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Walken Production présente
Ils tomberont les premiers

Gustave et Jessica n’ont que huit ans, mais cela ne m’a pas empêché de les égorger l’un après l’autre avec un couteau en plastique dérobé à la cafétéria. Pas le meilleur outil, j’en conviens, mais le seul à ma disposition dans ce bâtiment souterrain aseptisé. Jessica a fait preuve d’une belle coopérativité en mourant rapidement. Pour Gustave, j’ai eu un peu de mal. Le petit s’est vaillamment débattu, me mordant même à la main droite alors que tentais de l’empêcher de crier. J’ai répliqué en lui arrachant violemment une oreille avec mes dents. Sauvage, certes, mais efficace : il s’est calmé.  

Je pense qu’il a perdu conscience peu de temps après, alors que je tentais avec énergie de percer la petite peau douce de son cou avec le couteau, pour atteindre l’une de ses artères. N’étant pas médecin, ni anatomiste, j’y ai mis du temps avant de trouver. Je crois que d’abréger l’agonie du gamin n’était pas dans mes priorités au moment où je m’employais à lui enlever la vie. J’aurais pu l’étrangler tout simplement, une solution rapide et facile, mais non. Je suis comme ça, au fond. Cruelle.  

 

***  

 

Dans un futur pas si lointain, quelques jours plus tôt.  

 

Vilipender un de ses hommes pour son incompétence faisait partie des activités quotidiennes du Colonel Jérôme Brunet. Ça et exécuter des colonies de rats dans des tunnels obscures. Brunet était un militaire de trente-cinq ans ayant vécu autrefois dans les hautes sphères de la société, avant de connaitre la déchéance, de perdre son grade de Général et d’être rayé de la liste des Élus. Cette liste étant très longue, et très inclusive vis-à-vis de tout le monde, l’humiliation de Brunet n’en avait été que plus grande, et celle-ci le poursuivait de jour en jour depuis, jusqu’au fond des tunnels.  

Des regrets, il en avait à ne plus savoir quoi en faire. Il faisait ainsi tout son possible pour en donner aussi aux pauvres hommes sous son commandement, en les engueulant copieusement à chacune de leurs (nombreuses) fautes.  

 

Horakh. La Cité des Gouvernants. La ville fantôme qui n’existait que pour le plaisir des yeux indiscrets. Des tours d’une cinquantaine d’étages y avaient été construites, uniquement pour faire croire que des gens affairés vivaient là. Il y en avait bien, certes, mais très peu. Quelques soldats sous les ordres d’un colonel gueulard, quelques responsables techniques, des domestiques, une instructrice et ses rares élèves. Pas plus de quarante individus en tout, et tous employés du Complexe Hekau. Un complexe qui n’existait pas officiellement. Et qui se trouvait à plusieurs mètres sous le bitume d’Horakh.  

 

Six ans auparavant, la décision d’évacuer la Terre avait été prise par les hauts dirigeants d’une institution qui se faisait encore appeler « gouvernement » en souvenir du vieux temps. Cette décision faisait suite à une série de rapports pour le moins inquiétants par rapport à l’avenir de l’humanité sur Terre, et à une autre série de rapports très encourageant sur les possibilités réelles de déménager l’homme sur un nouveau système solaire dans un délai raisonnable sans qu’il n’y ait trop de pertes.  

La décision prise, les entreprises fabriquant les engins de transports avaient vu leurs subventions « gouvernementales » augmenter d’environ 3000%. Il en fallait beaucoup, de ses fameux engins, pour évacuer une planète presque entière.  

