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Bathroom

"ATTENTION, ceci n'est pas un canular, je répète : ceci n'est PAS un canular. Plusieurs rapports des médias et du gouvernement font état d'une nouvelle extrêmement alarmante : les personnes récemment décédées se réveillent, je répète : les personnes récemment décédées se REVEILLENT ! Et elles ATTAQUENT tout être vivant qui passe à leur portée - oui, je répète : les morts récents se réveillent et attaquent les vivants ! Il est recommandé à la population de rester cloîtrée chez elle, de n'ouvrir à personne SOUS AUCUN PRETEXTE et de s'armer dans les meilleurs délais. De plus amples informations vous seront communiquées au cours de la soirée, mais il est désormais confirmé que toute personne qui aurait été blessée par ces "gens" décède rapidement pour venir grossir leurs rangs. On ne connait pas le moyen d'endiguer cette pandémie d'un genre nouveau qui semble se répandre rapidement dans le pays. Je répète : ceci n'est pas un canular - restez sur KBW9 à l'écoute des dernières nouvelles..."  

 

Elisabeth Slevin (Francesca Hunter) regarde la petite télévision égrener ces informations terrifiantes. Elle pense à son mari Peter (Yan Winstone), parti au boulot ce matin avec leur fillette Kathy - et elle pleure.  

Il est 9h00 - Peter est parti avec la petite il y a juste 90 minutes - les infos ne parlaient pas de ça il y a 90 minutes ! - maintenant c'est trop tard : elle a essayé de les joindre sur les portables mais les lignes sont saturées - rien d'étonnant avec cette panique qui s'est emparée des médias. Un chapelet d'images de flics en uniforme, de brigades anti-terroristes ou anti-elle ne sait quoi, ça n'arrête pas. Les grands networks ont interrompu leurs programmes il y a une demi-heure pour ça... Mondieumondieumondieu, que vont-ils devenir...  

Elle regarde complètement apeurée de la fenêtre du premier étage le lotissement charmant au sein duquel ils viennent d'emménager : tout est calme, paisible, il fait beau les oiseaux chantent - mais personne dans la rue. Tout le monde est parti au travail. La maison des Slevin est pleine de cartons, on en a par dessus la tête de chercher la moindre affaire. Ca, c'était sa préoccupation première avant. Depuis, elle s'est cloîtrée et n'arrête pas de pleurer : où sont-ils Seigneur, où sont-ils ??!!  

Elle se dit que - non - ce genre de choses, c'est bon pour les films de Romero, pas dans la vraie réalité... Dans la vraie réalité, les morts ne sortent pas de terre pour manger les vivants.  

 

"ATTENTION, ceci n'est pas un canular..."  

 

D'ailleurs, ils ne les mangent pas - ils les attaquent juste - nuance. Ca veut dire qu'ils n'étaient pas morts peut-être avant, et que c'est sûrement localisé. Ca a du commencer dans les hôpitaux. C'est vrai qu'aux USA, les hôpitaux, c'est plutôt des mouroirs, on y laisse crever n'importe qui, et on y fait n'importe quoi - donc, si les gens sont pas morts, ils vont pas se réveiller super-contents à la morgue, non ? Et Kathy, elle est allée à l'école - ils ne font pas de visite des morgues, les enfants. Et Peter, il est vendeur automobile, pas médecin.  

Petit à petit Elisabeth se rassure comme elle peut. Elle trouve les calmants que son médecin lui avaient prescrits pour ses extra-systoles - des trucs plutôt costauds - et commence à décompresser. Alors que de nouveaux reportages de journalistes paniqués laissent de moins de moins de place au doute, elle se dit qu'elle a de moins en moins envie d'entendre ça.  

 

"ATTENTION, ceci n'est pas un canul..." *** clic ***  

 

Elle vient d'éteindre son poste.  

"- Ouais, on sait "pas un canular", juste notre système de santé qui merde sérieusement..." Elle jette la télécommande sur le lit et descend se chauffer un café. Dehors, toujours aucun bruit. Arrivée en bas, elle regrette à haute voix que son mari n'ait jamais acheté d'arme : ça lui aurait probablement évité sa flippe de tout-à-l'heure. La vue plongeante sur le salon que lui ont offert des escaliers a montré l'étendue de la mer de cartons qu'elle va devoir éventrer, vider, ranger... Vivement qu'elle retrouve un job de comptable dans cette bonne ville de...  

