Cette ville a eu une histoire avant d’en être arrivé à aujourd’hui. Une histoire lourde, aussi longue que tortueuse. Une histoire parsemée de crimes, de meurtres, de magouilles et de trahisons. Mais c’est une histoire bien trop complexe pour être racontée au comptoir d’un bar.  

C’était il y a quinze ans.  

Le pays était en crise. Le gouvernement n’avait plus aucun pouvoir. L’anarchie se mettait en place alors que les dernières troupes de maintient de l’ordre se retranchaient dans les bases militaires à l’abris des émeutes. C’est au cœur de cette guerre urbaine que commença l’histoire de cette ville.  

Dans le quartier résidentiel de Pleyncha Park touché par les dégradations et les agressions, un homme comprit vite que la situation pouvait tourner à l’avantage pour très peu de privilégiés, qui seraient assez futés pour en tirer parti.  

Thomas McPills qui était jusqu’à présent un « livreur spécial » qui s’occupait de transporter de grosses cargaisons de came faisait partie de ces types capables de s’enrichir sans scrupules en exploitant la peur des autres.  

Il monta une petite société dans l’ombre, dans les réserves du supermarché de Pleyncha Park, recrutant quelques dizaines de gros bras d’une ancienne société de protection ayant fermé à cause des émeutes et commença par faire du porte à porte auprès des quelques commerçants.  

Dans ce qu’on appellerait un temps de paix en interne au niveau national, ces actions seraient assimilées à du racket. Dans la situation présente, ce travail était un service pour tout les citoyens, un service de protection.  

Le bruit couru très vite et McPills qui craignait d’être la cible des bandes organisées de pilleurs et violeurs de lois dû se planquer pendant plusieurs temps.  

Aujourd’hui encore, il n’y a qu’une personne qui ait su où Thomas McPills s’était planqué pendant à peu près un mois. Lester, le bras droit et homme de confiance depuis longtemps de McPills continuait de gérer les services de protection pendant que la cible restait hors de danger. C’est sous la courte direction de Lester que le service de protection s’étendit aux particuliers. Les gens, effrayés, se regroupaient en comités et versaient mensuellement des sommes d’argents variables, en liquide, le seul moyen de paiement autorisé dans cette ère.  

Lorsque Thomas McPills fut assez influant pour être craint, il s’afficha fièrement et publiquement dans Pleyncha Park. Le quartier était maintenant un des seuls endroits dans le pays à être en sécurité et les bénéfices financiers étaient énormes tandis que l’homme fut traité comme un héros.  

Ceux qui tentaient de troubler la paix du quartier se retrouvaient rapidement entre le trottoir et le caniveau, baignant dans leur propre sang, entre deux incisives et trois molaires.  

La ville fut rapidement au courant qu’un quartier était épargné par les attentats civils. D’autres hommes tentèrent à leur tour de créer des services de protections dans d’autres quartiers. Mais les services de Thomas McPills s’étendaient de jours en jours et sa réputation devançait celle des autres services. Seuls ses hommes étaient considérés comme de réels défenseurs de l’ordre public.  

Au bout de six mois, McPills protégeait près des trois quarts de la ville entière. C’est à partir de là que commencèrent les problèmes.