 

Entre temps, on avait procédé à la mise sur pied d’une vaste liste des Élus qui auraient droit au voyage. Toutes les élites, bien entendu, mais aussi beaucoup de travailleurs, car il faudrait bâtir là-bas, très loin, une toute nouvelle civilisation, et ce en peu de temps. Pour des raisons pratiques, mais aussi techniques, les gens de faibles constitutions resteraient sur Terre. Beaucoup de vieillards, des malades en tout genre, des déficients mentaux… De nombreuses personnes à qui on offrirait en compensation de couler des jours heureux dans les dernières stations balnéaires terrestres, en compagnie d’équipes médicales volontaires pour « finir le travail ». Assurer les services essentiels. Se montrer humain.  

Pour faire bonne mesure, on avait décrété que certaines catégories d’individus « à risque » seraient aussi laissées de côté pour le voyage, dans le noble but d’achever ce qui avait été commencé longtemps auparavant par les Hommes : l’exploitation maximale de l’ensemble des ressources terrestres. La tâche serait longue, mais organisée consciencieusement, par une nouvelle race de dirigeants formés spécialement pour gérer toute l’activité économique sur la Terre désertée, désormais concentrée dans quelques immenses mégalopoles ouvrières.  

Ces dirigeants, sélectionnés et formés dès leur enfance, n’existeraient jamais officiellement.  

 

Le bureau de l’institutrice Anaëlle Drouin, au cœur du Complexe Hekau, accueillait assez régulièrement le Colonel Brunet pour ce que les deux individus appelaient avec esprit des « réunions au sommet ». Ces réunions donnaient lieu à la consommation sans modération d’une substance qui avait autrefois coûtée à Brunet sa place au soleil - l’autre soleil - : le sekhmeth.  

Nouvelle drogue d’un nouveau siècle, le sekhmeth avait la particularité de faire voyager celui qui en prenait dans un monde tout à fait différent, où tout les rêves se réalisaient de la plus merveilleuse des façons, alors que le corps restait amorphe, l’esprit faisant tout le travail. Le sekhmeth agissait avec précision et n’avait aucun des défauts communs à toutes les autres drogues naturelles ou chimiques. Il ne créait par ailleurs aucune dépendance. Une vraie merveille. Sauf que quiconque en prenait perdait de fait la capacité physique de voyager dans l’espace, même sous cryogénie. Il n’y avait pas d’explication, et encore moins de remède. Les scientifiques du monde entier s’étaient penchés sur le sujet des centaines de milliers d’heures sans trouver de solution au problème. Plusieurs d’entre eux ayant été adeptes de la substance, la thèse du complot avait été écartée par l’ensemble des victimes. Il s’agissait tout simplement d’un horrible coup du destin, à l’heure de l’évacuation de la Terre.  

Anaëlle Drouin et le Colonel Brunet consommaient du sekhmeth tous les jours pour oublier qu’ils avaient un jour consommé du sekhmeth.  

 

Quand les deux figures d’autorité du Complexe Hekau ne procédaient pas à leurs réunions au sommet, ils s’adonnaient de plus ou moins mauvaise grâce à l’exécution des tâches qu’ils s’étaient vu assigner par le gouvernement six ans plus tôt. Le Colonel veillait à la sécurité d’Horakh et de ses habitants. Anaëlle s’occupait de la formation des futurs dirigeants des mégalopoles terrestres. Elle avait une expérience substantielle de la chose, ayant été la fille d’un industriel important qui contrôlait à lui seul la gigantesque Calgary avant de quitter pour de nouveaux cieux. La formation des recrues impliquait de leur retirer une grande partie de leur humanité, pour en faire des machines à gérer parfaitement réglées, détenant tout juste assez d’initiative personnelle pour savoir faire face aux situations imprévisibles. Anaëlle devait donc se montrer elle-même inhumaine en tant qu’institutrice, même si soixante pourcent de la formation étaient assurés par des programmes mécanisés qu’elle n’avait qu’à mettre en marche le moment venu.  

