Le bus n°33-506 en provenance de Lestat ralentissait, le couinement des freins se fit entendre dans la rue et Dan Peckeman ( Basil Duval ) prit appui sur son siège pour se mettre debout à cet instant précis. Il prit précautionneusement sa valise dans le porte-bagage situé en hauteur juste au-dessus de sa tête, laissa passer une dame âgée qui le dévisagea puis attendit dans la file d’attente du bus. Ce dernier vrombit une dernière fois avant de s’arrêter, les portes coulissantes s’ouvrirent et enfin les voyageurs devant lui descendirent chacun leur tour. Il en avait fallu du temps pour remonter la piste mais Dan avait réussi, et en ce jour de printemps 2042, un sourire au coin des lèvres, il se dit qu’il tenait maintenant à bout de bras ce qu’il avait toujours voulu au plus profond de lui-même. Dan Peckeman était de retour.  

En descendant du bus, le soleil l’éblouit et il mit instinctivement sa main en visière pour se couvrir les yeux et la peau de son visage brûlé, cramoisi … Le temps n’arrangeait en rien ses fichues brûlures et même si Dan Peckeman avait accepté ce qu’il était devenu, il n’en demeurait pas moins fragile et le soleil le lui rappelait à chaque instant ainsi que ses cauchemars latents revenant chaque nuit.  

Il se dépêcha de rejoindre l’ombre d’un gigantesque bosquet situé près de l’arrêt de bus puis se mit à genou, ouvrit sa lourde valise en jetant un œil inquisiteur aux alentours, prit une casquette sur le dessus de ses affaires composées de grenades, cartouches et ses deux uzis chargés puis la referma rapidement.  

Il ajusta sa casquette sur son crâne chauve et brûlé également comme la majeure partie de son corps. Les chairs tiraient et il grimaça de douleur. Les antidouleurs avaient leur limite, mais ce n’était plus le cas de Dan Peckeman.  

Il reprit enfin sa marche, au plus près des arbres bordant la rue, à l’ombre.  

Machinalement, Dan repensait aux efforts qu’il avait fournis pour remonter jusqu’ici.  

…  

Commanditaire pour le compte de Steven Aldrich ( Duckas Calvitie ), avocat véreux pour la défense du dossier « du Linge Sale » opposant Mick Biasi ( Rene Henriksen ) à Alan Grant ( Will Wenders ). Sombre affaire de détournement de fonds de la part Mick Biasi dit « Mickey », un des mafiosi les plus hauts placés du gang sévissant dans la ville contre Alan Grant, boss de la banque multinationale Grant & Co.  

L’échange fructueux fonctionnait à merveilles depuis des années maintenant : Mickey dealait de l’héroine au sein de la boîte via le boss en personne et garantissait sa sécurité personnel dans le quartier contre du fric émanant de la caisse noire gérée par Alan. L’efficacité de Mickey n’était plus à démontrer et les gêneurs susceptibles de balancer au grand jour le commerce parallèle qu’entretenait Alan vis-à-vis de ses clients concernant l’héroine était purement et simplement éliminé, avec le consentement d’Alan Grant. Cependant, l’excès de zèle de Mickey marqua un terme définitif à cet échange outre le fait que le mafiosi devenait gourmand financièrement pour les services rendus. Un des plus gros clients d’Alan Grant, Peter Bradoff pour ne pas le citer, Patron de la Bradoff Insurance, ami d’Alan et consommateur assidu d’Héroïne et par ailleurs une des plus importantes société de courtage en assurance de la ville, court-circuita Alan pour dealer lui-même ce qu’Alan lui revendait, avec moins de finesse … L’info ne fit qu’un tour et les médias s’emparèrent de l’affaire et tandis que la piste remontait à Mickey, celui-ci liquida Peter Bradoff, sans regret.  

Scandale ! Et de Bradoff à Grant il n’y avait qu’un pas et Grant balança Mickey sans vergogne.  

Autant dire que lorsque Steven Aldrich apprit qu’il défendrait Mickey Biasi, ce fut comme enfoncer son pied dans un piège à loups. Rapidement, le gang mafieux mit les pieds dans le plat et lui dicta comme défendre son client. Au bout du rouleau, sachant sa réputation minée par l’affaire, il vit en Dan Peckeman, la solution finale au dossier. Ainsi, Dan Peckeman fut chargée de liquider Mickey, par tous les moyens possibles, il avait carte blanche.  

