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Sur le retour

Assis face à sa table basse, devant un verre de whisky qu'il venait de vider cul sec, Alain Duperey (Patrick Lassek) se tenait la tête entre les mains, comme dans l'espoir d'en faire sortir les images d'horreur qui ne quittaient plus ses yeux. Lui qui croyait avoir tout vu au cours de sa longue carrière de flic, ne s'était jamais préparé à voir pareille chose. Lui qui s'était toujours vanté d'avoir su garder de la distance par rapport à toutes les affaires sur lesquelles il avait travaillé, ce qui lui avait toujours permis, d'après lui, de résoudre ses affaires là où d'autres auraient échoué, parce qu'il savait ne pas s'impliquer émotionnellement, n'arrivait pas cette fois à oublier ce qu'il avait vu.  

De retour après plusieurs mois de congés forcés, suite à une affaire qui avait bien failli le mener lui-même en prison, Duperey n'attendait plus qu'à profiter d'une retraite bien méritée. Sa dernière affaire avait comme brisé quelque chose en lui, à tel point qu'il avait perdu le goût pour son métier. Bien que totalement innocenté, il avait été touché cette fois-là personnellement par l'enquête, et il n'avait plus jamais été le même depuis. Et les longs mois de repos forcés n'y avaient rien changé. Au contraire, il avait passé ses jours à repenser à tout ça, à comment il s'était retrouvé dans cette situation, se reprochant ses erreurs.  

Mais lorsqu'il était revenu au commissariat, c'est immédiatement à lui que son patron avait voulu lui confier cette nouvelle affaire morbide. Un crime d'une cruauté sans précédent, dans un quartier résidentiel de la ville. Arrivé sur les lieux, bien qu'on lui avait brièvement décrit de quoi il en était, le lieutenant Duperey n'avait pas imaginé à quel point la scène qu'il allait voir était horrible. Trois jeunes étudiantes avaient été égorgées et littéralement vidées de leur sang dans leur appartement. On avait arraché la carotide des victimes avec une violence inouïe, avec les dents, comme dans les pires films d'horreur.  

 

L'affaire avait évidemment rapidement fait la une des journeaux, et Duperey avait alors vu apparaître dans son sillage une personne dont il aurait préféré ne plus jamais croiser le chemin. Allan Martel (Hiromi Knight), dit "Allan Wolf", était un illuminé persuadé que le monde était peuplé de créatures fantastiques tels vampires et loup-garou. Un mythomane dans le meilleur des cas, un arnaqueur profitant de la crédulité des gens dans le pire des cas. Et bien évidemment, on ne manquait pas de le voir sur les lieux quand ce genre d'affaire avait lieu.  

Pour Duperey, il s'agissait sans doute encore de satanistes ou autres tarés du genre qui s'étaient échauffés un peu trop l'esprit et étaient passés à l'acte, après s'être lassés de leurs simples messes noires. Il avait pu prouver lors de la précédente affaire qui l'avait opposé à Wolf* que là où la solution de facilité était de croire à quelque chose de surnaturel, il y avait toujours une explication bien plus terre à terre pour celui qui prenait le temps de creuser un peu, et d'analyser tous les éléments. Mais malgré les conclusions de l'enquête, allant dans le sens contraire des alégations de Wolf, l'affaire avait été pour lui un immense coup de pub. Il avait été médiatisé comme jamais, et beaucoup croyaient à ses paroles, pour le plus grand malheur du lieutenant qui déséspérais de voir de pauvres gens crédules accorder du crédit à ce genre de demeuré.  

Lorsque Wolf vint à sa rencontre, Duperey du prendre sur lui pour garder son calme. Leur dernière rencontre avait bien assez agacé le flic pour qu'il ne veuille plus avoir affaire à ce satlymbanque, d'autant plus lorsqu'il venait ainsi vers lui avec un air supérieur et suffisant. "L'enquêteur de l'étrange", comme il se définissait lui-même, voulait connaître les conclusions de la police. Son sourire en coin en disait long sur sa pensée des enquêteurs publics. Duperey l'envoya gentiment voir ailleurs, ce que Wolf fit sans discuter.  

