Surcharge pondérale, absence de muscles, graisse, voilà le portrait peu aguichant de Drew Manning. Et pourtant, six mois plus tôt, ce coach sportif à mi-temps avait le profil sculptural des sportifs les plus à l'affût du moindre gramme de gras.  

Un rat des salles de fitness qui gonfle à vue d'oeil  

Obsédé par son apparence et par sa dose de sport quotidienne, abdominaux en béton, biceps tracés, pectoraux d'acier, Drew Manning a fait le pari fou de tout abandonner en 23 semaines et a de la sorte pris près de quarante kilos. Son objectif? Prouver que l'on peut vaincre l'obésité en six mois.  

Car l'homme qui est passé de 87 kilos de muscles à 120 kilos de graisse s'est transformé dans le seul et unique dessein de perdre tout le poids accumulé en un semestre, avec pour seule aide son expérience et ses talents de coach sportif.  

Afin de mieux comprendre ses clients, le jeune Américain de trente ans a décidé de se mettre dans leur peau. Comprendre quelle est la charge physique, émotionnelle et mentale qu'un gain de poids important peut avoir sur un individu. Ainsi que la difficulté psychologique et physiologique de perdre le poids accumulé et les efforts à engranger pour arriver à récupérer un corps sain.  

Fast-food et glandouille  

Le coach, qui a trouvé le bon moyen d'attirer des clients potentiels en prouvant de quoi il est capable, a retracé dans un site consacré à son aventure spectaculaire tout son parcours, vidéos et photos progressives à l'appui. On l'y voit se goinfrer, se prélasser, grossir.  

Les personnes en surpoids peuvent dès lors s'identifier à sa métamorphose, s'identifier à son combat à venir et reprendre confiance en leur avenir. En s'adressant à Drew Manning, elles auront dès lors la certitude d'être face à une personne qui comprend leur douleur, leurs déceptions, leur découragement, la difficulté de changer d'habitudes.  

Le parcours fou du coach a commencé le 7 mai dernier. Les photos en témoignent, l'homme a une musculature parfaite et une ligne irréprochable. Ce 15 octobre, après 23 semaines sans sport et de malbouffe, il postait un cliché du résultat. Les muscles ont fondu, le ventre autrefois plat est bedonnant. Il est passé de 87 à 120 kilos.  

Et c'est maintenant que le vrai parcours du combattant commence: il devra retrouver son corps et sa santé d'antan. Après six mois de nonchalance, de kilos de donuts et de fast-food, fini de s'autoriser tous les excès alimentaires, retour à la souffrance en salle...  

Pas le vécu d'un véritable obèse  

Mais mis à part le côté risqué de son projet, et l'exemple hasardeux du respect de la santé qu'il offre à ses fans, plusieurs éléments permettent de remettre la démonstration du coach en doute. Si l'on comprend bien l'objectif de Drew Manning, le contexte de son "épreuve" est évidemment tronqué. D'une part, perdre du muscle survient rapidement, quand on est un ancien adepte du body-building. D'autre part, la prise de poids a été fulgurante et n'est pas naturelle pour Drew Manning, et chacun sait que le corps possède une certaine mémoire musculaire.  

En retrouvant ses habitudes saines - manger sain et bouger plus, sa philosophie de vie - il recouvrera une silhouette idéale nettement plus vite qu'une personne obèse depuis dix ans. S'empiffrer durant six mois aura sans doute été une torture pour lui, pas la norme de toute une vie. Le "déclic" (alimentation équilibrée, activité physique), si difficile à acquérir pour les personnes en surpoids, est pour lui un pré-acquis.  

Enfin, il a connu son corps en version "idéale" il y a à peine 23 semaines, il sait que cela est à portée de main. Retrouver le chemin de sa passion, le sport à outrance, est tout ce qu'il attend depuis six mois. Peut-on en dire autant de toutes les personnes en surpoids de longue date?