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MMP présente
Modesty

Il n'y avait pas trente-six solutions : soit ça passait, soit ça cassait.  

 

Modesty (Kathryn Renton) était furieuse : on lui avait demandé de récupérer un "paquet" pour son patron Jonas Bailey (David Hemmings), on avait juste oublié de lui signaler que ledit paquet était une mioche de 9 ans nommée Haley (Amy Blakstad) - ça, à la limite, c'était pas le problème - mais surtout, qu'elle était protégée par trois fiers-à-bras de la Mafia Napolitaine ! Ici, à New-York, on ne plaisantait pas avec ce genre de choses et les enlèvements de ce type étaient plutôt vus d'un mauvais oeil.  

Elle était présentement en compagnie d'une gosse qui la mordait jusqu'au sang et qui se débattait pour échapper à sa kidnappeuse, à éviter les balles tirées par les gardes du corps tout en essayant de riposter avec une arme de service visiblement sous-dimensionnée.  

Le tout au beau milieu d'une fête foraine, à Coney Island USA, à la fin des années 70 !!  

 

"- Merde, merde, merde...."  

Les biceps de la Mafia tiraient dans le tas de la foule agglutinée pour l'inauguration de la Grande Roue, visiblement sans se soucier de potentielles victimes collatérales. L'affaire prenait méchante tournure : les tirs causaient une panique monstre et allaient attirer l'attention des autorités locales.  

Les autorités US même dans les seventies, plus que la Mafia : c'était ce que Modesty souhaitait éviter le plus ardemment. Elle redoubla sa vitesse et s'accroupit un instant derrière un stand de glacier, retira une petite seringue d'une de ses poches et en vida le contenu dans la jugulaire de la gamine hurlante. Celle-ci tomba dans les pommes presqu'immédiatement, mettant fin à ses tentatives (de toute manière vouées à l'échec) de fuite : Modesty préférait se trimballer un sac de sable inerte qu'un sac de sable qui la frappait en lui cassant les oreilles.  

Trois nouvelles détonations brisèrent les machines à glace - les mafieux étaient toujours sur ses traces - elle répliqua au jugé par une salve de son semi-automatique.  

 

Au moins était-elle libre de ses mouvements depuis qu'elle avait lâché son déguisement de hippie qui lui avait permis de passer inaperçue ici et se rapprocher de sa cible. Cette gosse, elle ne la connaissait ni d'Eve ni d'Adam. Tout juste savait-elle que l'Agence la jugeait "critique". Dans l'ordre des priorités, il y avait "relatif", "important", "critique", "essentiel". Un niveau 3, donc. En général, pas de quoi fouetter un chat - pas si dangereux en tout cas.  

 

De nouvelles balles sifflèrent à ses oreilles - ils se rapprochaient. Elle prit Haley sur ses épaules et bondit hors de sa cachette : elle ne pouvait toujours se servir que d'un seul de ses bras : elle vida son chargeur vers les formes menaçantes, comprit aux cris qu'elle en avait touché une puis se dirigea en courant vers la sortie, elle rangea sa première arme et prit sa seconde. Il fallait toujours avoir une seconde arme sur soi.  

 

Elle prit la direction de la "Maison de l'Horreur", traditionnel lieu du Train Fantôme du parc d'attractions où plusieurs générations de New-Yorkais s'étaient bécotées dans l'obscurité et les frissons cheap. Mais elle n'enfourcha pas une des voiturettes sur rails - et bondit vers l'entrée en coup de vent, ouvrit le "Rideau des Ténèbres" à la volée. En passant, elle effraya un préposé qui s'était réfugié ici en entendant les coups de feu.  

Elle s'arrêta brusquement, le fusilla du regard et lui intima de disparaître. L'employé prit ces jambes à son cou, sortit... pour se retrouver en face de deux visages patibulaires et essoufflés qui, aussi surpris que lui, pointèrent leur arme sur lui et firent feu !  

 

Modesty profita de ces quelques secondes de répit pour reprendre son souffle, puis s'enfonça vers le "Labyrinthe de la Quatrième Dimension" au coeur du parcours.  

Une fois arrivée, elle posa Haley, respira un coup. C'était la première fois qu'elle venait ici : l'Agence avait vraiment le chic pour dégoter des sorties originales, franchement ! Elle avisa les miroirs déformants et les éclairages stroboscopiques qui lui donnaient l'impression de sortir d'un vieux "Conte de la Crypte". Elle trouva très vite ce qu'elle cherchait (elle entendrait déjà ses poursuivants), pressa un endroit précis du muret gauche qui coulissa.  

