Les gigantesques "Frelons" transporteurs de troupes américains venaient de se poser sur le petit aérodrome de Paulatina - la Sardaigne accueillait depuis les années 60 la base portuaire US mais aujourd'hui, l'agitation qui régnait dans le lieu habituellement tranquille et ensoleillé avait ce côté spectaculaire et un peu menaçant des préparatifs de la guerre. Le ballet des C130 Hercules semblait faire trembler l'atmosphère elle-même. Alors que le soleil déclinait paresseusement dans l'horizon, d'autres véhicules arrivaient sur site par la route.  

Paulatina avait été évacuée pour des "raisons de sécurité nationales" - on avait prétexté une pandémie quelconque et le Président du Conseil Italien et le Pentagone avaient pris une décision rapide de concert. Ne restait à demeure qu'un quarteron de soldats et leurs invités.  

Les "invités", parlons-en : une infanterie légère paramilitaire d'obédience inconnue et parlant vingt-cinq langues différentes avait débarqué et commencé à décharger des tonnes et des tonnes de matériel extrêmement sophistiqué : très bientôt, des hommes pourraient se glisser dans de puissants exosquelettes de type "Mech", soutenus par d'insubmersibles blindés. Sur les quais, on finissait de monter des sous-marins individuels. Les militaires américains regardaient cela d'un oeil distant quoique intéressé : ils avaient ordre de rester en retrait et ne comptaient pas s'impliquer plus en avant.  

Une puissante limousine était arrivée au coucher du soleil : plusieurs officiels de la Fédération de Zagorias en descendirent. Il y avait là deux cadres du Parti, un ministre de la guerre et le Général-Dictateur, le puissant Columbus Peyrefitte (Colin Jarred), affublé depuis sa plus tendre enfance d'une déformation génétique qui l'accablait d'un corps d'enfant. Ce qui contrastait singulièrement avec la dureté de sa politique. Tout se mettait en place : "Wild Dog" (Jason Kordic) ne tarderait pas à les rejoindre sur le théâtre des opérations...  

18 heures plus tard...  

Alanis Shinozuka-Dunaway (Lou Rosenmeyer) avait été mandée en extrême urgence auprès du représentant spécial du VSSE (Vital Situation Swift Elimination) à Kobe, Japon. Elle travaillait avec l'organisation depuis le décès de son mari et avait bénéficié du coup de pouce de l'ancien partenaire de ce dernier, Richard Miller. Depuis l'étrange disparition de Miller au large des côtes adriatiques, elle était devenue n°1 dans la hiérarchie de leurs "operatives" : grande blonde japonaise au physique spectaculaire, Alanis devait ses incroyables talents à la conjonction d'un métissage réussi et d'un entraînement quotidien rigoureux - elle venait d'ailleurs de terminer une session auprès de moines-ninja-boxeurs chez qui elle avait des habitudes estivales quand le VSSE la bippait.  

Sa Porsche Boxster (quitte à vivre une vie dangereuse, autant en profiter de manière glamour) venait de rentrer dans la petite cour intérieure du consulat de Russie. Elle prenait très vite connaissance de la situation en compagnie d'un rond de cuir affilié à l'OTAN (le mélange des genres était une spécialité du VSSE - il ne fallait jamais s'étonner de voir des organisations officiellement en froid coexister "officieusement" quand ils étaient en charge).  

La Fédération de Zagorias refaisait parler d'elle : la dernière dictature d'Europe du Sud s'était cette fois mise en tête d'envahir les Îles méditerranéennes d'Astigos, revendiquant "une paternité historique" sur les lieux. Les petites troupes de la Principauté avaient été balayées, les civils et touristes étrangers évacués, la Libye avait officiellement reconnu Columbus Peyrefitte comme le nouveau taulier des lieux, la Grèce était restée coi - toujours empêtrée dans des scandales politiques... L'Europe des 27 avait fait part de son "extrême inquiétude", invitant les troupes du Zagorias à se retirer des lieux dans les meilleurs délais (leur menace étant une saisine du Conseil de Sécurité de l'ONU), les USA avaient soutenu l'Europe, la Chine et la Russie s'en fichaient - et pour cause : Astigos n'avait aucune ressource particulière - cachée ou révélée, c'était un nid à touristes, éventuellement une plate-forme pour l'immigration illégale vers l'Europe, un site historique plutôt joli et coloré : que venait faire une armée de mercenaires sur les lieux ?  

La menace était renforcée par la présence d'un individu que tout le monde avait cru mort après la "Bataille de Cersia"*, ce monstre de Wild Dog ! Connaissant l'animal - et la perversité de Peyrefitte, le VSSE et l'OTAN craignaient la dissémination de missiles balistiques sur le chapelet d'îles. Le but des assaillants restait obscur mais les rapports qui arrivaient de la résistance locale qui commençait à s'organiser autour d'Alicia Winston (Cristina Lillard), ex-agent de la CIA devenue notable locale, n'incitaient guère à l'optimisme. Ils évoquaient la mise en place d'armes de destruction massive sous la forme de silos...  

C'était troublant mais il fallait faire vite : la Maison Blanche ne souhaitait pas intervenir directement et l'OTAN fermerait officiellement les yeux tant que ses intérêts n'étaient pas menacés - le VSSE était donc commandité pour débarquer une petite troupe et annihiler les forces adverses et découvrir les raisons réelles de cette annexion.  

Ils avaient 48 heures.  

* voir Time Crisis (2008), produit par MMP : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=5589  

(Script original, adaptation libre du jeu vidéo de Namco - suite de Time Crisis)