Evidemment, il se dirigea immédiatement après vers les caméras de télévision qui étaient déjà sur les lieux, devant l'immeuble où logeaient les trois victimes, pour réciter son speach habituel afin d'attirer encore plus de gens crédules dans son sillage. Malgré les conclusions de l'enquête au zoo, quelques années auparavant, beaucoup encore aujourd'hui soutenaient sur le net que la Police avait préféré cacher la vérité, en inventant des conclusions pour éviter de dire ce qui s'était réellement passé. Ces mêmes gens parlaient de Wolf comme d'un prophète, buvant littéralement ses paroles.  

 

Tandis qu'il observait dépité le saltimbanque qui jouait la comédie devant les caméras, Alain Duperey se dirigea vers sa voiture pour rejoindre le commissariat, où l'attendait sans doute déjà cette jeune femme, étudiante dans la même classe que les trois victime, et que beaucoup désignaient déjà comme la coupable. Tout ce qu'il fallait pour convaincre le lieutenant de son innoncence, donc, lui qui avait une facheuse tendance à prendre le contre-pied de l'avis populaire. Evidemment, le fait que Virginie Marsan (Amy Torres) soit une gothique, adepte de musique rock à tendance sataniste, en faisait la coupable idéale. Mais pour Duperey, il s'agissait là d'une solution trop facile. Pourtant, il ne pouvait malgré tout ignorer aucun élément de l'enquête, et devait interroger cette pauvre fille qui faisait déjà l'objet de toutes les accusations depuis l'annonce de la mort des trois étudiantes.  

Pour éviter tout débordement, il l'avait fait convoquer au commissariat. Ainsi, il pourrait tranquillement l'interroger dans son bureau. Il savait qu'une telle convocation allait sans doute attiser la rumeur, mais il jugeait ce genre de face à face préférable. Lui craignait au contraire que la jeune fille soit elle aussi une victime, une victime du tueur qui voulait justement lui faire porter le chapeau. Si tel était le cas, alors sans doute l'assassin connaissait tout aussi bien cette Virginie Marsan que les trois victime.  

Voilà pourquoi le lieutenant voulait interroger la jeune fille. Non pas pour lui demander ce qu'elle avait fait cette dernière nuit, bien que la procédure l'obligeait à lui poser cette question, mais pour tenter d'en savoir plus sur son entourage, sur les quelconques personnes qui lui permettraient de faire le lien entre elle et les victimes.  

 

De retour chez lui, Allan Martel retrouva sa fiancée à la maison. Sophie Névant (Marie Gregson) avait rencontré l'enquêteur de l'étrange quelques mois après "l'affaire du loup-garou du zoo", comme il la nommait. Convaincue qu'il disait vraie, elle avait tout fait pour le rencontrer, et ils ne s'étaient plus lâchés depuis. Et petit à petit, le couple avait créé autour de lui, une communauté de "croyants", persuadés que le "prophète" disait la vérité. Allan s'était alors senti un pouvoir comme il n'avait jamais eut. Tous ces gens qui lui accordaient du crédit, lui prouvaient que ce qu'il racontait n'était pas que des histoires d'un illuminé, mais bien plus.  

Imaginait-il un seul instant qu'en convainquant ainsi certaines personnes de la présences de créatures telles qu'il les décrivait, il pouvait en fait créer en quelque sorte ces créatures, certains de ses adeptes étant si convaincus qu'il disait vrai, qu'ils en arrivaient à se convaincre eux-même qu'ils étaient une de ces créatures, et qu'ils finissaient par commettre des actes semblables à ceux qu'on accordraient aux vampires, par exemple ?  

 

Assis face à sa table basse, devant son verre de whisky, Alain Duperey repensait à l'entretien qu'il avait eut cet après-midi là avec la jeune étudiante gothique. Encore une fois, l'affaire qu'on lui avait confiée semblait bien difficile à résoudre. Mais cette fois-ci, il s'interrogeait sur sa capacité à pouvoir la mener jusqu'à son terme. Avait-il encore la force de se battre contre les préjugés, contre la pensée populaire, pour enquêter jusqu'au bout et découvrir la vérité ? Lui-même n'en était plus certain, et il craignait que cette fois encore, une victime paye à cause de son inefficacité...  

 

* Voir "Sur les dents"

Scénario : (1 commentaire)
une série B policier de Mandy Winstone

Patrick Lassek

Amy Torres

Hiromi Knight

Marie Gregson
Musique par Brendan Frederick
Sorti le 22 novembre 2019 (Semaine 777)
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