Il y a maintenant un peu plus d’une dizaine d’années, le projet « Colonisation » qui était au départ sensé pouvoir garantir un exode massif des populations sur Mars fut enterré dans le secret le plus absolu. Il était hors de question pour les instances dirigeantes (les plus riches) d’annoncer ce genre de nouvelle, et quand bien même si cela avait été le cas, les populations seraient bien trop enclines à se révolter au lieu de comprendre ce qui se passait maintenant et celles-ci n’étaient déjà pas au courant de biens des projets ambitieux, non divulgués.  

« L’argent, c’est le nerf de la guerre » comme disaient certains. Effectivement, l’argent menait le monde et face à ces débordements amenant forcément à des révoltes urbaines et mondiales, il fallait y remédier.  

Les politiciens avaient pourtant cru au calme et à la compréhension mais inévitablement, cela n’avait jamais duré bien longtemps. Et il avait bien fallu se rendre à l’évidence, l’écart de richesse entre les populations s’accentuait et force était de constater que la pauvreté engendrait la violence, et face à cela que faire ? Plus beaucoup de solutions vinrent à l’esprit des plus hautes autorités de ce monde. Ainsi le débordement était tel que le terme « guerre mondiale » fut prononcé mais tout le monde s’y refusait. Et pourtant c’était bien le cas, en ce jour de Mars 2025, les guérillas urbaines avaient envahies la plupart des villes, allant jusqu’à bousculer l’ordre mondial établi. Certaines nations ne purent faire face aux déchaînements des révoltes civiles, appuyées par la rébellion des systèmes de sécurité propres à chaque pays (policiers, soldats …). Ainsi l’anarchie régnait, réduisant à néant le pouvoir politique de certains gouvernements. Le peuple au pouvoir.  

Les nations résistantes, les plus puissantes, reprirent donc contact avec « les colons de Mars», en leur demandant de l’aide et surtout la réactivation du projet « Colonisation ».  

Accord obtenu, une réunion de crise fut organisée par les derniers représentants des pays résistants tels que les Etats-Unis et l’Union Soviétique. Ainsi, une liaison entre Moscou et Washington fut établie pour débattre et une décision unanime fut décidée sur le champ et qui changerait à jamais la face du monde : la phase « Exodus » était enclenchée …  

Andreï Volkov n’en revenait pas. Il coupa la communication qu’il venait d’entendre et restait avachi sur son siège, bouche bée. Passionné par les technologies et d’astronomie, il était également un hacker à ses heures perdues. Il est vrai que depuis un certain nombre de mois maintenant, il écoutait plus que tout les communications, tentant de grappiller des infos sur ce qui se passait et ce qui se tramait entre les nations résistantes. Il croyait en une conspiration internationale mais de là à en avoir la preuve irréfutable … il était parvenu à être entré en contact avec la liaison, pourtant sécurisée, émanant du gouvernement des Etats-Unis en direction de celle de l’Union Soviétique.  

« Le compte à rebours est lancé maintenant … » lança t’il, seul dans son bureau. Il prit à la volée sa clé USB qui détenait l’enregistrement de la discussion et remonta à la surface.  

Il avait vidé sa cave pour en faire un bureau sécurisé, protégé de toutes attaques ou balles perdues sait-on jamais… en montant les escaliers il mit son casque kaki de soldat de fortune et entendit les premières balles des mitraillettes à l’extérieur. Les volets fermés en permanence, il arriva donc dans la cuisine et avant de pouvoir se déplacer, il se mit en position pour ramper, la clé USB entre les dents. Des sifflements singuliers de balles se firent entendre et quelques unes tombèrent chez Andreï, alors en train de ramper pour rejoindre le trou dans le mur du salon, pour le traverser pour atterrir chez Joseph Bakinov son voisin … singulier également.  

Andreï n’avait jamais rampé aussi vite lui semblait-il, excité à l’idée de faire entendre l’enregistrement à son voisin et ami.  

