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MiklProd présente
Lettre de voyage

Chère toi,  

 

Je t’écris d’ici et de là-bas. Je t’écris de partout et de nulle part à la fois, pour peut-être me rapprocher ou m’éloigner de toi, je ne sais pas. Je t’écris par besoin, par envie ou simplement pour te raconter tout ce qui peut me passer par ma tête.  

 

Je t’écris de cette place oubliée, cette place que personne n’ose regarder tant qu’elle est devenue ce qu’elle est. On n’y voit plus personne, plus une âme vivante. Pourtant, dire que cette place était belle dans les beaux jours. Il y avait toute sorte de personnes, des plus jeunes qui jouent aux ballons au plus vieux qui lisent leur journal quotidien sur les bancs en bois fraîchement repeint, en passant par les ados boutonneux qui font leur premier baiser au bord de la fontaine du centre, les jeunes amoureux qui s’y promènent main dans la main ou les jeunes mariés qui y passent un peu de temps pour profiter l’un de l’autre. Tu vois, cette place, elle était belle, elle était vivante, on y sentait le bonheur, la verdure, les douces fleurs qui nous chatouillaient le nez. Aujourd’hui, les bancs sont usés par le temps, la fontaine ne coule plus, laissant place à ce tas de vases, les fleurs sont mortes et la verdure est sèche. Tu vois je t’écris d’ici où tout a changé.  

 

Je t’écris de cette rue déserte une fin d’après-midi où personne n’ose passer. Le vent a pris place, laissant voler de vulgaires morceaux de papiers de part et d’autres de la rue. Je me rappelle de cette rue il y a peu de temps. On y voyait toujours du monde, je n’entends pas qu’une personne mais des trottoirs noirs de monde ! On pouvait y croiser un ami, une connaissance, un collègue, un ennemi ; peu importe puisque personne ne faisait attention à personne. Tout est devenu si différent en peu de temps. Même un chat noir a peur d’y circuler lorsque la pénombre s’installe. Je n’ai pas peur d’y passer, me laissant submerger par une vive émotion dont la nature reste classée X. je traverse, le froid m’emportant, ce tas de goudron mort, observé par de vieilles affiches plus ou moins déchirées, usées par le temps.  

 

Je t’écris de cette gare d’où personne ne veut partir. Les wagons rouillés restent à quai vides. Plus personne n’ose entreprendre un voyage, de peur de ne pas revenir, de peur d’y laisser beaucoup de choses. Je me souviens de tous ces trains au départ des grandes villes. Je voyageais en les regardant. Londres, Rome, Marseille, Bruxelles, Berlin, toutes ces destinations, tous ces rêves touchés du doigt que je n’exhausserais jamais. Sur ce quai, il n’y a plus personne qui m’attende, plus personne qui attende leur amour, leur famille, leur bonheur, plus personne qui laisse partir leur malheur, leur tristesse, leur larme. L’horloge s’est arrêtée sur midi depuis fort longtemps.  

 

Je t’écris de cet appartement vide, où seuls les murs blancs et le carrelage couleur beige subsistent. Cet appartement que j’ai connu il y a une époque si joli, avec cette décoration si simple mais si personnel. Je revois encore les cadres de New York dans chacune des pièces, ces cadres en noir et blanc que j’affectionnais tout particulièrement. Tout est coordonné, au point d’avoir toutes les pièces presqu’identiques. Maintenant, il n’en reste rien si ce n’est qu’un vague souvenir, où chaque élément n’arrive à trouver une place.  

 

Je t’écris de ma vie. Tu la connais, cette vie. Tu la connais trop même. Tous ces lieux qu’on a un jour traversés, partagés et qui aujourd’hui ne vivent plus parce que tu es partie. Depuis ton départ, rien n’est pareil, tout est différent. Je ne sais pas si le fait d’aller dans chacun de ces endroits pour me rappeler ton souvenir est quelque chose de bon. Je m’en fous, je le fais quand même, inconsciemment. Je vais retourner dans cette vie, traînant sur le quai de cette gare sur lequel je t’ai laissé partir pour ne jamais revenir, sur cette place où nous nous sommes embrassés la dernière fois, dans cette rue où nous avons partagé notre premier « je t’aime » et dans cet appartement où tu m’as dit que tu ne m’aimais pas.je vais y retourner pour tourner une fois pour toute cette douloureuse page.  

Scénario :
une série Z dramatique de Sofia Capella

Jordan Karas

Diane Black
Sorti le 25 octobre 2042 (Semaine 1973)
Entrées : 617 612
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