La nuit était tombée depuis plus d'une heure déjà, et une pluie battante s'abattait sur la ville, innondant les rues d'un flot que les canniveaux ne parvenaient pas à contenir. Vêtu d'un imperméable, dont il avait relevé le col pour se protéger un maximum de la pluie, et d'un chapeau sous lequel brûlait une cigarette qu'il avait pris le temps d'allumer dans sa voiture avant de sortir sous cette pluie, le lieutenant Alain Duperey (Patrick Lassek) avançait vers la porte du zoo où l'attendait la propriétaire. C'était la troisième fois en deux semaines que le lieutenant de police était envoyé sur les lieux. Une nouvelle fois, un employé du zoo avait été découvert mort dans l'enceinte du zoo.  

Se tenant debout sous un parapluie, Annie Souret (Ada Proto), la propriétaire des lieux, accueillit Duperey avec un air dépité. Cette affaire commençait à sérieusement nuire à son entreprise, dont la fréquentation avait baissé de manière significative depuis une semaine, et dont les employés menaçaient de démissionner, craignant pour leur propre vie. Au début, l'affaire avait plutôt été une "bonne" publicitié pour le zoo, qui avait attiré de nombreux curieux souhaitant voir de leurs yeux les lieux où avait été trouvé cet homme, dont le corps avait été sauvagement mutilé, comme s'il avait été attaqué par une bête. Mais quand ce "crime" s'était répété, les gens avaient plutôt commencé à fuire le zoo.  

Avec ce troisième crime, les choses n'allaient encore pas s'arranger, ce qui désolait la propriétaire au plus haut point.  

C'est près de la cage aux lions, dans une allée du zoo, que le corps de Virginie Touzet gisait, le visage défiguré, figé sur une expression d'horreur qui en disait long sur les circonstances de sa mort. Quelques policiers étaient déjà sur les lieux, lorsque le lieutenant Duperey arriva, accompagné de la patronne du zoo. Le policier reconnut le visage de cette femme, qu'il avait interrogée, avec tous ses autres collègues, quelques jours auparavant encore. Après avoir étudié quelque peu les morsures mortelles qu'elle avait à la gorge, que les spécialistes ne parvenaient à associer à aucun animal connu, il ordonna rapidement d'emmener le corps, la pluie empêchant d'effectuer toute recherche autour de celui-ci. A priori, il s'agissait du même genre de morsures que pour les deux précédentes victimes.  

Alors qu'on s'apprétait à déplacer le cadavre, la voix d'un homme retentit, ordonnant de ne surtout pas y toucher. En se retournant, Duperey reconnut immédiatement le visage de l'homme qui approchait. Il en avait bien assez entendu parler dans la presse ces derniers temps. Allan Wolf (Hiromi Knight), Allan Martel de son vrai nom, se présentait lui-même comme un "détective du fantastique", et affirmait que le monde autour de nous n'était pas si loin des romans de genre. Pour lui, loup-garous, vampires, et autres créatures fantastiques du genre existaient, et il proposait ses services pour combattre ces créatures démoniaques à travers tout le pays. Des foutaises pour appater le pechno, selon Alain Duperey.  

Mais alors que foutait ce bon à rien sur les lieux de ce crime ? Interrogeant du regard la patronne des lieux, celle-ci lui expliqua la raison de sa présence. Face à l'inefficacité de la police, qui avait pourtant dépêché son meilleur élément sur l'enquête, elle avait décidé, suite à ce troisième meurtre, de faire appel aux services de cet homme, qui pourrait peut-être découvrir ce qui attaquait ainsi ses employés et mettre fin à cette vague de crimes qui allait bientôt commencer à coûter très cher au zoo.  

Pour Duperey, c'était ce charlatan qui allait coûter cher à Mlle Souret, mais ce n'était pas son problème. Le sien, c'était qu'il allait avoir ce type dans les pattes à présent, qui tirerait des conclusions à la mord moi l'noeud et parasiterait son enquête avec des conclusions fantaisistes que certains risquaient même de croire. Un vent de panique pourrait bien naître en ville, si jamais on laissait cet homme dispenser ses conclusions dans la presse, pour se faire de la publicité.  

Après tout, il devait assurer son fond de commerce, et ces trois crimes pouvaient lui permettre d'appuyer ses théories pour convaincre tout un chacun qu'ils étaient effectivement entourés de créatures tout droit sorties de livres d'horreur. Avec tous ces amateurs de bit-lit et autres littératures fantastiques, Allan Wolf avait une clientèle toute désignée pour croire à ses sornettes.  

De son côté, Alain Duperey était convaincu que ces crimes avaient une explication bien moins fantasiste que ce qu'imaginait déjà son "concurrent". En observant Allan, penché au dessus du corps de la victime, le lieutenant su qu'il il allait cette fois-ci devoir mettre les bouchées doubles pour résoudre l'affaire avant que ce charlatan ne fasse dégénérer la situation.