Fell City – The Vanguard (Salt Mountain)  

Par delà la ville grouillante d’une vie combattant sans cesse pour pouvoir survivre, siégeait un endroit bien connu de tous au sein de cette ville, craint des pires crapules encore libres à Fell City. Car s’il était encore question pour certains d’entre eux de devoir échapper à cet endroit … grand bien leur fasse … mais un jour ou l’autre se dresserait devant eux leur destination finale, là où la mort avait pris ses marques et planté son drapeau aussi profondément que possible dans la chair de chacun de ses détenus : la FCRP (Fell City Rotten Prison). Excentré et ancré dans les hauteurs à l’écart de la ville, nul doute que l’établissement officiait à l’obscurité, dans l’ombre d’un sempiternel brouillard qui perpétuait cette ambiance où le silence semblait au premier abord omniprésent, régnant en maître … Il n’en était rien vous pouvez en être sûr.  

Charles Banney reçut un énorme coup de masse ce jour-là. Lui, qui comme beaucoup de ses compatriotes pensait pouvoir vivre sans se soucier de couvrir ses arrières. Après tout, le jeune père de famille et « encaisseur » n’avait jamais à se remettre en question, il en était pourtant arrivé à de telles extrémités … Il vivait à la hauteur de sa réputation : comme un salopard et un redresseur de tort. Travaillant dans une société de recouvrement de créances, le leitmotiv dans le secteur était devenu démentiel, tu payes ou tu crèves … et force était de constater que la plupart des citoyens avait déjà bien du mal à gagner leur pauvre vie. Charles forçait la main, si peu … à coup de batte de Base-Ball le gentleman avait une confiance écœurante en ses capacités dissuasives et cet enfoiré eut une ascension rapide dans la boîte. C’était sûr, l’entraînement y était pour beaucoup, frapper sans laisser de traces mais suffisamment fort pour calmer les ardeurs des plus vaillants débiteurs, il avait déjà déployé tout son talent sur sa famille avant d’entrer dans cette arène qu’était Fell City pour amasser un maximum de fric.  

Sauf que, lorsqu’il fût enfin dans la cible de Black Rain … le soufflé redescendit aussi vite qu’il était monté et une pauvre batte de Base-Ball n’y changerait rien. Charles Banney, pour le bien de ses débiteurs et de sa précieuse famille, fut laminé comme une sombre merde par la justicière. Direction pour le nouveau détenu provisoire : la FCRP, l’endroit idéal pour une fin de vie à la hauteur des attentes de ses pauvres victimes.  

Le périple pour Charles commençait alors. Il se réveilla et sentit un froid accablant, lui prenant la peau à vif … un air frais, pourtant vivifiant dans un brouillard des plus denses. Il se trouvait dans une des geôles extérieures de la structure appelée «The Vanguard », zone de regroupement à front de colline, aux abords du chemin de la traversée dans les hauteurs pour arriver au centre carcéral de la FCRP. L’homme n’était plus aussi fier et s’était regroupé sur lui-même pour garder un maximum de chaleur, le semblant de cellule dans laquelle il était installé demeurait plutôt propre. Seul, il grelottait et attendait tout en se maudissant, il était venu pour lui de refaire un bilan sinistre de sa glorieuse carrière mais il fût coupé distinctement par des bruits de pas conséquents, martelant le sol … Oui, il en était certain, quelqu’un venait dans sa direction et Charles s’approcha des barreaux gelés tout en contorsionnant pour interpeller cette personne  

« Hé ! Hé ! Vous ! J’ai froid bordel et j’ai droit à une couverture » s’exclama Charles lamentablement. Il n’y voyait rien dans cette purée de pois mais entendit maintenant clairement un grincement mécanique à proximité de la cellule, un véhicule … ?! se dit Charles. Il sentit soudain un courant d’air qui expulsa l’air environnant … Il plissa les yeux puis ne tenant plus, mit sa main devant ces derniers et se retourna … avant d’entendre juste devant lui un pied robotisé qui fracassa le sol juste devant la cellule !  

« Nom de dieu ! » se mit-il à gueuler avant de reculer au fond … « Mais qu’est ce que c’est que ça ! » et la sentinelle continua son chemin comme si de rien n’était, continuant sa marche lourde, laissant Charles avec sa peur, maintenant bien présente.  

« Bordel … Bordel … Bordel … » fit-il tout en cherchant du coin de l’œil une ouverture quelconque pour se barrer d’ici. Une espèce de corne de brume sonna alors distinctement et enfin quelques paroles furent prononcées quelque part.  

« Largage des détenus ! » fut lâché suivi de plusieurs lourdes marches robotisées telle que tout à l’heure. Et là Charles fut certain qu’il était parti pour un certain temps dans les limbes d’un enfer organisé.  

