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MMP présente
Plaies

Gérardmerveille, de nos jours.  

 

Elle s'appelle Maya Glenn (Emmannuelle Huang), elle a pris place dans la petite salle de réunion de la maison de quartier louée par l'association. Elle s'est assise, comme les autres, sur une des chaises disposées en cercle. Elle regarde ses compagnons de douleur, des femmes de tous âges, de toutes conditions. L'animatrice fait le pointage des gens présents - il sont un peu moins de dix ce soir - les chaises vides sont retirées et reposées au fond de la salle.  

 

Cela fait cinq ans que cette association existe. Elle essaye de traiter le mal de vivre des femmes battues et martyres de cette partie de la ville. L'animatrice a du multiplier les séances de prises de parole devant la demande. Ce soir, curieusement, il y a moins de monde que d'habitude. Peut-être la proximité de Thanksgiving réclame-t'elle une présence accrue dans le foyer ?  

L'animatrice présente Maya qui prend la parole : elle a 33 ans, fille de boucher, mariée à 18 ans avec un joueur de basket de son college - partie de la ville pour San-Francisco puis revenue quand ce dernier a trouvé un contrat ici. Puis l'accident de voiture, la fin de carrière pour le joueur professionnel, les ennuis, la fausse couche, la séparation : elle se fait jeter dehors. Avec l'aide de ses amies, elle trouve un nouvel appart, un job dans une grande surface, puis retrouve (les amies des amies...) un ex-petit ami de la high school, Franck (Barclay Lee). Franck est beau, a un bon job, est intelligent. Ils s'aiment. Et se marient rapidement. Maya vit un grand moment de bonheur à ce moment précis de sa vie, elle se dit qu'elle a trouvé le père de ses futurs enfants. Ils achètent une maison à crédit dans le coin - et puis la crise économique arrive, et avec elle les mauvaises nouvelles.  

 

Franck ne perd pas son emploi - il aurait peut-être mieux valu, en fait. Son patron lui met "juste" une pression terrible sur les épaules, son entreprise dégraisse de tous les côtés, Franck se sent menacé - il revient de plus en plus tard chez lui, quand il ne découche pas carrément - son humeur s'en ressent : il commence à faire des crises de colère. Franck n'est pas violent, il ne boit pas, ne fume pas, ne se drogue pas, il est juste tendu. Elle lui apprend comment gérer son stress. Il sait qu'il est en train de déraper, son irascibilité devient constante. Jusqu'au soir où il lui fiche son poing dans la figure en guise de bonsoir. Elle tombe, presque assommée par le violent coup - elle saigne, elle a entendu un craquement sur son visage. Franck se prend la tête entre les mains. Il prévient les urgences, paye les frais médicaux. Dans les jours qui suivent, il la cajole, essaye de se faire pardonner, prend soin d'elle.  

Et puis, il commence à se trouver des excuses. Sa mauvaise humeur revient. Elle redisparaît de ses priorités.  

Quand on lui demande dans quoi travaille son mari, Maya répond "le spectacle". Le spectacle, c'est vague - ça peut être tout et n'importe quoi. Franck travaille pour une compagnie cinématrographique bien connue. Mais il pourrait travailler pour les ponts et chaussées, la bourse ou le bâtiment, leur situation serait identique.  

 

Franck n'est pas un garçon violent : elle le sait, elle le connaît depuis qu'ils sont gamins - mais elle sait que la pression professionnelle n'explique pas tout. Elle a essayé de comprendre son mari, elle lui a pardonné, elle était prête à passer l'éponge. Quand il a remis ça.  

Cette fois, elle a été obligée de demander un congé sans solde à son employeur et a fini la semaine en observation à l'hosto. Franck s'est excusé. Mais moins que la dernière fois : il a commencé à lui mettre des tords sur le dos - sous-entendu, s'il l'avait frappée, c'était en partie à cause d'elle.  

Autour de Maya, tout le monde regarde ses chaussures - elle cherche une figure amicale, compatissante : seule l'animatrice soutient son regard. Les femmes ici ont toutes connu cela à un degré plus ou moins important - la peur et la culpabilité qui se mélangent. Maya continue : elle aime son mari, ne veut pas le quitter, veut des enfants avec lui - mais pas dans ces conditions. Cette violence - il l'a frappée deux fois en deux ans - elle ne peut l'oublier. Il n'a plus levé la main sur elle depuis 10 mois, mais elle a peur d'une explosion qui peut arriver à tout moment. Comme si quelque chose s'était définitivement cassé chez lui et dans leur couple. Une digue, un tabou. Il est d'une mauvaise humeur constante, il la rabaisse en public, l'humilie à la maison. Une violence psychologique au moins aussi perverse.  

 

Elle ne peut plus dormir dans la même chambre que lui, malgré ses protestations : il prend la pose de la victime pendant qu'elle cauchemarde toutes les nuits sur ce qu'elle s'est reçue. Elle sait que des millions de femmes ont vécu, vivent cela quotidiennement. Mais elle veut une solution : la thérapie de couple, il n'en veut pas, la sophrologie non plus. Ses amies lui ont conseillé de partir au plus vite, même temporairement. Mais elle ne veut pas entendre parler de ça, elle ne veut pas fuir ces ennuis-là : quand on est un couple, on partage les emm*rdes sinon on ne s'engage pas "pour le meilleur et pour le pire". Mais là, Maya est à bout de nerfs, elle n'en peut plus, elle sent que ses digues à elle sont en train de craquer aussi. Elle sait qu'il n'y aura pas de solution-miracle, elle veut juste des pistes.  

 

Elle veut juste de l'espoir.  

 

(Script original)

Scénario :
une série Z dramatique de Morena Feild

Barclay Lee

Emmannuelle Huang
Sorti le 01 février 2014 (Semaine 474)
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