Les relations étaient ce qu’elles étaient, mais en bon geek bien primaire, Andreï était du genre associable avant les premières violences ici, chez lui, à Irkoutsk, région sibérienne de la Russie.  

Jusqu’au jour où les premières émeutes firent leurs apparitions, menées par bon nombre de personnes tirant en l’air avec des armes automatiques … cela sidéra Andreï. Les civils planquaient des armes chez eux ou quoi ? Il fit la connaissance de Joseph le jour où une de ces fameuses balles perdues rencontra l’épaule de celui-ci. Il frappa chez Andreï pour lui demander de l’aide et ils firent connaissance. 5 années sans véritablement se parler et puis là, des liens se créèrent. Les coïncidences … Joseph Bakinov, 51 ans, scientifique « à la retraite », et ancien astronome mis au placard pour avoir était un peu trop curieux justement. Joseph avait travaillé à la conception des fusées et du programme Soyouz il y avait de cela un certain nombre d’années maintenant.  

Le trou crée dans le mur entre les 2 logements permettait de pouvoir communiquer directement tant en ayant son propre « territoire ». Andreï frappa contre le panneau bouchant le trou et attendit … frappa de nouveau 3 secondes plus tard …  

Le panneau coulissa et Joseph apparu. Andreï lui brandit derechef la clé USB sous le nez et lui expliqua la situation.  

Enfin, ils purent écouter ce qui avait été enregistré. Andreï, toujours agité par le scoop qu’il avait réussi à obtenir, ne cessait d’observer son ami lors de l’écoute. Joseph, assis, restait posé et calme, les sourcils froncés et enregistra lui également d’une traite le document.  

Il avait entendu parler de cette phase « Exodus » et son déclenchement était de mauvais augure pour tout le monde, cela signifiait purement et simplement le transfert des populations vers une planète habitable, et plus que tout l’abandon de cette terre. Joseph se rappelait avoir eu effectivement des ordres à ce sujet à l’époque, confidentiels bien évidemment mais cette idée délirante de construire des fusées capables de supporter un nombre important de personnes en vue d’un futur exode était donc devenu réalité … Joseph Bakinov se retourna enfin vers Andreï Volkov et lui dit le fond de sa pensée alors que retentissaient toujours au dehors des heurts, les balles fusèrent dans les rues, la guérilla urbaine était omniprésente maintenant …  

Andreï écouta attentivement et les propos de Joseph furent éloquents. Si rien ou peu de choses avaient bougées les Etats résistants agiraient en fonction de l’accord pris à l’époque, à savoir l’élaboration des première fusées / vaisseaux mères. Un projet dantesque dont Joseph n’avait malheureusement jamais pu le voir l’aboutissement.  

La phase « Exodus » était le signe distinctif d’un abandon immédiat du pouvoir des autorités des Etats résistants. Autrement dit, le temps était compté et les populations éligibles pour un transfert avaient dû normalement recevoir un signal leur demandant d’évacuer immédiatement. Les populations visées étaient pour la plupart riches et toutes avaient obtenus forcément un accord financier pour une autorisation d’une ou plusieurs places. Toutes ces personnes étaient en route pour les bases de lancement.  

« Bon sang, mais cela veut dire que nous sommes capables de vivre ailleurs !!! » fit Andreï puis tout en continuant « Et qu’il y probablement des hommes et des femmes vivant … »  

« Sur Mars … c’est certain » lui répondit Joseph.  

Andreï n’était pas dupe et il se sentait impuissant. La fuite … était-ce la solution pour éradiquer les violences ? Une immense colère animait également Andreï, les gouvernements résistants avaient clairement fait le choix de faire évacuer une population ciblée, élitiste finalement ! Il serra machinalement les poings et avait envie de crier toute sa rage !  

Que faire ? Les humains étaient des idiots s’autodétruisant et cette Terre ne serait rien de moins que le témoin de leurs passages. Laminé, Andreï prit congé et repartit chez lui.  

