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MMP présente
Gaza - Une histoire d'amour

Palestine - Bande de Gaza - Moyen-Orient, 2013  

 

Les accords de Paix d'Ankara en 2012 avaient apporté à la Palestine une véritable reconnaissance internationale et avec elle un espoir de reconstruction durable et une masse conséquente de capitaux étrangers. La crise israélo-iranienne de 2011 avait joué le rôle de percuteur dans l'apocalypse qui avait failli s'abattre sur une zone désormais peuplée de millions d'individus. L'ONU se réveillait comme un seul homme et devait dépêcher sur place les plus fins négociateurs.  

Parmi eux se trouvait Souleymane Bagdhaoui (Aslan Karagül) qui revenait au pays aujourd'hui. A peine descendu de l'Airbus, le jeune cadre du nouveau gouvernement de l'Alliance Populaire devait être accueilli par une foule en liesse - Souleymane était devenu une sorte de héros qui avait, pour les uns fait plier l'Occident, pour d'autres fait rentrer cette zone autrefois "dangereuse et complexe" dans le concert des nations. Cette stupéfiante célébrité ne grisait pourtant pas le jeune homme qui, après une tournée mondiale des chancelleries, n'avait qu'une seule envie : retrouver sa famille. Promis à de grandes heures au sein de la coalition actuelle, il n'en oubliait pas pour autant que les évènements récents avaient purement et simplement annulé son mariage, et l'avait éloigné de son aimée Fatima (Ruth Whittall) et surtout de son frère aîné Oussine (David Kwiat) qui gardait pour les choses de l'esprit et tout ce qui n'était pas musulman une dent plutôt dure. Une situation éthiquement intolérable pour Souleymane - leur mère ne les avait pas élevés ainsi. Mais il savait qu'il prêchait dans le désert : tandis qu'il étudiait en Angleterre le droit international, Oussine avait du nourrir le reste de leur famine sur place, au temps des privations - du temps, comme le disait les palestiniens eux-mêmes où "les américains mangeaient des cookies et eux des caillous". Ce temps-là était révolu. Restait à soigner les plaies du passé.  

 

Les choses avaient donc changé dans le bon sens - et c'était heureux. Il avait posé sa pierre sur l'édifice de la paix et Israël n'était plus "le" problème, même l'opinion arabophone internationale l'avait compris. Restait la rancoeur de ces années perdues, gâchées, de ces vies détruites, de ces villes-fantômes au sein desquelles les chantiers apparaissaient comme les champignons après la pluie. La pluie. Des années qu'il n'avait plu sur Gaza : un autre problème auquel il faudrait s'atteler tôt ou tard.  

Puissamment escorté jusqu'à sa demeure familiale, le jeune homme venait de faire un point avec son attaché parlementaire : oui, le gouvernement récemment élu présentait tous les signes d'une stabilité politique retrouvée. Oui, les terroristes des deux parties avaient réduit leur activités de plus de 80% dans les six derniers mois et les dernières poches de résistance armées voyaient leur crédit fondre comme neige au soleil, autant auprès d'une population exténuée et excédée que de leurs anciens alliés.  

 

Armé de ces bonnes nouvelles, Souleymane passait le perron de la demeure familiale (toujours debout) pour se faire accueillir chaleureusement par toute la fratrie dans la clameur des youyous et les fragrances des parfums rares disposés pour l'occasion. Ces mille couleurs, le bonheur d'une famille retrouvée... Le choc lui fit oublier ses contenances et il prit sa mère, ses cousins, dans ses bras, les embrassa tous longuement. La guerre était finie - il allait pouvoir écrire une nouvelle page de sa vie ici, au milieu des siens.  

Plus tard dans la soirée alors que la fête battait son plein, on lui annonca la visite d'Oussine, qui avait beaucoup changé lui aussi. Quand la sonnette retentit, c'est le jeune diplomate qui accueilla...  

... son frère, portant ostensiblement un tee-shirt Nike et des lunettes de soleil D&G. La mère pouffa de rire derrière Souleymane - le jeune homme mit un instant à comprendre : est-ce que c'était une blague ?  

Non. Oussine avait changé. Il avait remisé la religion et la piété pour embrasser la vie occidentale - le tout en six mois. Il ne jurait plus que par l'entreprise française de travaux publics qui l'avait embauché, lui, l'ex-maçon. Les Français payaient bien, et ce grâce aux subsides de l'aide international. Pour "Soul'", c'était le second choc de la journée. Son frère, abandonner le prêche de manière aussi rapide : véritable bonne foi, pragmatisme face aux événements ou dissimulation plus insidieuse ? Il avait craint le moment des retrouvailles et ne pouvait s'empêcher de s'interroger. Devant son regard, Oussine l'avait chambré : il ne devait pas se prendre la tête, "Allah avait fait changer les choses"...  

 

Mais il n'était pas au bout de ses surprises. En décrochant son portable et en tentant de joindre sa promise, il avait appris que Famita avait déménagé, qu'elle vivait désormais à Tel-Aviv aux crochets d'un jeune et riche israélien : quoi ?! Elle ne l'avait pas attendue ?!!? Eux qui se connaissaient depuis si...  

"- Elle n'aura pas eu la patience d'attendre le retour de son diplomate." lui décrocha un Oussine sarcastique.  

"- Une fille comme ça n'était pas pour mon fils" ajouta sa mère.  

Son beau-père qu'il avait eu au bout du fil était catastrophé : ce mariage, il l'avait arrangé avec la famille de Souleymane depuis au moins 15 ans. Avec le départ de Fatima, ses plans tombaient à l'eau.  

Fatima avait violé la tradition. Elle n'avait pas attendu le retour de son futur mari pour s'émanciper de la mainmise familiale. Souleymane, qui était plutôt progressiste au niveau des moeurs, pouvait comprendre ce revirement : pourquoi serait-il le seul à prêcher l'art de vivre occidental, sa supposée liberté des corps et de l'esprit ? Une autre que lui n'avait pas eu de mal à appliquer ces préceptes.  

Mais ça lui faisait mal : certes, ils se connaissaient depuis qu'ils étaient enfants, bien sûr que leur famille respective avait planifié les choses à leur attention. Mais il l'aimait sa Fatima, et ne laisserait pas l'affaire en plan... Pas comme ça : si elle avait des choses à lui reprocher, il voulait que ce soit face à face.  

 

Dès le lendemain, il consultait les horaires des prochains vols pour la capitale économique de l'état frontalier. Oussine était de la partie également : il avait affaire en Israël.  

 

(Script original)

Scénario : (3 commentaires)
une série B sentimentale de Alex Rosenmeyer

David Kwiat

Ruth Whittall

Aslan Karagül

Amy Kordic
Sorti le 02 novembre 2013 (Semaine 461)
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