Il était dans un arbre, le plus gros du Parc Laurendeau, juste sur le côté du petit chemin qui traversait le seul espace vert de cette grande ville industrielle et pollueuse. Depuis presque trois semaines, Félix (Ron Bremmer) était tel un chat perché sur une branche et incapable de descendre pour une raison que tout le monde ignore. Pourtant, aucun médecin ne lui avait jamais diagnostiqué de maladie mentale. Aucun, pour l’instant du moins. Les piétons s’étaient plaints à plusieurs reprises de la présence du jeune homme au sommet de cet arbre feuillu et imposant. Les autorités municipales n’avaient cependant pas crues bon de le faire descendre par la force. En fait, il ne risquait pas sa vie ni celle d’aucune autre personne et ne dérangeait véritablement personne par son silence inébranlable.

Clara (Sharon Kwiat), fille du président des Studios Walker, avait tôt fait de remarquer la présence de Félix lors de ses exercices matinaux en raison des vieilles grands-mères qui lui gueulaient après. Intrigué par le comportement irrégulier de cet étrange personnage, qui, au premier regard du moins, semblait assez normal, elle décida, par la force ou non, d’en apprendre plus sur son cas. Elle s’y mit dès le lendemain, apportant à Félix, comme s’il fut s’agit d’une pauvre bête en détresse, quelque barres chocolatées et une gourde d’eau. Elle lui lança seulement et lui souhaita, banalement, un bon séjour. Il ne répondit pas, mais sembla apprécier le geste car il déballa aussitôt la collation. La deuxième journée, Clara décida d’utiliser la force. Elle enfila un gilet qui, pour peu que Félix soit un homme, allait lui faire bonne impression de là-haut. Elle avait aussi l’intention, si le temps le lui permettait, de grimper elle aussi au sommet de cet arbre pour soutirer la terrible vérité à l’individu, lui faire révéler le secret de sa présence dans l’arbre, baptisé pour l’occasion l’Arbre de Félix…