Joseph vit son jeune voisin repartir et il coulissa le panneau derrière lui rapidement … L’annonce via le message lui fit un choc sans commune mesure et il se rendait compte à quel point nous, humains, en étions tous arrivés … D’après ses calculs, les premiers départs auraient lieu le lendemain soir avec l’embarcation des premiers voyageurs, en direction de Mars. Et cela s’enchaînerait sans discontinuer … Ce qui gênait Joseph était que le 1er départ ferait sans aucun doute l’effet d’une bombe auprès des populations et ce serait alors une guerre officielle sans merci, et une course contre la montre pour les privilégiés en partance pour une meilleure destinée …  

Il était clair que les Etats résistants seraient submergés, mais les gouvernements avaient bien faits les choses et les bases de lancements étaient à priori indécelables, enfouies sous terre.  

Tendu mais paradoxalement l’esprit clair, Joseph Bakinov reprit contact avec ses anciens collègues, et tous, sans aucune exception, acceptèrent de réactiver la fusée test Energia.  

Fusée imposante ayant servi au lancement de la navette Bourane, c’était une des rares fusées non démantelées et les contacts de Joseph, au plus près du centre d’enfouissement de Svobodny, à proximité du cosmodrome fermé depuis des années, en Sibérie.  

Les soviétiques avaient pour habitude de stocker pas mal de structures en l’état, pour la plupart en ruines à l’heure actuelle, mais une fois n’est pas coutume Energia si celle-ci le permettait, pourrait être la solution.  

Il contacta Alexandra Poliakov, une compatriote avec qui Joseph s’était lié d’amitié et qui aurait sans doute encore accès au centre abandonné. Alexandra n’était autre qu’une des fondatrices du programme de la Navette Bourane.  

Sur les 5 modèles de navette, seule 2 furent non utilisées, actuellement laissées à l’abandon car le programme n’avait pas pu aboutir faute de financement.  

Selon Joseph, les centres de lancement en Union Soviétique auraient lieu aux autres cosmodromes dont Baikonour, le plus imposant et sans doute celui utilisé pour la plupart des lancements. Il y avait ceux également de Plesetk et de Dombarovski.  

3 sites de lancements en apparence dédiés officiellement à la conquête spatiale russe mais officieusement développés pour permettre de garantir ce pourquoi ils avaient été conçus depuis le départ : un exode.  

… Quelques mois plus tard …  

Andreï dormait encore profondément lorsqu’il fut secoué, en pleine nuit. Il assimila cela à son rêve et cela le fit sourire. Joseph Bakinov le vit au travers du casque de motard qu’Andreï portait pour atténuer le bruit au dehors et pour pouvoir dormir. Après avoir beau l’agitait sans réaction, Joseph braqua sa lampe torche dans le casque tout en tapotant sur celui-ci.  

Andreï ouvrit les yeux, paniqué, et bascula sur le côté du lit sans chercher à comprendre et tomba à terre. Joseph fit le tour et lui fit comprendre d’enlever ce satané casque … ce qu’il fit …  

La phase « Exodus » avait largement contribué à ce climat ambiant de guerre, les révoltes étaient disséminées un peu partout dans le monde, une anarchie totale avait pris place. Aux Etats-Unis et en Union Soviétique, les états résistants cadrèrent difficilement le projet avec les premiers départs. Dans la précipitation, les cosmodromes furent quadrillés militairement avec l’autorisation de tirer sur la population.  

Ainsi, le point de non retour est définitivement atteint et Andreï, à travers le casque, ne comprit pas immédiatement ce que disait Joseph mais ses gestes furent explicites : il était temps de partir …  

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Réalisation : Eileen Jankel  

Casting :  

- Hugo Hanson (Andreï Volkov)  

- Bernd Wryn (Joseph Bakinov)  

- Madeline Bucks (Alexandra Poliakov)  

- Tia Starcks (Assistante d’Alexandra Poliakov)  

Guest-Stars:  

- Edward Bradford  

- Will Wenders