Le vieil homme appelé « le pousseur » et qui habitait à la sortie de la ville de Kingle Town, avait disparu. La rumeur enflait sur une éventuelle piste pour homicide volontaire mais il n’y avait rien de tangible là-dedans. Le marginal posait problème à tout le monde, non pas pour d’éventuels accès de violence, le pauvre était sénile depuis un bout de temps, mais par le fait qu’il avait martyrisé une génération d’enfants il y avait de cela une vingtaine d’années au sein de cette ville. Ces enfants devenus adultes aujourd’hui vivaient dans une omerta la plus complète sachant qu’aucun d’entre eux ne se connaissaient … a priori.  

Emily Evans, maintenant libérée de ce fardeau, soulagée d’une partie sombre de son esprit, entreprit de comprendre ce qui lui était arrivée car la jeune femme, mère de famille, vivait un malaise sans nom sans jamais se l’avouer et elle n’avait jamais confié ce qui l’avait tourmentée il y avait maintenant une vingtaine d’années.  

La gorge nouée, Emily gara son véhicule le long de la résidence coloniale, délabrée … les vestiges du temps avait fait leurs œuvres. Ce n’était pas la maison en elle-même qu’Emily craignait le plus …  

Elle descendit de la voiture tranquillement et se dirigea vers l’entrée de la demeure … La boîte à lettres était pleine de prospectus, boîte à lettres qui avait fait qu’elle fût abordée par Monsieur Peacock autrement dit « le pousseur » …  

…  

Emily était âgée seulement d’une dizaine d’années et comme beaucoup de ses camarades, la jeune fille aimait faire quelques bêtises, histoire de passer le temps. Kingle Town était une ville ouvrière, les enfants y trouvaient rarement leurs comptes pour s’amuser, tout simplement penser à autres choses que de rester chez eux à attendre que leurs parents rentraient de leurs lieux de travail. Aussi, après l’école, il était coutume de faire quelques plaisanteries … notamment de jeter des pétards dans les boîtes à lettres, cela faisait un bruit du tonnerre et c’était plutôt marrant d’observer, derrière un bosquet, les vieillards du coin s’agiter et s’énerver entre eux. Bref, le summum de la plaisanterie était de pouvoir insérer un de ces mini-explosifs dans la boîte à lettre de la résidence Peacock. A l’époque déjà, l’on disait que l’homme était un peu dérangé, mystérieux et que l’on ne le voyait que rarement. Mais à en croire ce qu’était arrivé à Emily, « le pousseur » avait dû la repérer depuis un moment, sans doute depuis chez lui derrière une fenêtre car il n’avait pas hésité à l’interpeller un jour que la jeune fille rentrait seule de l’école, une fois n’était pas coutume.  

La jeune femme d’aujourd’hui se rappelait maintenant l’aspect plutôt engageant finalement de l’homme et elle s’était dit qu’il ne lui inspirait pas de craintes particulières.  

L’homme aux cheveux poivre et sel avait même balayé plutôt aisément les barrières psychologiques que lui avaient toujours inculquées ses parents … Les sempiternelles « évite de discuter avec des inconnus qui te paraissent louches etc… » … Ses parents avaient complètement raison mais Monsieur Peacock avait un argument de choix qui la fit craquer : il possédait une balançoire.  

Il vit bien évidemment l’envie irrépressible de la fillette, elle n’en avait jamais fait … et c’était ainsi qu’il l’invita à faire le tour de la maison pour rejoindre le chêne qui était resplendissant à l’époque ….  

…  

Ce qu’elle fit également ce jour, Emily fit le tour de la résidence en sachant pertinemment ce qu’elle trouverait de l’autre côté. De la crainte mêlée à une envie malsaine de se dire qu’elle avait à l’époque adorée se balancer dans le vide sur cette balançoire improvisée, accrochée à une branche de l’arbre. C’était bon de sentir le vent dans ses cheveux et ne plus sentir le sol sous ses pieds … Une joie d’enfant finalement, rien de plus. L’homme qu’elle ne connaissait absolument pas il y avait quelques minutes, paraissait si jovial et si heureux de pousser la jeune fille sur la balançoire que cela devenait comme un enchantement pour elle. Un moment de pur bonheur … profiter d’une balançoire pour elle toute seule, c’était certain elle en ferait part à ses amies le lendemain. Elle n’avait tout bonnement pas vu les heures passer et Emily fut coupée net dans son élan par l’homme, soudainement. Surprise, elle se retourna, toujours assise sur sa selle, et vit l’homme ne plus rire, ni sourire, du tout.  