Les nappes de brouillard se dissipèrent pour faire place à une marche funeste de prisonniers tous aussi excités, fous à lier, se démenant en vain pour ne pas avoir visiblement à subir les coups des mâtons robotisés appelés les « Guardians ». Les déviants étaient ramenés dans le droit chemin illico à coup de frappe et pire que tout … Charles écarquilla les yeux en constatant que les futurs prisonniers martyrs étaient humains comme cyborg, tous dans le même panier pour aller vers un même endroit.  

Aux premières loges, Charles Banney dans sa cellule assistait à la lente marche encadrée des individus incarcérés pour les dispatcher dans ce qui était en réalité un centre de mise en quarantaine. L’édifice complexe et vertigineux comptait près de 500 cellules, empilées les unes sur les autres telles des containers qui l’on retrouvait sur les ports maritimes. L’homme ou la machine n’était plus là en tant qu’individu mais en tant que groupe sans reconnaissance personnelle. Le début d’une machination sans merci.  

Un puissant projecteur illumina la cellule de Charles qui, aveuglé, se mit à brailler « Seul ! Laissez-moi seul par pitié ! Laissez m… »  

« Unité 3-A, Cellule 615 – Blindfork, Clark Straight, Charles Banney » fit le mâton installé dans le Mécha. La grille coulissa tout en grinçant pour laisser entrer un molosse à la gueule laminée de balafres et portant une espèce de muselière … un tendre à tout point de vue qui prit place à côté de Charles, plus petit que jamais … ainsi qu’un androïde lesté d’imposante menottes qui alla s’assoir de l’autre côté de la cellule.  

« C’est un putain de cauchemar ! » vociféra Charles soudain, les yeux injectés de sang, comme fou. Il fit un bond dans l’interstice de grille entrouverte … en vain … Une paluche le retînt à l’épaule fortement « Mauvaise idée mon tendre … » et le molosse le ramena de force vers lui … Les deux prisonniers furent séparés et tous sans exception trouvèrent une cellule dans des conditions difficiles de proximité.  

Sur le tarmac de la cour où était disposé l’immense mur de cellules, marchait l’agent Rayna Host, responsable du centre de détention et de préparation à l’envoi des détenus vers la FCRP Le visage impassible, elle lui fallait parvenir à organiser ses mauvaises troupes avant la traversée chaotique.  

Dans sa longue et dure carrière, elle ne comptait plus le nombre de cadavres laissés à l’abandon durant le trajet faute de pouvoir calmer les récalcitrants, les ordures de premières ordres qu’elles gardaient seraient envers elle les premières à l’abattre à la moindre occasion … alors sans aucune pitié, elle appliquait la méthode punitive la plus radicale : une balle dans la nuque à la moindre incartade. Une méthode infaillible depuis plus de 20 années mais il fallait bien cela pour mater les pires ordures de la ville ainsi que les déviants débarqués de l’autre versant.  

Une de ses bras droit vînt la rejoindre afin de lui faire son rapport. Banhys Dassa, fit sommairement quelques commentaires sur cette fournée de salopard, celle-ci semblait propice à tenir toutes ses promesses en terme de dangerosité. Alors, d’un commun accord, elles prirent la décision d’activer l’étape intermédiaire qui habituellement, ne servait qu’en cas de nécessité absolue mais celle-ci était maintenant largement employée … afin de tous les mater d’emblée. Ainsi, à une heure relativement tardive, alors que ce lieu était encore plus sinistre de nuit que de jour. Entre les cris fous furieux des détenus insomniaques, le peu d’entre eux dormant d’un sommeil agité furent tiré de leur torpeur afin de procéder pour chacun d’entre eux à la préparation sécuritaire. Lentement mais sûrement se tenait donc dans chaque cellule, le passage tant attendu de « l’esthéticienne » comme elle était appelée d’après les dires de Blindfork. Charles Banney avait passé sa première nuit en tout bien tout honneur avec ses camarades de chambrée, il se massa la mâchoire et essuya ses yeux rouges larmoyants … Clark Straight avait trouvé une destinée toute tracé pour le petit Charles…. Et pour le grand bien du molosse.  

Mais une peur sans nom déferla dans chaque cellule dès les premiers actes entrepris sous les yeux de la responsable Host. Panique générale dans les rangs, lorsqu’à chaque cellule terminée ne subsistait que des cris de douleurs atroces … Charles ne se rendit même pas compte de l’horreur des lamentations venant de partout, il était tellement anéanti, l’esprit ailleurs … partit très loin … ce qui facilita les choses lorsque « l’esthéticienne » arriva à leur niveau. La cellule fut illuminée d’un projecteur puissant mais Charles resta pantois, assis sur son semblant de lit de fortune.  

