Une jeune femme endormie sur un siège, se réveilla lentement du sommeil du juste. Un homme, en face d’elle, l’observait, impassible. Adèle, puisqu’il s’agissait de son prénom, ouvrit ses paupières et leva sa tête doucement, éblouie dans un premier temps par la blancheur étincelante de la pièce où elle se trouvait, puis vit qu’on la regardait. Elle se redressa.  

« … Non, je te prie, ne détourne pas les yeux … Regarde moi bien en face et contemple ma fureur »  

« Je … je ne comprends pas » fit Adèle tout en gesticulant sur son siège.  

« Je sens ton regard inquisiteur, mon aspect te répugne, n’est-ce pas ? Que ressens-tu ? »  

« Mais qui êtes-vous ? » interrogea Adèle.  

« Tu mens, ton corps ment, tout ton être est en train de mentir »  

« Mais qu’est ce que … ? Où suis-je ? » Fit la femme tout en se levant précipitamment. Elle se déplaça, ne jeta pas un seul regard de plus vers l’homme puis partit chercher une sortie quelconque dans cette pièce d’un blanc immaculé.  

« Où est la sortie bon sang ? » Elle tâta de ses mains les murs.  

« … Adèle ? »  

Les battements de son cœur s’accélérèrent, il était hors de question de regarder une fois de plus cet homme … répugnant, malade se dit-elle tout en cherchant.  

« ADDDEEELLLEEE !!!!! » se mit à vociférer l’homme situé maintenant juste derrière elle. Il appliqua la paume de sa main sur la frêle épaule de cette dernière.  

Le cri de la femme retentit dans la pièce, elle sursauta comme animée d’une envie endiablée de fuir une peur phobique. Elle se recroquevilla sur elle-même tout en se braquant et en criant comme une furie : « Ne me touchez PAS !!! » dit-elle en criant de toutes ses forces, elle se mit à trembler furieusement.  

« Voilà, nous y sommes, chère Adèle » fit l’homme tout en restant à une distance raisonnable de la jeune femme. Regroupé sur elle-même, les bras autour de ses jambes, la tête enfouie dedans, elle leva ses yeux rouges, les larmes coulaient …  

« Pitié … Qui êtes vous ? »  

L’homme situé toujours à quelques mètres, et la tête penchée, contemplait la posture de la jeune femme, souri puis ferma ses paupières. Il inspira, puis expira, longuement, puis jeta un nouveau regard, presque attendrissant sur Adèle. « Qui … êtes vous ? » répéta-t-elle en balbutiant.  

« Tu … me rejettes, n’est-ce pas Adèle ? » fit l’individu, le visage grave, soudain. Il fit quelques pas en s’éloignant de la jeune femme, les mains dans les poches de son pyjama blanc feutré. Adèle le suivit du regard, le cœur palpitant comme un damné, en priant dieu qu’il ne s’approche pas, ne s’approche plus. Elle grimaça, la peur, sans doute, avait généré des douleurs en elle et elle se tint le ventre … il lui fallait sortir de là, de cette situation au plus vite … elle avait beau scruter la pièce, il n’y avait visiblement pas une seule porte apparente.  

« Réponds-moi je t’en supplie Adèle … » fit l’homme, d’une voix décomposée … Manifestement il pleurait et Adèle serra la mâchoire.  

« Non … non je ne vous rejette pas mais vous me faites peur … Qui êtes-vous ? » fit Adèle d’une voix étranglée.  

« Je suis toi et tu es mienne Adèle, que tu le veuilles ou non » fit l’homme « et je suis là pour te dire que j’existe, que nous existons au plus profond de toi, de ton être ». L’homme sortit une carte de sa poche gauche, et de ses deux doigts qui la maintenaient, il l’envoya en direction d’Adèle, stupéfaite et pétrifiée, ne comprenant rien à tout ce cirque. La carte glissa et arriva aux pieds d’Adèle, elle se pencha tout en fronçant les sourcils pour s’apercevoir qu’il s’agissait de la photo de son compagnon Steven. Elle se leva, prise d’une colère noire et fixa intensément l’homme « Vous n’êtes qu’un putain de psychopathe !!!! Qu’avez-vous fait à Steven ??!!! et à moi qu’êtes-vous en train de faire bordel !!! » S’écria furieusement Adèle.  