Emily passa également d’un état d’extase absolue à une mine renfrognée en l’espace de quelques secondes et elle se mit debout immédiatement.  

L’homme la dévisagea gravement « Emily j’ai un service à te demander … »  

La jeune fille s’était demandé de suite, intérieurement, comment Monsieur Peacock connaissait son prénom puisqu’elle ne lui avait jamais dit d’après ses souvenirs …  

…  

Songeuse, les sourcils froncés, Emily retrouva ses esprits immédiatement lorsqu’elle s’aperçut qu’un enfant l’avait manifestement devancé cette fois-ci … Elle accourra jusqu’à un jeune garçon assit sur cette bonne vieille selle pendue à cette même branche, tout de même rabougrie par le temps mais toujours marquée aux 2 endroits où les cordes étaient ancrées. Le reste de l’arbre, encore vigoureux, semblait indifférent à ce qui s’était passé mais avait été le témoin d’un implacable chantage qu’Emily avait accepté. Emily se pencha vers le jeune garçon, choqué, et elle lui demanda ce qu’il craignait le plus …  

...  

« Ecoute » dit Monsieur Peacock, si près d’elle qu’elle sentait son haleine fétide. C’était à ce moment précis qu’elle s’était dit qu’elle avait passé outre les règles imposées par ses parents et qu’elle allait le regretter.  

« J’ai un problème avec beaucoup de personnes dans cette ville, et ces personnes m’en veulent » dit l’homme  

« Pourquoi ? » avait répondu Emily  

« Parce qu’elles détestent les enfants ! Tu sais garder un secret Emily ? »  

« Oui … oui » balbutia la fillette  

« C’est parfait alors tu vas pouvoir m’aider. J’ai un marché à te proposer … »  

La fillette écouta attentivement le pacte et l’accepta.  

Monsieur Peacock lui donna le prénom ainsi que le nom d’une personne vile qui lui en voulait affreusement d’après ses dires … Le deal était simple, Emily devait se charger d’éliminer cette personne de quelque manière que ce soit sur le fond … sur la forme Emily devait s’engager à pousser cette personne, peut importe l’endroit, la hauteur … et de s’assurer que cette personne soit morte … En contre partie, Emily pourrait revenir jouer le temps qu’elle voulait, quand elle le voulait. Et ce qui s’était passé pour Emily bien malgré elle … elle passa à l’acte en poussant un beau jour cette veille femme, acariâtre, au moins Monsieur Peacock avait raison pour cela … Elle passa sous un camion en pleine heure de pointe, sous l’impulsion soudaine de la jeune fille qui disparut sur le champ pour ne pas assister à cet acte innommable dont elle était que le faire-valoir …  

…  

Emily s’agenouilla et regarda le jeune garçon, tremblant de tout son être … Elle lui posa cette simple question « Qu’est ce qu’il t’a dit ? »  

…  

Le temps passait et en réalité, Emily sut malgré tout que quelques uns de ses camarades furent abordés de la même manière et étaient tombés dans le piège comme elle … Un traumatisme horrible qui avait flingué sa vie, ni plus ni moins, à l’heure actuelle car elle était toujours sous calmant, vivant cet acte, à jamais.  

Et comme bon nombre de ses camarades « piégés », Emily s’aperçut que ce homme horrible avait effectivement « des problèmes » avec beaucoup de personnes ici même, qui n’en était plus puisque la plupart étaient mortes volontairement par l’intermédiaire des enfants manipulés.  

….  

Le jeune garçon disait s’appeler Tom, était blanc comme un linge et ne cessait de sangloter, tremblant comme une feuille …  

Emily attendit patiemment avant de renouveler sa question … elle aussi trembler …  

« Tom, que t’a dit Monsieur Peacock ? »  

Le jeune garçon l’a regarda enfin, droit dans les yeux « Qu’il avait un problème avec lui-même … »  

--- > Paul Birdnam, Directeur du genre Thriller < ---  

John Walter signe là sa 3ème collaboration avec Boost Films Production pour un thriller glauque et manipulateur.  

Distribution :  

Bernd Wryn : Monsieur Peacock  

Heather Jezek : Emily Evans (adulte)  

Quentin Ellman : Tom  

Jenny Hedges : Emily Evans (enfant)  

Musique par Basile du Prez