde, sortir, me caser quoi !!!! Merde ! J’avais bien compris le message, Matthew, merci mais je rencontrais des difficultés phénoménales à me détendre, et à retrouver ce qui se faisait naturellement lorsque j’étais plus jeune : plaire. Voilà c’est cela, je ne plaisais plus aux femmes et j’avais un mal de chien à trouver celle qu’il me fallait pour retrouver un peu de goût à cette vie amère. Je peux vous avouer que l’ardeur que l’on a au départ pour rencontre l’âme sœur, redescend rapidement au bout de quelques mois. Et ce n’est pas Matthew qui vous dirait le contraire. Pourtant le bougre avait bien fait son boulot entre les préparations de dîners aux chandelles, cadeaux etc … mais non le coach avait finalement fait choux blanc. Blanc, comme son drapeau, sacré Matthew … un coach digne de Domenech lui fis-je en rigolant … Le seul problème venait de moi, point barre. J’avais rencontré des femmes jolies, intéressantes mais le hic venait du fait que je les comparais à Christy et … je dois vous avouer un truc : il m’est arrivé de repenser à elle. D’où le blocage. Merde tiens …  

Alors, comme tout homme de mon âge à un moment donné de sa vie et un tant soit peu curieux, je me suis penché vers les rencontres virtuelles. Franchement, c’était le pied. Quoi de plus génial que de chercher à loisir celle que l’on souhaite rencontrer ? Age, taille, intérêt enfin bref on peut tout sélectionner à distance avant de se lancer, un principe excellent … en principe. Je m’étais bien gardé de le dire cette fois-ci à Matthew, son vieux père lui montrerait qu’il est capable de trouver une nouvelle fois « l’amour ». Ce mot me fait peur sans déconner.  

Me voilà donc devenu surfeur du net à la recherche d’une jolie sirène héhé….  

Pppfffff, Oui voilà en résumé ce que j’ai ressenti après une journée de navigation pour trouver ce que je cherchais. Si ce n’est croisé des bancs de thons ou être en train de parler à de vieilles morues, l’apprenti surfeur que j’étais fut finalement déçu.  

Bon excusez-moi pour ces propos mais après quelques mois de recherche, je commençais sérieusement à me demander ce que j’allais devenir. Et Matthew dans tout cela qui me charriait de temps en temps …  

Et puis c’est un jour de décembre 2041 qu’une jeune femme mordit à l’hameçon. Après avoir prit mes précautions d’usage et sans trop me prendre la tête, un dialogue s’était instauré amicalement et à ma grande surprise, il y avait du répondant de l’autre côté de l’écran.  

Lisa ( Natalie Chatwood ), 45 ans, séparée comme moi, 2 enfants, était psychologue. Plutôt ouverte d’esprit visiblement, elle était curieuse sans trop l’être, aguicheuse de temps en temps pour tester mes réactions etc … Pour tout vous dire, je souriais béatement devant mon écran. Et le pire était que, comme un ado que l’on surprend de temps en temps parce qu’il fume, j’éteignais l’ordi dès que Matthew rentrait à la maison. Son vieux père avait un secret bien enfoui et il comptait bien le déterrer un de ces jours. Enfin je l’espérais.  

Le plus drôle dans tout cela, c’est que j’avais peur. Pas de moi mais de ce que vous pouvez représenter pour elle, à quoi je ressemblais … alors que Lisa était hyper confiante et c’est elle qui, le lendemain demanda à ce qu’on échange nos photos. Mon cœur fit un bond du tonnerre ce jour-là ! La montée d’adrénaline fut immédiate et je stressais. Mais avec Lisa, tout était simple, elle m’expliqua comment faire et on se promit de l’envoyer par mail le lendemain.  

Le soir-même, je fis de fond en comble les albums de photo … trop jeune, trop de face … puis finalement je me suis arrêté sur cette photo de l’anniversaire de Matthew pour ses 18 ans, j’étais joyeux et en la cadrant un peu sur mon visage, ça le ferait.  

J’avais passé une très mauvaise nuit, en faisait des hypothèses … Et si … Et si …  

Le lendemain matin, j’avais reçu un mail de sa part … Le doigt tremblant je cliquais sur la pièce jointe et la photo s’ouvrit. J’étais sans voix, et c’est bizarre par ce que ce visage correspondait à ses paroles, douces et gentilles. Elle était très jolie mais il ne restait plus, à mon tour, qu’à faire la même chose. Nerveux, je fis la manipulation doucement et sans erreur. Enfin, je cliquais sur « Envoi ». Voilà c’était fait, maintenant c’était quitte ou double.  

…  

Voilà, la vie nous joue parfois des tours auxquels on devrait s’attendre. Lisa ne m’a pas répondu et cela s’est arrêté à ce stade à mon grand désarroi... Matthew a maintenant son appart’ et je ne le vois pratiquement plus également …  

Qu’est-ce qui cloche chez moi ? Ah oui la boisson …  

Le plus dur dans l’alcoolisme c’est de reconnaître que l’on boit trop n’est-ce pas ? Et bien je suis prêt.  

-« Bien Monsieur Kingsley ( Will Wenders ), nous allons engager une cure de désintoxication comme vous le souhaitez. C’est un pas énorme que vous venez de faire, vous le savez ? » fit la collègue de Lisa. J’avais donc suivi son conseil avant qu’elle ne me quitte …  

-« Non je ne le sais pas mais j’espère le savoir vraiment lorsque mon fils reviendra me revoir … »  

---  

Stan Olinger et Paul Birdnam signent là un film dramatique, le premier de l’année 2041, réalisé par Polly Ireland .  

Nous retrouvons 2 artistes du studio : Will Wenders et Quentin Ellman ainsi que Natalie Chatwood (Between Us with Words …) et Aileen Curtin (Bad Species).  

Le score du film est composé par Joan Gabriel.