« Je suis en train d’essayer de vivre Adèle mais cela tu as peine à t’en persuader » fit sans rompre le contact, droit dans les yeux, l’homme qui ne bougeait pas d’un pouce. Elle commençait à comprendre … doucement mais sûrement, enfin elle le croyait. La mine renfrognée, elle soupira mais restait toujours sur ses gardes  

« Que me voulez-v…. »  

« Ta gueeeuuuullle !!! » vociféra l’homme excédé !!! D’un geste, il éjecta la table sur son passage, elle retomba quelques mètres plus loin dans un fracas qui fit hurler la jeune femme. Droit vers elle, il vint d’un pas lourd et décidé … les larmes aux yeux « Tu ne sembles pas prendre conscience de ta connerie bordel ! » éructa t-il en la poignassant. Adèle complètement paniquée et abasourdie, ne cessait plus de crier alors que son agresseur la souleva comme une plume contre le mur. Les yeux clos, elle martelait de coups de pieds l’homme qui encaissait sans broncher  

« Regarde-moi ! Regarde-moi ! » hurla l’homme  

« Foutez-moi la paix ! » fit Adèle dans ses derniers retranchements. Alors l’homme fit quelque chose qui cessa définitivement toute tentative de répulsion d’Adèle, il apposa tendrement sa main sur le ventre de la jeune femme. Elle ouvrit les yeux instantanément et vit dans les yeux de cet homme qui il était, ce qu’il devait être, une projection humaine de l’inquiétude actuelle d’Adèle.  

« Tom … » balbutia t-elle alors que les larmes coulèrent sur ses joues et elles ne s’arrêtèrent plus. Les deux personnes se regardaient, les yeux dans les yeux.  

« J’ai pris naissance au sein de toi Adèle il y a maintenant 6 semaines exactement et depuis le départ, tu m’as rejeté. Tu aimes Steven sans lui avouer la vérité, ta vérité, ton passé et ce pourquoi tu n’assumes pas ma présence qu’elle soit voulue ou non. Mon avenir ne mérite pas ton passé, tu l’as jugé par toi-même par un unique accord, le tien … avec pour seul conséquence, ton mal-être, ton refus de voir cette vérité qui grandissait en toi. » dit calmement l’homme à la jeune femme.  

Les sanglots d’une tristesse infinie prirent la place des larmes, toujours présentes et ce, pour un bon bout de temps « ce n’est pas de ma faute … Je suis désolée » réussit-elle à formuler.  

« Tu reproduis ce que ta mère a réussit à faire, perdre son enfant … celui qui devait être ton frère »  

Adèle secouait négativement la tête, les larmes coulant à n’en plus finir …  

« Un enfant chèrement désiré pourtant mais tué par sa propre mère en elle … en connais-tu la raison Adèle ? » interrogea calmement l’homme.  

Elle éclata en sanglot soudainement, prise de spasmes elle se mit à crier comme une aliénée … L’homme la tint toujours fermement puis la reposa enfin puis la claqua sévèrement !!! coupant net la crise de la jeune femme.  

« Je ne l’assumerais pas s’il venait à vivre !!! » hurla-t-elle.  

A son tour, l’homme abasourdi, apaisé, tomba sur son séant, anéanti. « Voilà donc la vérité sortie enfin de ta bouche, une vérité pleinement assumée … » Il fouilla de nouveau dans sa poche, et brandit une plaquette de médicaments …  

« C’est ce que tu prends actuellement n’est-ce-pas ? comme ce qu’avait pris ta mère avant non ? Je le ressens en toi … » Adèle, tête baissée ne disait plus rien.  

« Dis-moi Adèle, avant que je ne crève en toi, est-ce toi ou ta mère qui n’assumait pas le fait d’avoir un nouvel enfant pour elle ? un frère pour toi ? Est-ce toi qui manipulais ta pauvre mère pour la faire perdre cet enfant délibérément ? » fit l’homme.  

Pas de réponse …  

« Pose-toi simplement cette question Adèle : est-ce toi ou ta mère maintenant qui souhaite l’effet inverse ? »  

Adèle eut un haut le cœur suivi d’un gloussement de rire de jeune fille délurée, elle leva des yeux mornes, un sourire apparut au coin des lèvres …  

--- > Stan Olinger, Directeur du genre Drame < ---  

Scénario écrit par Walter Young, le projet a été confié aux frères Bradford pour leur troisième réalisation.  

Casting :  

Karl Fusco dans le rôle de Tom, l’homme étrange et enfant d’Adèle  

Julia Kosma dans le rôle d’Adèle