Le plus compliqué fut d’approcher Mickey, prit actuellement dans le tourment de l’affaire.  

Dan prit donc l’initiative de le filer pendant quelques jours pour connaître sa vie, ses habitudes enfin celles qu’il lui était encore permises…  

Indéniablement, il lui serait impossible d’être au plus près de lui et Dan réfléchit au moyen de l’éliminer : poison, sabotage … oui sabotage, Mickey se déplacait et il pourrait faire en sorte qu’un accident mortel puisse arriver. C’était décidé, il allait mettre en œuvre son plan mais il savait pertinemment qu’il était sacrément risquer d’agir. Il n’était pas exclu qui fut également filer par le gang … Et Dan contacta l’avocat Steven Aldrich pour lui faire part du plan et de ses complications. Dan lui proposa un marché puisqu’ils étaient coincés : Steven Aldrich se devait de participer à la disparition de son client. L’avocat demanda un temps de réflexion avant de rappeler le lendemain pour accepter l’offre, il était temps d’en terminer avec Mickey Biasi. Les médias ne cessaient de le harceler et le gang le manipulait. L’élaboration du plan se fit dans une chambre hôtel à proximité de là où créchait Mickey puis après un bref échange, la nuit tombant, Steven mit les fringues de Dan et prit sa voiture. C’était clair maintenant, de la chambre où Dan observait, il vit une voiture démarrer pour suivre la sienne avec Steven à l’intérieur.  

Il était temps pour lui d’agir et descendit de l’hôtel pour marcher jusqu’à la voiture de Mickey … vide à première vue, elle était garée dans une ruelle jouxtant l’endroit où il se trouvait. Dan s’approcha et plongea sous la voiture et fit soigneusement ce qu’il devait faire … Concentré, vite, il devait faire vite fait, et bien fait. Les oreilles aux aguets, nerveux, il entendait en fond sonore les discussions de plusieurs personnes, des éclats de voies … il finit sa tâche avant de s’apercevoir en se remettant debout que les voies étaient beaucoup plus près qu’il ne le pensait ! Dan Peckeman détala le plus silencieusement du monde et alla rejoindre la voiture de Steven Aldrich, s’installa au volant.  

Il ne fallut pas longtemps pour voir sortir Mickey et ses gorilles, ils sortirent du logement et entrèrent, Mikey le premier, dans la Lincoln que Dan avait saboté. Le véhicule démarra et Dan Peckeman fila la voiture à une distance raisonnable, il devait s’assurer que le plan fonctionnerait. Steven Aldrich avait préalablement appelé son client lui demandant de venir le voir dans un pub à la sortie de la ville, pour clarifier les arguments de sa défense selon lui … Mickey devait être tombé dans le panneau puisque la Lincoln sortait effectivement de la ville en prenant la rue la plus pentue de la ville, les freins lâcheraient sans aucun doute au bas de celle-ci.  

Dan vit au loin les néons du Pub et la rue y menant. Steven ne s’y était pas trompé, le Pub se situait au bas d’une rue en pente véritablement raide. La nuit faisant et la circulation étant plutôt fluide, La Lincoln accéléra et Dan suivit, le sourire au coin des lèvres.  

Le freinage du véhicule, plutôt bon dans un 1er temps se détériora immédiatement dès le second coup de frein senti pour arriver à un feu. La Lincoln fit une embardée sévère dans la rue, obligeant les véhicules à l’éviter, crissements de pneus à l’appui. Dan slaloma entre les voitures pour suivre l’allure effrénée de La Lincoln, l’obligeant à freiner également … rien, les freins de sa voiture ne répondaient plus non plus !!! Son cœur battait à tout rompre, et un nombre conséquent de questions surgit à cet instant dans sa tête : Qui ? Quand ? Comment ?  