« Non !!!!! » éructa comme un malade Blindfork qui se jeta contre la grille pour l’empêcher de s’ouvrir  

« Dégagez-le de là ! » fit Rayna Host, excédée. « Nous avons assez perdu de temps maintenant, Gambler nous attend là-haut »  

La grille de la cellule 615 fut ouverte de force avec un tabassage en règle pour le prisonnier Blindfork  

« Débutez le traitement avec le plus docile » fit amèrement la responsable. Un siège mécanique fût disposé dans la cellule, prenant les ¾ de la place à l’intérieur de celle-ci, les techniciens sortir les instruments encastrés dans les bras du siège puis l’on installa Charles, tel un pantin, dessus. Il ne vit au premier abord les souillures immondes et sanglantes qui recouvrait le siège. La place était chaude ce qui lui suffisait amplement, et il se détendit légèrement …  

Clark Staight et Blinfork, repoussés contre les murs de la geôle ne bronchaient plus … Le mec allait dérouiller, c’était sûr … avant que leur tour ne vienne.  

Ce fut lorsqu’il vit « l’esthéticienne » que Charles reprit conscience qu’on le manipulait.et fixait au siège Une espèce de femme hideuse, défigurée, malaxait sa mâchoire, douloureuse. La douleur sourde le réveilla et il eut juste le temps de s’apercevoir qu’on allait lui ouvrir les portes de l’enfer. Il observait Rayna Host.  

« Vous comprendrez Charles Banney que l’on sécurise chaque détenu, pour votre bien, nous allons vous enlever tout ce qui pourrez encore vous inciter à vous éliminer ainsi que vos autres camarades »  

« Qu … Quoi ?! » interpella Charles. Ses pupilles se dilatèrent. Deux broches en métal furent plantées dans les mâchoires du détenu qui hurlait à la mort. Les vérins serrés, la mâchoire gardée ouverte, de force, « l’esthéticienne » prit une pince et sortit la langue de Charles puis enfin commença le calvaire horrible. A vif, chaque dent fut arrachée dans un bain sang affreux. Il en fut de même pour les ongles des mains et ceux des pieds afin qu’aucune de ces parties du corps ne puisse encore agir agressivement. Ne resterait plus qu’un corps en charpie, nue, sans défense et prêt à obéir. S’il y avait une justice, elle était appliquée maintenant et durement. Charles Banney en « prit plein la gueule » dans sa nouvelle vie de détenue et il était déjà loin des actes qu’il commettait odieusement à Fell City. La partie carcérale était excentrée de la ville, la raison en était simple, c’était que personne ou très peu savait ce qu’il s’y passait et dans quelles conditions. Les douleurs insoutenables firent plonger Charles dans l’inconscience et l’esthéticienne lui grava son matricule dans la joue.  

Il ne se réveilla le lendemain que lorsqu’un mince filet de lumière du soleil arriva jusqu’à lui entre les volutes de brumes … La moindre chaleur réconfortante était bon à prendre avant que la souffrance ne reprenne le dessus. Clark Straight comme Blindfork étaient dans un état pitoyable et visiblement, cela réconfortait les matons et le régiment de bataillon de ce lieu.  

Les Méchas déambulaient dans la cour, il était visiblement temps de partir et de s’aventurer en terre hostile alors que The Vanguard n’était qu’un prémice d’un enfer carcéral bien plus terrible au-delà.  

Charles Banneh portait les marques d’une vie déjà bien lourde de regrets à présent et il allait donc devoir payer les frais physiquement et psychiquement de ce qu’il avait fait subir alors qu’il était encore libre, en forme et en possession de ses dents et de ses ongles.  

Charles Banney, leva son corps décharné sous le commandement des « Guardians » puis foula le sol froid, rocailleux de cet endroit. Les articulations lui firent mal mais en se retournant il pu constater à quel point le lieu s’appelait ainsi.  

Des torches illuminaient un sentier sombre au-delà de la cour alors qu’une tour, haut perchée, illuminée, semblait être le poste de contrôle de The Vanguard. Des silhouettes bougeaient à l’intérieur et aux travers de ce qui semblait être des meurtrières. Tous les détenus sortirent maintenant dans un calme relatif, l’étape d’hier soir avait son petit effet visiblement.  

Tous en rang d’oignons, hommes et robots destitués de leurs dernières défenses n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.  

Rayna Host, fit enfin son apparition puis s’installa à bord de son Guardian, arma le flingue conséquent du Mécha puis tira une fois en l’air. Là-haut, dans les hauteurs, se trouvait enfin le terminus d’un chemin qui s’annonçait tortueux, difficile avant d’entrer dans l’antre du FRCP.  

Là-bas, le centre pénitentiaire situé entre l’autre versant et Fell City, était le berceau des prisonniers les plus endurcis et y survivre était encore une histoire … Charles Banney n’était qu’au début d’une expérience traumatisante …  

--- > Baker Stoecklin, Directeur du projet Fell City < ---  

Voilà l’ouverture du 3ème cycle avec une immersion dans l’univers carcéral de Fell City, dans la FCRP !  

Réalisation : Mike Cyborg  

Casting :  

Jeremy Kondor dans le rôle de Charles Banney  

Lucy Flannery dans le rôle de Rayna Host  

Jorgen Hansen dans le rôle de Clark Straight  

Clarence Winterrick dans le rôle de Banhys Dassa  

Musique composée par Sabrina Kellaway