La caméra tremblotte, fixant l'entrebaillement d'une porte, comme dans l'attente de quelque chose qui ne vient pas. Dans le micro, on peut entendre la respiration essoufflée d'une personne, et des pleurs contenus, les gémissements d'une personne terrorisée. Puis le rythme de la respiration semble se calmer, et la caméra s'écarte tranquillement de l'ouverture de la porte. La pièce dans laquelle elle se trouve semble dans le noir, et on ne distingue pas du tout le décor qui l'entoure.  

Soudain, la caméra se retourne et filme en gros plan le visage d'une jeune femme, le visage baigné de larmes, le regard terrorisé. Elle s'adresse alors à voix basse en sanglottant à la caméra qu'elle tient dans les mains, s'adressant à celui qui verra cette vidéo, si jamais quelqu'un la voit un jour...  

Je veux dire à mes parents que je les aime, et je veux demander pardon aux parents de mes amis. Je suis désolée. Tout ça est ma faute. C'est moi qui ai organisé cette fête, et c'est à cause de moi que tout le monde s'est retrouvé là. Je ne sais pas qui est cette personne qui en a après nous, ni ce qu'elle veut, mais si je n'avais pas été là, tout ça ne serait jamais arrivé.  

J'ai peur. Je suis terrorisée ! J'ai voulu à tout prix filmer tout ce qui s'est passé pour le cas où aucun d'entre nous ne s'en sortirait, pour laisser quelque chose derrière nous qui permettra peut-être d'arrêter celui qui nous a fait ça. Je ne sais pas où sont passés les autres. Je ne sais pas où est Lily. On s'est perdues. Et maintenant, je n'ose pas partir à sa recherche. J'ai peur de rester sur place, et j'ai peur de sortir de ma cachette.  

Attendez... Quelqu'un approche...  

Les deux flèches arrière, signe du retour arrière de la vidéo apparaissent sur l'écran, pendant que les noms des personnes présentes sur la vidéo apparaissent. Puis le film reprend au début. On découvre alors une immense pièce, entourée de murs en pierre ancienne, et décorée d'un mobilier ancien également. Au milieu de cette pièce, alors que la musique résonne à travers le bâtiment, une bande de jeunes danse, vêtus de déguisements divers, et tenant chacun un verre à la main qu'ils vident gouluement.  

La caméra s'approche alors d'une jeune fille asiatique qui se tient debout près du mur, à l'écart des danseurs.  

Alors Lily, qu'est-ce que tu penses de ma fête de Mardi Gras ? Plutôt réussie, non ? Il fallait la trouver cette vieille maison pour un tel prix, avoue-le quand même ! Ici, on peut faire tout le bruit qu'on veut, on peut faire exploser les enceintes, il n'y a aucun voisin qui viendra se plaindre. Toi qui voulait te changer les idées, c'est l'idéal ! On est loin de tout ici ! Tu imagines, on ne capte même pas avec nos portables !  

Allez ! Arrête de faire cette tête et va danser avec les autres. Il faut que j'immortalise sur cette vidéo tes talents de danseuse. Qui sait ? Peut-être que lorsqu'elle fera le tour du net tu seras repérée par un professionnel qui te donnera ta chance ! C'est sérieux ! Franchement ! Tu peux te moquer Lily, au moins, j'ai réussi à te faire sourire. Allez, vas-y !  

Afin que son amie la laisse tranquille, Lily se décide à rejoindre les autres danser, pendant que la jeune fille qui tient la caméra la filme, en faisant le tour de la salle. Elle s'approche alors d'un jeune garçon, qui devient sa nouvelle victime.  

Allez Matt, vas-y ! Décides-toi ! Tu la dévore des yeux, il va bien falloir que tu finisses par avouer à Lily ce que tu ressens. C'est l'occasion où jamais, j'ai organisé cette fête spécialement pour elle. Il faut l'aider à se changer les idées, et quelque chose me dit qu'elle a bien besoin d'une épaule en ce moment, autre qu'amicale.  

Le jeune homme fait la grimace, n'osant pas bouger de l'endroit où il se trouve. En arrière plan, un autre garçon s'approche alors de la caméra, se dirigeant droit vers elle d'un pas déterminé. La caméra se détourne, et abandonne alors Matt là où il se trouve pour se diriger de l'autre côté de la pièce, mais c'est trop tard.  

T'es lourd, Pat'. Combien de fois il faudra que je te demande de me lâcher. T'as peut-être réussi à emmener plusieurs minettes dans ta bagnole, mais t'es pas prêt de m'avoir comme ça. Laisse moi tranquille maintenant, là. Tu vois pas que je filme ?... C'était quoi ça ?  

Un cri s'était fait entendre, venant d'une autre pièce. Plusieurs l'avaient entendu, mais noyé par la musique, le cri avait été à peine audible. Face à la caméra, Patrick continue d'ennuyer la cameraman qui n'a vraiment plus l'esprit à ça. Elle souhaite savoir d'où venait ce cri, et se dirige vers la sono pour éteindre la musique. Les cris de protestations retentissent alors lorsque la musique s'arrête.  

T'es lourde, Frances ! Remet la musique !  

Mais la cameraman demande le silence. Elle n'a pas rêvé. Elle est persuadée d'avoir entendu ce cri. Un nouveau cri retentit alors, semblant venir de l'étage. Paniquée, Frances filme en direction de l'escalier, dans l'espoir d'avoir une explication à ces cris. Le visage de Patrick apparaît alors de nouveau face à l'objectif, affichant un sourire niais.  

C'est rien que Mike et Lindsay. Ils sont montés à l'étage, et il est sans doute en train de la faire grimper au rideau. Si tu interrompt la fête à chaque cri de jouissance, t'as pas fini ma... Quoi ? C'est quoi ce bordel ?  

Tournant le dos à l'escalier, Patrick n'avait pas vu tout de suite la scène se déroulant derrière lui, tandis qu'il parlait à la caméra. Mais en voyant les yeux de ses amis, intrigué, il se retourne et découvre comme les autres Lindsay, se tenant immobile en haut de l'escalier, ses vêtements couverts de sang, silencieuse. Les mains plaquées contre le ventre, elle tente de dire quelque chose, mais n'y parvient pas, et s'écroule dans l'escalier, au milieu du vacarme de cris poussés par les membres de la fête.  

A l'étage, un pas lourd et lent se fait entendre, approchant de l'escalier...