 

Les deux hommes avaient tiré dans toutes les glaces. Rien ni personne - pourtant, ils en étaient sûrs : la pétasse était là il n'y a même pas cinq secondes !! Ils sortirent par derrière mais une constatation s'imposait de plus en plus cruellement à leurs yeux chassieux : ils avaient perdu la trace d'Haley, un des leurs était blessé et ils ignoraient tout de leur agresseur. Le "Boss" serait furieux.  

 

Le boyau dans lequel Modesty s'était engouffré, la gamine sous le bras, menait à une pièce entièrement blanche. Au-dehors, elle pouvait entendre des détonations - il s'en était fallu de peu mais avec un peu de chance, ils n'avaient rien vus.  

La jeune femme s'accroupit par terre, posa la môme et attendit la déflagration qui précédait toujours la sortie. Celle-ci ne tarda pas : une grande lumière, un flash.  

Et plus personne dans la pièce.  

 

 

 

Les installations de l'Agence avaient une taille cyclopéenne. La machinerie faite de tuyaux, de gigantesques ordinateurs et d'un appareillage qui défiait l'imagination mesurait plusieurs centaines de mètres de hauteur. Le tout était abrité sous plusieurs kilomètres de sous-sols et refroidi pas des thermo-couples de la taille d'un immeuble de dix étages.  

 

Au coeur du monumental édifice que seule une civilisation extrêmement évoluée avait pu concevoir, se trouvait une bulle d'un blanc clinique et laiteux. Au coeur de cette bulle venait d'apparaître un couple fumant de formes féminines.  

Modesty reprit ses sens la première : elle était désormais habituée à ce type de voyage et avait prit soin de ne rien avaler dans les heures précédentes. Ce qui n'était pas le cas de Haley qui venait de se réveiller et vomissait désormais caramels, cola et barbe-à-papa dont elle s'était gavée... A l'entendre, c'était sûr, elle allait mourir. Peut-être valait-il mieux, pensa Modesty.  

Un sas coulissa dans la bulle - du personnel en combinaison anti-bactériologique s'empara sans ménagement de la petite fille qui continuait à rendre ses tripes. On récupéra bile et déchets organiques. Comme à son habitude, Modesty se releva et toujours sans un mot, prit la direction des douches de décontamination.  

 

"- Sept minutes trois secondes... Tu campais ?"  

Elle détestait être dérangée pendant sa toilette, même par son amant. Et ci-devant opérateur qui l'avait envoyée au pays du disco à l'époque du disco. Fenrid (J. K. Simpson) se régalait les yeux du physique avantageux de la jeune femme. Il lui conseilla de se hâter, Bailey souhaitait lui parler au plus vite.  

Quelques instants plus tard, elle faisait son pré-rapport au patron, un vieil homme sans âge qui, disait-on, avait été le premier humain à se servir de la physique quantique pour concevoir une machine à voyager dans le temps, quelque part en l'an 3000 et quelques.  

 

On ne se souvenait plus vraiment du premier contact avec les "aliens" ni si c'était eux qui nous avaient contactés ou l'inverse ; Bailey aimait à brouiller les pistes à ce sujet. Toujours est-il qu'en leur compagnie, il avait achevé les travaux de sa vie : la machine existait à présent, opérationnelle. Avec son équipe et une petite communauté de scientifiques, ils l'avaient expérimentée.  

 

Le fait qu'ils avaient détruit l'univers dans le processus n'était pas un détail.  

 

Ils se trouvaient désormais au milieu de nulle part, sur un "morceau de réalité stabilisée" dans un univers en perpétuel chaos. Eux, les survivants : cinq mille âmes et autant de créatures extra-terrestres, tous issus du projet 'Satori' qui les avait transformés en "Agence sans espace-temps fixe" comme aimait à le souligner Fenrid.  

 

Bailey avait trouvé dans son erreur un nouveau sens à sa vie : le chaos extérieur lui offrait une énergie fabuleuse et inépuisable pour utiliser sa machine. Il envoyait ses "employés" récupérer ce dont il avait besoin à travers le temps pour corriger ce qui avait entraîné la Fin de Tout. Il se savait autant vénéré que détesté et touchait bientôt au but. Il savait également que cette situation les entraînait un peu plus dans la folie tous les jours. Bientôt, leur esprit à tous refuserait cette réalité et on assisterait à un "pétage de plomb" collectif.  

La gamine, cette Haley, pouvait prévenir cela.  

 

(Script original)

Scénario : (3 commentaires)
une série A d'action (S.F. philosophique) de Alan Caine

David Hemmings

Kathryn Renton

Kyle Phorso

Stephanie Jarred
Avec la participation exceptionnelle de Amy Blakstad, J. K. Simpson
Musique par Jeanne Harrison
Sorti le 20 mars 2015 (Semaine 533)
Entrées : 22 697 723
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