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MMP présente
AR.SEN.AL

"Le traitement de votre délinquance sur Paris pour 5 millions d'euros par mois."  

 

Le Président Français regardait successivement sa Rolex, le Maire de Paris, ses conseillers, son Ministre des Armées et l'homme qui était en face de lui. C'était énorme : on lui proposait pour une somme ridicule, d'intégrer des cyborgs - machines d'aspect humanoïde - au sein de la Gendarmerie Nationale afin de résorber les poches de "non-droit" qui se multipliaient comme escargots après la pluie. C'est vrai : l'Armée et la Police Nationale connaissaient une crise des vocations et les finances de l'Etat battaient sérieusement de l'aile, mais quand même... Des robots dans les quartiers, voilà qui faisait un peu trop "sci-fi de gare", et pulp même pour lui, un Président qui avait l'habitude du spectaculaire.  

L'homme responsable de ce 'miracle', celui qui faisait face au premier élu de France et venait de terminer sa présentation Powerpoint avait reçu un Prix Nobel il y a huit ans. L'Intelligence Artificielle avait depuis progressé au-delà des espérances connues des scientifiques. On disait dans les milieux autorisés que Ricardo Claramonte (Weston Byrne) avait donné à la science européenne cinquante ans d'avance. Minimum.  

 

Claramonte était ce génie italien de 39 ans à peine. Il souriait au Président : il savait qu'il avait coiffé au poteau les développeurs nord-américains et japonais. Il avait déjà proposé a son propre gouvernement la primeur du test grandeur-nature de ses modèles. On lui avait ri au nez mais il ne s'était pas démonté, avait multiplié les démonstrations auprès de décideurs privés et lobbystes militaires, soutenu seulement par sa motivation, ses propres économies et son salaire minable - il avait perdu au passage une partie du respect de la communauté scientifique et divorcé de sa femme, perdu la garde de ses enfants et sa maison...  

Le privé l'avait trouvé trop farfelu et doutait de la véracité de ses démonstrations, pensant toujours à un canular pseudo-scientifique aux allures hollywoodiennes. Un signe encourageant était venu de Palerme pourtant. La ville avait accepté un test de quatre semaines pour deux unités mobiles non-armées. Six mois plus tard, 25% des forces de l'ordre locales étaient constitués d'un endosquelette pensant, et la petite délinquance avait reflué de 75% - toujours bon pour le tourisme et le citoyen ordinaire.  

 

Encouragée par les économies réalisées en cette période de crise, Venise avait à son tour tenté l'expérience avec des résultats similaires et spectaculaires : les robots "bloquaient" psychologiquement l'envie de commettre une effraction... On ne savait jamais à qui l'on allait avoir à faire, à un carabineri fait de chair et de sang ou à Terminator - même si le programme intégré était particulièrement strict sur l'usage de la violence et la répression, quel aigrefin aurait voulu prendre le risque ?  

Puis il y avait eu Rome. Son maire néofasciste avait été triomphalement réélu avec les coudées de nouveau franches au niveau budgétaire. Il avait presqu'immédiatement fait appel à ses services après les élections. Tout ça en moins d'un an. La success-story de Ricardo n'arrêtait pas de défrayer la chronique scientifique, économique et politique (car cette intégration posait tout de même quelques questions éthiques). Le Président du Conseil lui-même avait désormais dans l'idée de confier sa propre garde rapprochée à ces unités.  

 

Claramonte gardait pourtant la tête froide : plutôt beau gosse, il avait jusqu'à présent refusé tout engagement people afin de se consacrer à la promotion et l'amélioration de sa création. Il veillait jalousement sur les technologies qui lui avaient permis de prendre cette avance. Il lui restait du chemin à parcourir, il était loin d'être sorti d'affaire : criblé de dettes, ce bon catholique avait été excommunié par le Pape lui-même pour sa création, une grande partie de la communauté scientifique ne lui pardonnait pas d'avoir gardé pour lui ses extraordinaires connaissances et de les avoir immédiatement brevetées. Il suscitait ainsi des avis contradictoires : soit on l'adorait pour son courage et son "plus important 'grand pas pour l'humanité' depuis que l'homme a(vait) mis le pied sur la Lune" (New York Time dixit), soit on le haïssait pour les mêmes raisons. C'est pourquoi il s'était résolu à vendre, vendre et encore vendre. Son produit mais surtout ses services à des prix cassés défiant toute concurrence humaine, en Italie comme à l'étranger.  

Et pour vendre, il fallait un nom sexy. Un (nouvel) ami issu du marketing lui avait même soufflé le nom de son programme : Arsenal - ou plutôt AR.SEN.AL : ARmored SENtient ALly. Les criminels n'avaient qu'à bien se tenir...  

"- On peut même vous faire un échéancier de règlements, Monsieur le Président."  

