Dans un des épisodes de la série TV animée de Matt Groening Futurama diffusée dans les années 2000, un des personnages, scientifique farfelu quoiqu'émérite, évoque l'évolution des espèces du point de vue Darwinien avec ses amis. L'un deux se tourne alors vers le public-téléspectateur, levant le doigt au ciel en guise de précision : "sauf en Arkansas".  

Ce gag est toujours représentatif, même de nos jours, de l'opposition larvée existant aux USA entre les partisans de l'évolution telle que la science moderne l'enseigne de nos jours - Darwin ne représentant qu'un des maillons de cette étude - et les tenants du Créationnisme pour qui les dinosaures dominaient le monde il y a 50 000 ans (afin d'être raccord avec les écrits de la Bible). Groupes de pression politiques et religieux, lobbies, associations de consommateurs, artistes : le créationnisme - dans sa version la plus moderne "créationnisme scientifique", revendique une place dans l'enseignement Nord-Américain. Si ses partisans ne manifestent plus violemment pour interdire les théories de Darwin auxquelles ils s'opposent, ils exigent en contrepartie un traitement équitable de "leur" vision. Ainsi, créationnisme scientifique et évolution darwinienne seraient présentées comme hypothèses de même valeur.  

Pourtant en 1968, la Cour Suprême des Etats-Unis d'Amérique statuait publiquement contre l'interdiction de l'enseignement de l'évolution darwinienne des espèces au sein des écoles de l'Arkansas. Cette loi régionale violait non seulement l'édit d'Establishment Clause mais également la bonne marche de l'enseignement religieux. L'affaire McClean vs Arkansas sise en 1981, reprenait à son compte ces conclusions. Une partie du clergé protestant s'y opposait publiquement, mais une partie seulement, les différents courants de l'église ne parvenant jamais à un accord totalement clair sur la question.  

"Qu'est-ce qui posait problème en Arkansas - et qui pose toujours problème ? Qu'est-ce qui ne va pas avec ces gens ?" C'est William R. Fichter de l'Université de Columbia qui s'exprime, interrogée par Little L. "Le Créationnisme est "scientiste" et non science - il ne repose sur rien de factuel, et quand il utilise le fait, il le détourne complètement de son contexte. Si "l'évolution" telle que nous l'étudions garde, c'est vrai, des zones floues, remplacer d'un bloc nos connaissances par Adam et Eve, une création divine et le témoignage de pseudo-docteurs fantaisistes est complètement anachronique et nous fait régresser au temps du moyen-âge : inutile d'aller dire du mal des talibans quand on partage la même rigueur scientifique qu'eux !"  

"Foutaises !" répond Mark DiBiaggi, ancien enseignant anthropologue aujourd'hui essayiste free-lance qui dénonce à tour d'ouvrages et de conférences à travers le monde "l'imposture de l'Evolution" : "Ce sont les puissants qui, de tous temps, ont déterminé ce à quoi il fallait croire et ce qu'il était bon que le peuple entende. Cela a donné à l'humanité des oeillères qui aujourd'hui, nous interdisent de voir l'intégralité du message de Dieu. Oui, les dinosaures ont existé. Oui, ils ont disparu.... Mais sûrement pas aux dates que l'on nous soumet. Il n'y a plus aucune discussion, plus aucun débat sur le sujet, les scientifiques eux-mêmes ont perdu le goût de la remise en cause, qui devrait être la BASE de notre métier"  

Jack Paulson a ainsi pu aller à la découverte des tenants les plus acharnés du Créationnisme : écrivains, chercheurs, hommes et femmes d'église, membres de la société civile et artistes pour qui Dieu a créé le monde et pour qui l'Humanité fait fausse route et l'affaire de Satan (toujours premier sur le mensonge).  

A travers les témoignages recueillis par ses comédiens, le metteur en scène et monteur Peter Winstone tente de dessiner la géographie du Créationnisme et de ceux qui s'y opposent. Un documentaire parlant sur les peurs générées par le monde moderne et le retour aux seules valeurs religieuses en Occident comme base de la Vérité. Si vérité il y a...  

(Script original)