Edouard Schaefer (Joel Taufen) est parapsychologue, directeur de thèses à l'Université d'Utrecht, aux Pays-Bas. Intéressé par les phénomènes étranges, il consulte régulièrement la blogosphère à la recherche de phénomènes inexpliqués mais documentés.
Il tombe un peu par hasard sur un fait récent qui pique sa curiosité : dans la banlieue d'Amsterdam (à deux pas d'ici donc), la fille d'un couple de cadres agée de 22 ans et souffrant d'un handicap dégénératif et débilitant, a retrouvé l'intégralité de ses fonctions motrices, cérébrales et intellectuelles après une disparition de 48h00. La jeune femme s'était évaporée dans la nature lors d'une pendaison de crémaillère - on l'avait retrouvée à une dizaine de kilomètres de son domicile, hagarde mais en bonne santée. Et surtout guérie. Le corps scientifique s'y était cassé les dents et évoquait différentes pistes - chocs traumatiques, hypnose régressive, thérapie du cri primal, etc. - sans pour autant qu'aucune d'entre elles ne soit considérée comme crédible dans la récupération de ces facultés.

Choqués par l'événement - en soi assez dramatique : on avait jamais su comment la jeune femme avait pu disparaître - les parents avaient redéménagés dans la foulée et résidaient à Haarlem, à deux pas des côtes de la Mer du Nord. L'enfant vivait désormais normalement et ses capacités cognitives avaient spectaculairement évolué.
Le plus curieux là-dedans était que les médias s'étaient montrés particulièrement discrets sur la question. Les scientifiques d'Amsterdam avaient de leur côté fait preuve de réserve - ce qui ne leur ressemblait pas. Plus Edouard en lisait sur cette affaire, plus il trouvait révoltant de ne pas avoir été mis au parfum par ses collègues.

Pourtant quelque chose clochait : la maison d'abord, dans laquelle s'était déroulée l'affaire. Une antique bâtisse du XVIIIème qui avait appartenu à un soit-disant "alchimiste". Ca pouvait laisser entendre une arnaque aux relents sensationnalistes. Mais alors la presse de caniveau s'en serait emparée pour vendre du papier - et ce n'était pas le cas.
Récupérer des informations sur l'événement n'avait pas été chose aisée mais quelques semaines plus tard, Edouard prend un week-end prolongé et se rend sur les lieux.

La maison avait été remise en vente. Légèrement excentrée de la métropole, elle se trouvait au coeur d'un parc assez étendu mais qui avait connu des jours meilleurs.
Plus curieux, une impressionnante quantité de zonards semblait tourner autour, sans jamais pour autant franchir les grilles d'enceinte. Il avait entendu parler d'un comportement similaire de clochards dans plusieurs histoires. La plus connue datait de 1987 - un récit assez sale autour d'une église à Los Angeles...
Accompagné d'un agent immobilier, il décide de visiter - faisant fi des "bruits qui couraient". Il y avait eu cette affaire récente mais ce n'était pas un lieu maudit pour autant.

L'inspection de toutes les pièces débute : il prend photos, enregistre des sons sur son DAT et pose de nombreuses questions. Montant au premier, il note un changement.
Une cassure. Comme si luminosité, contraste et saturation des couleurs avaient évolué, un peu similaire à un changement d'étalonnage visuel. Son accompagnateur ne s'est aperçu de rien, occupé à discuter sur son cellulaire, légèrement en retrait.
Un médium l'aurait ressenti de manière spectaculaire, mais lui n'a pas ces talents - il se contente d'être aux aguets, attentif à chaque détail incongru que ses sens ont soif de révéler. Il est content d'être venu.

Il visite chaque pièce pour finir par la plus petite, assez joliment décorée et qui avait du servir de chambre à la jeune fille. Il referme la porte derrière lui. Il n'entend plus le gars de l'agence - resté à l'entrée du couloir probablement.
La sensation est plus forte ici - il en est certain.
Il décide - contrairement aux autres pièces - de ne pas ouvrir les volets de la fenêtre, et de rester dans le noir absolu.
Activant l'écran de son APN en mode vidéo infrarouge, il remarque tout de suite qu'il n'est pas seul dans la pièce.

Une jeune fille (Elaine Keith) lui fait face, à 50 centimètres. Edouard sent tous ses poils se dresser en même temps mais ne recule pas. ll est certain que la lumière naturelle ferait disparaître cette vision. C'est quand même formidable : il s'attendait à ce que ses sens lui révèlent quelque chose, et c'est la technologie qui s'en charge.
Il décide de sortir à reculons de la pièce, entr'ouvre la porte et se retrouve...
... dans la même chambre. Mais l'obscurité a disparu, remplacée par une sorte d'atmosphère ocre qui colle aux murs - un bruit blanc lui vrille désormais les oreilles. La jeune fille est bien visible. Edouard n'en croit pas ses yeux, repasse par la porte...

...dans le couloir, mais toujours dans la brume.
L'enfant s'adresse à lui :
"- Toi aussi, tu es venu pour le sacrifice ?"

(Script original - merci à John Carpenter et Masashi Tsuboyama)