 

Nadine Lapierre, dix-neuf ans, était l’unique survivante des premiers prototypes conçus en hâte par le Complexe Hekau, à titre de démonstration. Pour elle, les techniques les plus barbares de formation avaient été mises en œuvre. On l’avait déjà présentée aux membres du gouvernement qui l’avaient jugée correcte mais pas encore satisfaisante. Aujourd’hui, elle approchait de la perfection, et ressemblait par le fait même beaucoup à Anaëlle Drouin : sans cœur et efficiente, mais fondamentalement malheureuse à l’intérieur.  

Justine Lemay, quatorze ans, était une gouvernante de seconde génération. Loin d’être prête à prendre les commandes d’une mégalopole, son cœur de jeune fille combattait toujours ce qu’elle considérait secrètement comme une horrible machination destinée à asservir les hommes demeurant sur Terre. Cherchant à adoucir le traitement que lui infligeait Anaëlle, Justine paraphrasait constamment les dires de Nadine, jusqu’à perdre parfois de vue sa propre identité. Elle savait qu’elle ne pourrait pas échapper au destin que sa propre mère lui avait attribué, en l’abandonnant au gouvernement en échange d’un ticket pour l’autre monde. S’enfuir du Complexe Hekau était tout simplement impossible avec le Colonel Brunet et ses hommes chargés de la sécurité.  

 

Gustave Beauregard et Jessica Hénault, huit ans chacun, gouvernants de la troisième génération, étaient comme une bouffée de fraîcheur dans cette cité où l’amertume régnait chez tous les habitants. Leur arrivé à Horakh ne datait que de quelques semaines. Livrés par train avec le convoi transportant les vivres nécessaires à la cité, les enfants étaient orphelins, sous la charge de services sociaux qui se débarrassaient discrètement de leurs bénéficiaires avant de plier définitivement bagage. Récupéré par le gouvernement, on les envoyait au Complexe Hekau dans l’espoir qu’ils survivent à la formation. Dans six ou sept ans, on aurait besoin d’eux pour prendre la relève d’une élite qui n’existerait plus sur Terre.  

Mais les deux jeunes enfants n’entendaient pas se laisser apprivoiser si facilement par l’institutrice Anaëlle. Ils avaient eu l’occasion de voir la répression qui s’organisait insidieusement dans les villes, sans que les gens ne s’aperçoivent qu’on préparait leur asservissement complet à un système économique où la Terre ne serait plus qu’un réservoir de ressources pour la nouvelle civilisation humaine. Ni Gustave ni Jessica ne souhaitait être les instruments de cette machination qu’ils considéraient odieuse malgré leur jeune âge.  

 

Dès qu’ils en auraient l’occasion, ils tenteraient d’organiser un plan d’évasion avec Justine, qui devait bien connaître les failles du Colonel Brunet et du Complexe Hekau, depuis le temps qu’elle était là. Ils iraient ensuite faire éclater la vérité au grand jour auprès de la population mondiale restante. Faire tomber le gouvernement pour l’empêcher de mettre son plan à exécution.  

L’aide de Nadine pouvait aussi s’avérer utile pour déjouer les mécanismes de surveillance de la Cité des Gouvernants. La jeune femme avait d’étonnantes capacités pour organiser et mettre en œuvre des opérations complexes.  

Mais les enfants hésitaient à lui faire confiance et à lui dévoiler leurs intentions. Il leur fallait avant tout la connaître davantage. Savoir comment elle vivait cette nouvelle vie au Complexe Hekau.  

Découvrir ce qu’elle était, au fond…  

 

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Jérôme Brunet - Jason Henriksen  

Nadine Lapierre - Demetra Staite  

Gustave Beauregard - Weston Lester  

Justine Lemay - Jewel Glass  

Anaëlle Drouin - Heather Bremner  

Jessica Hénault - Jessica Bremner  

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique (science-fiction) de Saif Dhupia

Jason Henriksen

Demetra Staite

Weston Lester

Jewel Glass
Avec la participation exceptionnelle de Jessica Bremner, Heather Bremner
Sorti le 22 juillet 2017 (Semaine 655)
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