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MMP présente
War Song - Le Chant de la Destruction

Londres - hiver 1842  

 

Sir Robert Peel est stressé. Le récent Premier Ministre du Royaume-Uni s'en revient d'une réunion avec ses conseillers et repart pour une seconde. Il a souhaité la présence dans les locaux de Scotland Yard d'Eugène-François Vidocq. Le français l'a aidé, il y a quelques années de cela, à créer la fameuse institution, réunification de l'ensemble des service de la Metropolitan Police de la Capitale du Royaume sous une seule bannière. Mais si "The Vidocq" est ici en tant que conseiller à titre privé, il est aussi plus officieusement représentant des affaires de son pays, mandaté spécialement par Nicolas-Jean-de-Dieu Soult, ci-devant Président du Conseil de Gouvernement français de la Monarchie de Juillet. Car il est une affaire bien embarrassante pour leur deux pays. Des naufrageurs agissent toujours dans la Manche et les côtes britanniques et sont la raison officielle de cette réunion. Pourtant, ce n'est pas le plus grave événement touchant leur pays.  

 

Un étrange courant marin entre Dover et Calais fait échouer depuis quelques semaines des cadavres sur les plages anglaise. Problème : aucun n'est identifiable. Jamais dévoré par la faune marine habituellement féroce, leur visage sont tout simplement effacés comme si Dieu lui-même avait pris un malin plaisir à gommer ce qui les rendait humain. Leur corps de surcroît présente des attributs difficilement assimilables à ceux d'un adulte, un sexe à peine visible. La réflexion d'un des médecins les ayant examinés fait froid dans le dos : "comme si des foetus étaient arrivés à taille d'homme et étaient sortis d'on ne sait quelle matrice impie". Le problème se serait résolu par lui-même si les échoués ne se comptaient pas... par centaines, créant parfois un vent de panique dans les terres !  

 

Arrivé en calèche sur Whitehall Place, Peel y retrouve son vieil ami français, des conseillers et de nombreuses personnalités de son Cabinet de Sécurité. Dans les locaux cosy du Yard, on distribue thés et boissons chaudes - on discute un temps de banalités, histoire de se préparer à ce que l'on va subir. On fait asseoir l'assistance. Dehors, il se met à neiger.  

Un membre du cabinet expose sur grand tableau noir plusieurs daguerréotypes* des cadavres repêchés. Leur vision fait trembler d'effroi l'assistance. Sont-ce des hommes ? - s'interrogent certains, est-ce que ce ne sont pas encore des poissons ? - se posent d'autres... Les scientifiques présents font part de leur désarroi. Les organes internes sont humains mais malformés, et des restes de leur passé aquatique présents. C'est singulièrement abominable, contre-nature.  

Peel souligne qu'il ne veut pas de "ça" ni dans la mer, ni sur terre.  

 

Et d'où viennent ces... gens - ces créatures ? Vidocq tousse un instant et fait rentrer Brice Leblanc (Barclay Weiner), pêcheur venu des colonies et premier marin ... hum... français à avoir récupéré un corps dans ses filet au large de la Manche. L'assistance est médusée : on lui expose des monstruosités et maintenant un nègr... Peel hausse le ton, interrompt sèchement l'assistance qui commence à s'agiter. Leblanc démarre son récit : il évoque d'abord la famille qui l'emploie, honnêtes marins normands qui l'ont l'éduqué comme un fils et lui ont appris à lire, écrire - il évoque ensuite leur frayeur quand, au large de Denneville il y a trois mois de cela ils se sont retrouvés en pleine nuit au milieu d'un banc de ces corps grouillants et visqueux qu'ils repêchaient dans leurs filets. Effrayés, les hommes d'équipage se dépêchaient de les remettre à la mer, certains, d'après les témoignages bougeaient encore ! Illusion d'optique due à la panique ou la fatigue ? Non : Brice se souvient des mouvements de ses monstres suintants, il se souvient aussi des mots, des sons qu'ils ne parvenaient pas à articuler. Leblanc précise que cette nuit-là, personne dans l'équipage n'a pu se reposer, leur seul objectif ayant été de sortir des courants qui les avaient amenés là, gardant avec eux un cadavre-preuve de leur découverte cauchemardesque. Pour ne pas oublier et ne pas être traités de fous. Localement, l'affaire a été rapidement étouffée par les services de Vidocq à la demande de la Gouvernance.  

 

Personne sur les côtes anglaises n'a évoqué de déchets d'humanité à qui ils serait resté un souffle de vie. Leblanc et sa famille sont les seuls à les avoir vus vivants. Qu'importe pour le Premier Ministre : vivants ou morts, ces choses doivent disparaître du channel entre les deux pays. C'est une question de sécurité nationale et diplomatique : sans cela, on va recommencer à entendre parler de légendes d'hommes-poissons des deux côtés de la Manche, les marins ne voudront plus prendre la mer, développeront à nouveau angoisses, phobies et paranoïa, terreau du trouble et de la sédition. Côté Anglais, la Reine Victoria a été assez claire avec Peel : elle qui a subi cette année trois tentatives d'assassinat voit en ces choses un signe du démon - il faut donc éradiquer le signe et sa source. Côté Français, on partage cette opinion en sourdine tout en mettant un point d'honneur à mobiliser l'armée en cas de besoin.  

 

On délègue pour cela un duo d'enquêteurs présents dans l'assistance : en plus de Leblanc qui les accompagnera, on mandate le Colonel William J. Murphy III (Sam Hawkins) de la Royal Navy et la scientifique française Maude Labrov (Shannon Huntley) de l'Académie des Sciences de Paris, première à s'être penchée sur ces êtres. Les policiers et politiques présents dans la salle font les gros yeux : le trio est dépareillé et ne passera en aucun cas "discrètement" là où il se rendra. Le Haut Commissaire de Scotland Yard compte justement sur cet effet pour ne pas attirer les soupçons !  

Leur première direction : Cherbourg puis le reste de la côte en démarrant par Denneville. Pour la vieille dame, ce ne sera pas un voyage d'agrément, mais elle est extrêmement motivée par la perspective de nouvelles découvertes scientifiques. Ses vues sont en contradiction notable avec celles de Murphy, partisan d'une méthode plus radicale de traitement de l'anormalité. Il renifle d'ailleurs bruyamment en présence de Leblanc.  

 

Avant de partir de la pièce à la suite de ses nouveaux compagnons, le pêcheur s'arrête un instant et se retourne vers l'assistance : il évoque son propre passé, chez lui, à la Réunion. Il se rappelle des chants d'esclaves que sa grand-tante lui apprenait. Certains évoquaient un peuple perdu de la mer, que Dieu avait puni pour avoir essayé de le doubler en invoquant de fausses divinités. Une de ses comptines se nommait Le Chant de la Destruction - la voix de Dieu qui avait tonné un jour sur ce peuple et l'avait définitivement enfoui sous l'océan.  

"Les hommes ne croient plus en Dieu - ils essayent peut-être de revenir pour nous tromper" glisse-t'il dans un souffle avant de prendre congé.  

 

* ancêtre de la photographie qui exigeait d'importants temps de pose  

 

(Script original)

Scénario :
une série A policier (Fantastique) de Daniel Sbrizzi

Sam Hawkins

Shannon Huntley

Barclay Weiner

Isabel Rasmuson
Avec la participation exceptionnelle de Hilary Pullman, Lee Khan
Musique par Emmannuelle Cage
Sorti le 04 juin 2016 (Semaine 596)
Entrées : 24 989 746
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