 

Parmi les conseillers qui, debouts, observaient la scène figurait Raymond Lux (Julien Daxi). C'était peu de dire qu'il n'était guère convaincu par les arguments de ce bonimenteur de Claramonte (qui semblait pourtant bien séduire son Président). Lux, la cinquantaine replète, une femme et trois enfants, venait du privé. De Thomson Avionique, il avait bifurqué dans les laboratoires de Sagem avant d'entreprendre une reconversion réussie dans le lobbying militaire grâce à un carnet d'adresses très bien rempli. Il était chargé des questions d'intelligence artificielle auprès du Ministère des Armées ; il n'aurait jamais osé imaginé il y a encore deux ans la teneur de ce qui se discutait autour de la grande table de ce bureau. C'était proprement... effrayant.  

Lux savait que l'Italie était une alliée, il s'était renseigné sur les capital-riskeurs qui avaient investi dans la start-up de ce jeune loquedu nobellisé : que des amis de la France. Le Conseil italien ayant fait en sorte que 50% des actionnaires soient issus de la Peninsule et qu'un total de 75% revienne à l'Europe. Il restait un ou deux rois du pétrole et quelques Chinois, Japonais et Coréens pour compléter le tour de table. Il était même probable que d'ici 5 ans, Claramonte aurait perdu le contrôle de sa société et de ses brevets. En attendant, il était toujours là, indispensable détenteur des secrets du langage machine quantique qui avait expédié l'Italie et l'Europe dans un futur incertain.  

 

Lux le savait : derrière l'éthique dont Claramonte se réclamait se tramait quelque chose de louche. C'est pourquoi le conseiller avait pris les devants et mis au point avec le Ministère des Affaires Etrangères et celui de la Défense, un plan d'infiltration de la compagnie par des gens à eux. En tête de pont figurait Helen Hopkins (Sarah Jones), une jeune ingénieure anglaise qui travaillait pour eux et qui était la petite amie du programmeur. Ils avaient fait en sorte qu'ils se rencontrent à Rome, bien avant que Claramonte ne mette le bout du museau à l'Elysée. Hopkins avait reporté les agissements d'une éminence grise, conseillère officielle du jeune entrepreneur : une "Dame" Camilla Devereaux (Violette Purodor) qui sortait de nulle part et qui était apparue dans la vie de Claramonte peu de temps après l'attribution de son Nobel. Pour Lux, Devereaux avait beaucoup plus d'importance dans ces technologies que la biographie officielle le laissait entendre. Son CV n'avait rien de transcendant : des études de médecine en Italie du Nord, un abandon de la pratique pour ouvrir un cabinet de voyance, de supposées "nombreuses rencontres avec des extra-terrestres" dans les années 70, un livre édité, quelques articles et émissions sur la RAI puis plus rien pendant quarante ans - ou pas grand'chose.  

Pourtant, voir une illuminée pareille (une "amie de la famille" disait toujours Claramonte) jouer les "Madame Bons Offices" au sein d'une telle firme n'avait estomaqué personne. On se disait "c'est ça, l'Italie" sans plus de réflexion. Raymond Lux n'en croyait pas un mot.  

"- Monsieur Lux ici présent, se fera un vrai plaisir de visiter votre usine... Monsieur Lux.. ?"  

 

Une tape discrète d'un collègue de l'Industrie l'avait sorti de ses pensées : le Président s'adressait à lui, l'invitant du regard à répondre expressément à sa sollicitation.  

"- Tout-à-fait Monsieur le Président : c'est même le rêve éveillé d'un ingénieur en cybernétique tel que moi." Il avait répondu du tac au tac : il n'était pas à sa place pour rien. Ainsi, Claramonte voulait montrer ses cyborgs aux représentants de la gouvernance hexagonale, et à lui en particulier. Il devait savoir qu'il était son principal détracteur ici et se retrouver au coeur des débats ne pouvait pas le flatter plus. Juste après cette réunion, il solliciterai un rendez-vous avec un de ses amis à la Sécurité du Territoire : il n'était pas question qu'il parte désarmé au milieu d'une usine de robots.  

Raymond Lux était paranoïaque : lors d'investigations personnelles sur Ar.Sen.Al, il avait parcouru la zone de l'usine sur les vues aériennes de Google Earth. Au début, il avait cru à un effet d'optique, puis s'était ravisé et avait vraiment commencé à flipper - sans pour autant qu'il avertisse qui que ce soit. D'ailleurs, qui l'aurait cru ?  

 

L'usine avait été dressée au coeur d'une plaine entre Bologne et San Marin. Autour de l'usine se dessinait les contours d'une sorte de navire spatial. Un navire dont la description physique concordait parfaitement avec celui qui avait été au coeur des témoignages de "Dame" Camilla Devereaux il y a presque un demi-siècle de cela.  

 

Il devait retrouver Helen Hopkins sur place. Pour en savoir plus... Le danger ne viendrait peut-être pas des machines, mais de bien plus haut dans le ciel...  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série B d'action (SF) de Joshua Rosenmeyer

Julien Daxi

Sarah Jones

Weston Byrne

Violette Purodor
Sorti le 07 juin 2014 (Semaine 492)
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