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MMP présente
Dramatykon

Avril 2009  

 

Horreur !  

Malheur !!  

Le Directeur du Festival International d'Art Lyrique (le FIAL) d'Orange, Bruno Pascal de la Hutte de Frémont, a été retrouvé assassiné d'un coup de poignard dans son bureau du centre. Toute la ville et le Vaucluse sont en émoi à quelques encablures du Festival au sein duquel doit être présenté Dramatykon, le spectacle avant-gardiste mélangeant opéra danse et happening de la musicienne et metteur en scène Biélorusse Natasha Bizmuth-Romanova (Laura Bregman). Le milieu culturel monte sur ses grands chevaux, accusant l'extrême-droite d'un "ignoble crime fasciste" tandis que la Mairie se retrouve en porte-à-faux pour ne pas avoir tenu compte des menaces que le Directeur avait reçues suite à la programmation de l'oeuvre de Romanova, brûlot anti-capitaliste. On s'échauffe, on en vient au mains lors d'un Conseil Municipal Extraordinaire, la cohésion de la majorité au pouvoir est en danger.  

 

L'affaire pourrait prendre une tournure nationale en prévision d'un été 2009 que l'on annonce chaud et où la presse du Sud de la France s'ennuiera fermement, cherchant un os à ronger (elle aura bientôt des "iSmartPhone explosifs" pour montrer au monde entier toute l'acuité de son journalisme d'investigation) - Philippe Nimier (Fabrice Fenton) est envoyé en première ligne par le quotidien local L'Orangeade.  

Très vite, il fait le tour de la question : personnage de scène d'un milieu puissamment subventionné par les édiles locales et le Ministère, de la Hutte de Frémont devait sa nomination à des accointances politiques autant que culturelles ou sexuelles avec des "gens qui comptent". Toujours rigoureux dans son ministère, il avait réussi à imposer un écran de fumée qui faisait la promotion d'une gestion optimale des budgets pour ainsi mieux cacher certains petits secrets bien peu avouables de ses affaires.  

 

A gratter le vernis du bonhomme, Nimier se rendait compte que la victime était finalement comme tous les autres arrivistes débarqués de Paris (et soit-disant rattaché au Sud par des "racines familiales", par ailleurs inexistantes dans les faits). D'ailleurs, les informations qu'il recoupait par lui-même n'étaient pas secrètes, la Police Nationale devait déjà être passée par là - peut-être une piste qu'ils n'avaient pas voulu - ou pas pu - creuser. Nimier se méfiait de la rumeur autant que des poulets et leurs méthodes : poulet, il l'avait été pendant 15 ans. Son absence de progression dans la hiérarchie et l'agacement de se faire caillasser toutes les semaines lui avaient fait comprendre qu'une reconversion professionnelle était toujours possible pour sauver son mariage. Il avait gardé de son passé un excellent réseau - ce fin limier avait donc mis ses compétences aux services d'une vérité qui avait souvent tendance à prendre des libertés dans le coin.  

 

Natasha Bizmuth-Romanova avait maintenu ses représentations (c'était ça ou le Festival lui devait contractuellement des millions d'euros) et Nimier avait pu se rendre à une répétition en compagnie d'un Vice-Président avec lequel il avait gardé ses entrées. Romanova était issue du milieu théâtral, sa récente disposition pour l'art lyrique semblait plus motivée par l'appât du gain que par un véritable amour du genre : elle était insupportable vis-à-vis de ses artistes, egotique et ne faisait visiblement aucun effort pour se faire comprendre de la troupe - roulant les "r" et accentuant au possible son accent.  

Artistiquement, Nimier resta perplexe. Il avait l'impression de se retrouver devant une troupe d'amateurs issue d'une quelconque MJC des années 70. A part qu'ici, on faisait caca sur scène avant de passer à la lecture, puis au chant d'un mélange de Céline et de Drieux La Rochelle, de pamphlets révolutionnaires marxisants sur une composition dodécaphonique qu'il jugea dépassée depuis 20 ans.  

 

C'était... autre, sensé remuer les coeurs et les esprits. Nimier souhaitait pourtant prendre du recul, essayait de jauger l'attitude des employés vis-à-vis de la Diva. Parfois, cette dernière s'arrêtait de parler (hurler serait plus approprié), puis partait dans un grand rire hystérique (Nimier nota sur son carnet : "drogue", suivi d'un "?" - en l'état, ça n'aurait rien d'étonnant quand on connaissait les moeurs du milieu) : le retentissement qu'avait pour elle cette mort était une extraordinaire occasion d'auto-promotion - elle se donnait donc à fond, se sachant observée.  

 

Nimier avait interrogé le comptable, les élus, un représentant de la Culture, d'autres de ses collègues descendus spécialement de la Capitale et même un critique musical : il avait assez de matériau pour un premier papier focalisé sur l'écheveau de tensions qui semblait avoir pris l'organisation du Festival en tenaille - avant le décès de la Hutte et encore plus depuis. Une bonne introduction à une enquête de terrain plus approfondie...  

Il s'occuperait de Mme Bizmuth-Romanova demain.  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série Z comique (journalisme trash de province) de Olav Joseph

Fabrice Fenton

Carrie Quinlan
Musique par Laura Bregman
Sorti le 10 avril 2015 (Semaine 536)
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