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MMP présente
Tatoo'd

Club Succubus, Montréal, Québec, Canada - aujourd'hui.  

 

La fête battait déjà son plein : pour la huitième année consécutive, le plus grand club House d'Amérique du Nord organisait la finale de l'International DJing Contest, largement sponsorisée par de puissantes compagnies de vêtements et de boissons très alcoolisées destinées aux jeunes. Le club avait une nouvelle fois fait carton plein - la rediffusion en streaming était suivie par 2 millions de personnes à travers le monde chaque année - et l'audience promettait des records pour cette cession. Certaines participantes n'étaient pas encore éméchées qu'elles se déshabillaient à l'approche des cameramen. Oui, la fête promettait de belles bacchanales.  

 

Pour Walter Warzolvsky, c'était la fête aussi : le Directeur du Succubus avait réussi à réunir pour la huitième fois consécutive les plus grands gangsters de ce côté du globe : hell's angels venu du Canada, mafieux de la Côte Est, surfeurs nazis de la Côte Ouest, groupes organisés de l'Illinois, confédérés sur le retour du Sud profond - tous présents pour ce gigantesque jeu de Risk qu'était ce que Walter avait appelé "La Répartition".  

Tout ceci se passait au moment où le club connaissait son actualité la plus chaude de la saison. Plus c'était gros, plus ça passait et jamais aucune taupe du FBI n'était parvenue à éventer cet événement parallèle. Tout se passait comme une mélodie en sous-sol dans les niveaux les plus élevés du building qui abritait l'établissement. Il fallait bien sûr faire preuve d'une extrême prudence dans les contacts et les déplacements - mais la plupart des participants à cette grande "table ronde" avait assimilé l'art de la guerre et de l'infiltration comme si leur business en dépendait. Et c'était le cas en fait. Le maître des lieux avait fait construire l'immeuble à dessein : c'était une forteresse bourrée d'électronique, de passages secrets, d'armes lourdes, de "panic rooms" et de pièces dissimulées, à l'abri des oreilles et des regards même électroniques, et dont la structure pouvait résister au crash d'un 747.  

 

Cette année encore, tout se présentait sous les meilleurs auspices : les convives ne devaient manquer de rien : plaisante compagnie, champagne et coke étaient fournis à discrétion par la maison avec la bénédiction de la mairie - Walter ne reculait devant rien. Même les armes étaient tolérées autour de la table - si ça angoissait trop certains de rentrer sans, ils se sentaient nus et finissaient par devenir grognons.  

Walter, en tant qu'ex-star du barrreau, menait les débats, alternait menaces et promesses, trouvait des compromis, se chargeait de donner les grandes lignes de l'évolution du "business" en fonction de ses propres études. Personne ne lui devait rien, c'était le deal, mais tout le monde lui versait de gras émoluments - entre 1 et 5% de leur chiffre d'affaire.  

Sa satisfaction avait été de voir l'activité de ses 'partenaires' s'envoler de 400% en huit ans grâce à la Répartition et ses conseils - il n'était pas peu fier d'avoir réduit le taux de mortalité des plus grandes organisations criminelles non-financières de ce siècle à zéro (règlements de comptes exceptés - le système se purgeait par lui-même). L'activité redevenait vraiment florissante.  

 

Walter Warzolvsky se serait un tantinet plus intéressé à son club qu'il aurait remarqué que ses "physionomistes" de l'entrée avaient inexplicablement laissé rentrer une bandes de jeunes tatoués quasiment nus. La plupart de ceux qui les croisaient leur jetaient des regards concupiscents. Il émanait d'eux une forte aura sexuelle et tout le monde était parti du principe qu'ils faisaient corps avec la party de ce soir (car des gens dénudés, il y en aurait - et pas qu'un peu). La sécurité de l'immeuble les avaient déjà repérés sur les caméras quand ils se dirigeaient vers les ascenseurs : trois énormes armoires à glaces discrètement mais puissamment armées avaient été envoyées à leur rencontre.  

 

"- Hé petit, je sais pas comment t'as fait pour rentrer mais la fête c'est de l'autre côté, tu vois, là où ça fait du bruit..."  

Les trois masses leur barraient le chemin vers les accès supérieurs. Le plus jeune membre du groupe (Jack Colloff) s'approcha d'eux et leur murmura :  

"- Je sais ce qui se passe au-desssus, ce que ton patron prépare, qui il a invité. Tu vois, on est pas armés, on veut pas faire de vilain, on arrive "culs nus", on est pas des flics et on est très très méchants nous aussi quand on veut."  

L'homme chargé de la sécurité intérieure de l'établissement avait suivi la conversation derrière ses moniteurs. Habituellement, il aurait un peu cuisiné ces gamins, leur aurait cassé une ou deux côtes, se serait amusé avec les filles du groupe ; mais là ils semblaient en savoir beaucoup, ne faisaient pas partie de la liste des invités et le logiciel de reconnaissance faciale restait muet à leur sujet. Il ne comprenait toujours pas comment les sentinelles les avaient laissés passer - ça allait se payer cash, ça. Il savait en outre que son patron détestait être dérangé ces moments-là.  

 

Warzolvsky venait de serrer la main à un baron de la drogue colombien accompagné de son avocat saoudien - formidable, ils auraient des Sud-Américains cette année : le lobbying intense de ces cinq dernières années était en train de porter ses fruits. Enfin. Il se détourna un instant des arrivants pour consulter le SMS que son responsable de la sécurité venait de lui envoyer.  

"Invités imprévus".  

On ne l'appelait pas pour rien : il laissa à ses bras droits le soin de placer tout le monde : il savait se faire attendre aussi. Warzolvsky était constamment en représentation et "faire languir son public" (même criminel) faisait partie du show - tout le monde savait ce qu'il y avait à la clé : la paix pour tous et du bon business.  

 

Il venait de rentrer dans une petite pièce attenante à un salon dans lequel on faisait patienter des jeunes tatoués. Un miroir sans teint permettait d'observer sans être vu. Son responsable sécurité avait blêmi :  

"- Je suis désolé Walter, en temps normal...  

- Qu'est-ce que c'est que ce zoo ? Comment sont-ils rentrés ?  

- J'ai interrogé les "physios" : ils ne se souviennent pas les avoir vus - pourtant les caméras montrent le contraire...  

- Pourquoi sont-ils à poil ? C'est quoi ? Des drogués ? Et ces tatou... ?!?"  

A peine l'ex-avocat venait-il de s'interroger que le leader du groupe regarda dans leur direction, sourit et se rapprocha du miroir.  

"- Warzolvsky, mon nom est Rudroff. Christoph Rudroff. Je viens de Berlin avec mes amis. Vous dire qu'il faudra désormais compter sur nous. Nous sommes le futur - il n'y a pas d'alternative pour vous que de nous intégrer dans le jeu."  

Il avait fini de se déshabiller en disant cela. Warzolvsky, son responsable et ses hommes regardaient avec stupéfaction les tatouages qui recouvraient 80% du corps du jeune homme changer de forme et se déplacer sur sa peau. Il arrivait la même chose avec le reste de son groupe.  

 

Christoph répéta, durcissant le ton :  

"- Nous sommes le futur - il n'y a pas d'alternative."  

 

(Script original)

Scénario : (3 commentaires)
une série Z fantastique de John Dow

Jack Colloff

Estelle Rasmuson
Sorti le 15 juin 2013 (Semaine 441)
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