Un crissement de pneus. La Honda de Peter vient de se garer dans le gazon. Il en sort - visiblement en état de choc, les habits souillés d'un liquide noirâtre. Elisabeth se précipite pour lui ouvrir - il est livide.  

"- Les infos...  

- J'ai entendu chéri - où est Kathy ?!  

- L'école m'a té-téléphoné - en sécurité.  

- C'est ton sang, ça ?!"  

 

Non ce n'est pas son sang, mais celui d'un pauvre hère qu'il a croisé à la concession - qui lui a vomi dessus, l'a griffé avant que Peter ne menace d'appeler la police pour le faire partir. Devant l'état de ses vêtements, c'est son directeur qui lui a conseillé de revenir se changer. Il a juste fait un malaise au retour, il ne se sent pas très bien et a des étourdissements. Probablement une mauvaise grippe, il ne faudrait pas que ce clodo lui ait refilé la gale... Elisabeth débarrasse le canapé et allonge son mari.  

"- Hé, faut que je reparte...  

- J'ai entendu les infos comme toi chéri.  

- Tu veux bien appeler Brad à la concess...  

- ll est sans doute déjà au courant. Je suis sûr qu'il a rejoint sa famille - comme toi.  

- Liz, qu'est-ce qui se passe ?  

- Je ne sais pas chéri, essaye de te reposer."  

Elisabeth Slevin monte au premier chercher de quoi apaiser la fièvre de son mari, ensuite elle essayera de rappeler l'école. Elle met un bon quart-d'heure. Quand elle redescend, son mari est debout au milieu du salon, en train de regarder ses pieds.  

 

"- Je vois que tu vas mieux."  

Peter Slevin se retourne et lève la tête vers elle : ses yeux sont vitreux, sa bouche en sang comme s'il s'était mordu la langue, chemise ouverte laissant apparaître des scarifications - ses ongles racontent qu'il vient de s'arracher des morceaux de peau du torse. Comme pour se faire mal - comme une douleur qui lui rappelait qu'il était encore vivant. Tout-à-l'heure.  

Elisabeth vient de marquer un temps d'arrêt au milieu des escaliers. Le regard en biais et hagard de son mari réveillent en elle un instinct de survie primitif : ce qui la regarde a été Peter Slevin, mais le corps de son mari est en train de changer.  

L'adrénaline prend très vite la relève : elle lache les médicaments, monte quatre à quatre les marches, trébuche, se relève.  

Cette chose court derrière elle - les gémissements qu'elle émet ne laissent aucun doute sur ses intentions.  

A l'étage, elle prend la première porte sur sa gauche : la salle de bain - referme la porte sur la main de la créature qui hurle - pas de clé sur la serrure, pas de cadenas - OU EST CETTE PUTAIN DE CLÉ ?!? Elle finit par perdre le contrôle - la porte s'ouvre à la volée : cette chose la regarde, crache du sang.  

La cabine de douche - elle se précipite dedans, referme le battant et le bloque : le monstre n'a pas réagi. Il se rapproche de la vitre, curieux, la regarde de l'autre côté. Pose sa main sur la cloison. Sent une résistance. Son visage se ferme. Il frappe une fois. Deux fois. Il hurle. Trois fois. La paroi se fendille légèrement mais résiste.  

Le monstre regarde ses mains brisées - on dirait qu'il pleure. Il recule. S'assied. Regarde fixement Elisabeth Slevin. Il se met à gémir, comme s'il souffrait le martyre, comme si quelque chose en lui cherchait à sortir. Elle est tétanisée.  

Ils se regardent fixement. Il continue à gémir... Dans sa cabine, Elisabeth n'entend que des borborythme étouffés et les pulsations de son propre coeur.  

 

"- .... t'aim'..."  

Le son vient de sortir de la bouche déformée de cette chose.  

Qu'est-ce qu'elle vient d'entendre ?!?  

 

(Script original)

Scénario : (1 commentaire)
une série Z dramatique (Horreur) de Raoul Rosenmeyer

Yan Winstone

Francesca Hunter
Sorti le 30 mars 2013 (Semaine 430)
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