Pas le temps de cogiter, il fallait d’abord se sortir de ce merdier. La voiture évita de justesse des piétons et continua son allure tout comme la Lincoln qui arrivait au bas de la rue à une vitesse hallucinante. Dan ne cessait de voir à l’avant les voyants de freinage de la Lincoln s’allumer et s’éteindre … Celle-ci, à une cinquantaine de mètres du Pub, dévia de la rue pour se diriger vers le trottoir et les buissons le longeant. Les passants se jetèrent tous sur le côté à la rencontre de la Lincoln, roulant sur les buissons.  

Les yeux écarquillés et toujours concentré, Dan prit le même chemin contre toute attente.  

Il observait la Lincoln, toujours à vive allure … soudainement les portières s’ouvrirent à la volée ! Mickey Biasi le premier se jeta dans les buissons ainsi que ses compères, flingues à la main … Dan Peckeman les dépassa et vit tous les détails de la violence du choc de la Lincoln et avant l’inévitable … la Lincoln s’encastra violemment dans le Pub, les vitres explosèrent et des cris s’élevèrent dans la rue. Un carnage total, un incendie prit immédiatement et le semblant de Pub se mit à cramer furieusement sous les flammes.  

Toujours au volant, paniqué, Dan vit l’enfer devant lui. Il ouvrit la portière et sauta avant que la voiture ne percute le pub enflammé… un peu tard.  

Le choc provoqua une explosion tonitruante qui engloba Dan Peckeman, à terre. Les flammes le dévorèrent vivant et hurlant de douleur, il se vit entouré de Mickey Biasi, tout sourire malgré les contusions, et ses agents. Dan entendit une alarme se déclencher au loin et vit Mickey Biasi le pointer du doigt avant de disparaître.  

…  

Disparaître, c’est ce que faillit faire Dan Peckeman et la convalescence fut longue. Il prit la fuite ni plus ni moins, loin ; bien qu’il avait toujours le secret espoir de retrouver ce Mickey Biasi et de lui faire la peau. Les médias fustigèrent lors de la nouvelle et Steven Aldrich fut radié du barreau de San-Francisco. Une enquête fut lancée pour déterrer les magouilles de cet avocat véreux, le « scandale Aldrich ». Pour le coup, cette histoire relégua au second plan l’affaire Biasi contre Grant qui fut suspendu le temps d’éclairer le merdier engendré par Steven Aldrich.  

…  

2 ans plus tard, après avoir sérieusement rongé son frein, Dan Peckeman reprit contact avec le milieu et il engagea quelques indic’ pour remonter à Mickey Biasi. Il habitait du côté d’une cité pavillonnaire, chic et sous le contrôle de la mafia bien entendu. Pour sûr, il dormait sur ses lauriers.  

Aussi, Dan Peckeman arriva enfin au rendez-vous fixé par son indic’ toujours sous un soleil torride. Il le salua puis ils entrèrent dans la Lincoln, demandée à l’initiative de Dan. Il jeta un œil sur le mécanisme fabriqué à l’intérieur de la voiture : tout simplement parfait. Ils ajustèrent les derniers détails. Enfin Dan en ressortit et eut son objectif en vue : à une cinquantaine de mètre, en face de lui, se trouvait la résidence de Mickey Biasi.  

D’après les informations, son véhicule personnel était là sans aucune surveillance particulière ; il était clair que la mafia avait mit son grain de sel dans ses affaires et Mickey Biasi n’était plus inquiété à l’heure actuelle. Grand bien lui fasse …  

Dan marcha à hauteur de la haie de la résidence et, à l’ombre d’un bosquet, se prépara à l’assaut. Armé et fin prêt à en découdre, il jeta un regard à son indic’, situé à proximité de La Lincoln, réplique exacte de celle de Mickey Biasi à l’époque. Enfin, Dan Peckeman regarda sa montre, fit un 1er signal et l’indic mit le contact, la voiture démarra. L’indic’ mit en place le pied automatique qui fit accélérer dans le vide la voiture, puis enfin jeta un dernier regard à Dan …  

Dan Peckeman, armé de ses flingues et de ses grenades, fit le dernier signal et la Lincoln vrombit et crissa des pneux dans un bruit monstreux coupant court au silence ambiant avant de se diriger droit vers la résidence… « Ce n’est qu’un simple retour des choses » se dit Dan Peckeman avant de se protéger du choc et d’enlever la sécurité des pistolets mitrailleurs.