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Bad Productions présente
Je vous l'avais dit

Pourquoi personne ne m’a cru, pourtant je leur avais bien dit, que je n’étais pas normal, que j’étais malade, plusieurs fois même.  

Enfant déjà je me sentais différent mais à cet âge là on ne se pose pas spécialement de questions existentielles. On tente de s’intégrer dans son école, dans son club de sport et même si parfois j’avais du mal à faire comme les autres, tout se passait bien.  

 

Puis est venue l’adolescence, l’éveil, les changements, le développement de la personnalité et ce sentiment de différence qui se développe, s’amplifie. Et prendre conscience de sa différence est très difficile. Pourtant vu de l'extérieur, en me regardant comme ça, effectivement, on ne pouvait rien remarquer, et pourtant, je la sentais en moi cette différence. Là où mes camarades tissaient des liens amicaux ou amoureux, moi je me retrouvais seul, éprouvant les pires difficultés à entretenir des relations, mais je n’en ressentais pas le besoin non plus.  

 

J’en parlais alors à mes parents, à mon médecin lors de mes visites médicales ; peut être pourraient-ils m’expliquer d’où ça venait ? M’aider à changer, à guérir. La seule réponse que j’avais pu obtenir ne me convint pas, Solitaire, j’étais un solitaire, c’était tout, rien de plus.  

Je grandis alors dans ma solitude, feignant la normalité lorsque je me trouvais en société. Au final, être solitaire n’était pas une tare, je pensais pouvoir vivre ainsi. Mais à vivre reclus sur soi, on n’évolue pas comme tout le monde et par conséquent, mes envies, mes fantasmes, mes pulsions se sont révélées anormales, voire dangereuses. J’en étais parfaitement conscient, ainsi les maitriser m’était relativement facile, toujours ce soucis de paraître normal, comme tout le monde.  

 

Cependant avec l’âge, une question vint à me hanter. Et si un jour je ne parvenais plus à les maitriser, si mon anormalité venait à se manifester au grand jour ; quelles en seraient les conséquences.  

 

A mes 25 ans, je décidais de me confier à mon médecin, de consulter un psychologue. Je devais le dire à quelqu’un, il fallait qu’on m’aide, qu’on me soigne mais une nouvelle fois, on ne m’écouta pas, comme si j’inventais ce que je ressentais. Devant mon insistance, on me donna des pseudos médicaments sensés me faire aller mieux. Ils étaient plutôt sensés me convaincre de ne plus revenir. A ce moment là, je me sentis réellement rejeté, solitaire et mes pulsions décuplèrent de puissance. Le doute n’était plus permis, je devenais dangereux, pour moi-même et surtout pour les autres mais que faire.  

 

La solution la plus radicale ? Le suicide. Comment vivre en sachant qu’un jour, je n’arriverai pas à maitriser une pulsion et que je ferai du mal à quelqu’un. Je parvins à me procurer un pistolet, personne ne voulait m’aider alors j’allais m’aider moi-même mais hélas, en plus d’être solitaire, associal, anormal, j’étais lâche. Malgré le canon contre ma tempe, le doigt sur la gâchette, je n’eus jamais le courage de la presser. J’aurais dû, aujourd’hui, je le regrette.  

 

Le moment que je craignais depuis des années est arrivé aujourd’hui. Cette pulsion que j’espérais ne jamais voir se manifester s’est manifestée. Ce fut soudain, incontrôlable. J’avais beau savoir que ce que je faisais était atroce, ignoble, impossible de m’arrêter, comme si un autre avait pris le contrôle de mes gestes. Lorsque je repris le contrôle de moi-même, il était trop tard, le corps de la petite fille gisait dans une mare de sang, percé d’une multitude coups de couteau, entièrement nu. Cette vision d’horreur aurait dû me révolter, me rendre malade mais non, je ne ressentais rien devant ce spectacle. Au contraire, un sentiment de jouissance m’avait envahi au moment de commettre ces atrocités malgré les cris désespérés de cette petite fille. Elle était venue sonner à ma porte pour me demander de l’aide, elle s'était retrouvée par erreur coincée sur le palier, la porte s'était refermée derrière elle suite à un courant d'air et elle n'avait pas pris les clés. Elle voulait utiliser mon téléphone pour prévenir ses parents. Elle était si fragile, si innocente, elle ne méritait pas ça et pourtant.  

 

Je n'ai pas pu résister, la pulsion fut si forte que tous les barrages que j'avais érigé en moi durant toutes ces années ont cédé, d'un coup, libérant une vague de violence inouïe. Le plaisir que j'ai eu à profiter de son corps, de sa jeunesse fut sans commune mesure, la jouissance au moment de planter mon couteau dans sa chair était telle que j'ai recommencé ce geste je ne sais combien de fois, j'étais enfin moi-même, après des années de faux semblant.  

 

J'étais né physiquement il y a 25 ans, mais je suis réellement né aujourd'hui. Le monstre qui sommeillait en moi, qui enrageait, a brisé ses chaines et n'a nullement l'intention de les remettre. Sa soif de vie est aussi grande que sa frustation née de ses vingt cing années de prison et même si je sais que je vais être chassé, poursuivi, je compte bien enfin vivre comme je l'entend même si ce n'est que pour quelques jours car je me sens enfin bien dans ma peau.  

 

Vous ne m’avez jamais écouté malgré tous mes avertissements, tous les signaux d'alarme que je vous avais envoyés et si je suis coupable, vous avez cependant votre part de responsabilité.  

 

Je vous l’avais bien dit….  

Scénario :
une série Z dramatique de Justin Dudley

Joshua Hamilton

Summer Hughes
Musique par Isabel Leonard
Sorti le 15 septembre 2040 (Semaine 1863)
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