Mark (Ivan Elias) arriva à son bureau comme tous les matins. Encore une journée pourrie se dit-il.  

Lui qui aspirait à une brillante carrière de journaliste criminel, qui avait espéré suivre les enquêtes les plus célèbres de France, côtoyer les plus fins limiers, interroger les pires psychopathes que la Terre ait pu connaître, il s'était finalement retrouvé à la rubrique faits divers d'un pauvre journal de quartier.  

Quelle déception. Sa fascination pour le Mal s'en trouvait insatisfaite mais il en était ainsi. Il suivait quand même de loin les enquêtes en cours et pour celà, le net était son meilleur ami. Chaque matin il lisait les dépêches, au cas où.  

Ainsi ce matin, comme à son habitude Mark surfait sur internet, son café à la main. Soudain son regard se figea, le gobelet en plastique lui glissa des mains.  

En grand sur son écran s'affichait : "UN TUEUR DANS LA JUNGLE"  

Mark plissa les yeux comme pour mieux voir et commença à lire l'article. Un homme avait été arrêté quelquepart dans la jungle sénégalaise à l'intérieur d'une case dans laquelle avait été retrouvé une jeune femme blanche. Elle avait été retrouvée morte dans une drôle de posture et le corps recouvert d'une substance non identifiée pour le moment.  

Rien n'était détaillé dans l'article, mais quelquechose d'inhabituel en ressortait. Mark décrocha son téléphone d'un geste rapide. Le Sénégal. Il y avait passé beaucoup de temps, ses parents étaient partis vivre là bas et lui même y avait fait ses premières armes de journalistes. Il avait donc de nombreux contacts là bas, notamment dans la police ou chez les avocats. Peut être tenait-il là l'occasion de satisfaire son obsession.  

Après plusieurs appels sans réponses ou sans obtenir d'informations, il obtint enfin quelquechose à se mettre sous la dent. Un de ses contacts l'informa donc qu'un homme avait bien été arrêté. Il s'appelait Bakary N'drissi (Richard Kydd), et on l'avait trouvé dans une case perdue dans la jungle dans laquelle gisait morte, Hélène Mormier (Lucy Burdwell), une jeune étudiante française qui avait été signalée disparue quelques jours plutôt.  

Mark apprit alors que ce n'était pas la première jeune fille récemment disparue mais c'était la première qui avait été retrouvée. Son contact lui précisa que toutes les disparues étaient blonde aux yeux et que Bakary avait été directement envoyé en hôpital psychiatrique en attendant son jugement.  

Mark nota le nom de l'hôpital sur son calepin, remercia son contact et chercha sur le net les coordonnées du fameux hôpital. Il le trouva rapidement et appela. Mark se fit alors passer pour un célèbre journaliste français et demanda s'il était possible d'entrer en contact avec Bakary N'Drissi, de le voir, de l'interviewer. Mark se heurta à un refus net et catégorique. Il sentit qu'il ne fallait pas insister, remercia son interlocuteur et raccrocha.  

Mark ne tenait plus en place. C'était vraiment une occasion inespérée. Un probable tueur en série arrêté dans un pays qu'il connaissait parfaitement et où il était possible de faire des entorses au règlement moyennant finance. Mark passa ainsi sa journée à essayer d'entrer en contact avec ce Bakary, tout d'abord en contactant les personnes en charge de l'enquête, puis en essayant de trouver l'avocat chargé de la défense de l'accusé. En vain.  

Rien n'aboutissait. Mark explora ainsi plusieurs pistes les jours suivants mais hélas, il dût se contenter de suivre les informations sur internet, les journeaux télévisés français n'accordant que très peu de temps à cette affaire. La frustration de Mark était palpable, il n'arrivait presque plus à dormir, une seule question le hantait. Comment entrer en contact avec ce tueur?  

Un soir, enfermé chez lui à ruminer, une idée germa dans sa tête. Une groupie. Les tueurs en série avaient souvent des groupies, des femmes avec qui ils pouvaient entretenir une correspondance. Mark se précipita sur son bureau, s'empara de feuilles blanches d'un stylo. Il passa ainsi plusieurs heures à écrire, effacer, corriger, déchirer et jeter des feuilles. Il fallait bien choisir ses mots pour que ça soit sa lettre qui soit retenue par Bakary, soigner l'écriture, l'orthographe car d'après les informations que Mark avait pu recueillir, Bakary N'Drissi était loin d'être bête. Mark avait décidé de se faire passer pour une jeune étudiante en psychologie et notamment en profilage.  

Après quelques heures, Mark relut la page qu'il avait écrite. Il était en sueur, nerveusement très fatigué, mais satisfait.  

Il avait également trouvé sur internet, une photo d'une jeune fille blonde ressemblant à la dernière victime de Bakary. Il hésitait à la joindre au courrier. Finalement, il ne glissa que la lettre. Désormais, pour Bakary, Mark s'appelait Virginie (Carrie Buffet), jeune étudiante en psychologie de 25 ans. Il alla poster la lettre immédiatement malgré la nuit déjà bien avancée, l'appât était lancé, il fallait attendre maintenant.  

Les journées passèrent, interminablement. Mark ouvrait sa boite aux lettres plusieurs fois par jour. Il savait que c'était inutile mais c'était plus fort que lui. Il n'arrivait plus à se concentrer à son travail, il passait la plupart de son temps sur internet à chercher de plus en plus d'informations sur Bakary N'Drissi et à peaufiner son personnage d'étudiante. Il devait être prêt en cas de réponse du tueur, il ne devait pas commettre d'erreur.  

Au bout d'une dizaine jours, Mark avait fini par accepter de ne pas recevoir de réponses. Un soir, en revenant de son journal, Mark prit son courrier sans trop le consulter. Une fois chez lui, il remarqua une lettre cachetée du Sénégal. Son cœur s'emballa.  

Il l'ouvrit lentement et en tira une feuille de papier. Il lut les premiers mots.  

"Chère Virginie...."  

Son sang s'arrêta de circuler. Bakary N'Drissi avait mordu à l'hameçon, la graine qu'il avait semé avait germé.  

Il ne savait pas encore ce qu'il allait récolter...