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MMP présente
Ce Gars sur la Plage

Santa Graziela, sur la Côte Californienne - aujourd'hui.  

 

Teri Mooning (Alisa Ballard) est une jeune journaliste du California Inquirer, une feuille de chou principalement focalisée sur le urban living et la sub-culture de l'Etat le plus influent des USA. A peine arrivée au sein de la rédaction par l'entremise du journal de sa Faculté (le Camden Sentinel), son rédac'chef l'a très vite briefée. Il veut du contenu - the real thing comme il le dit lui-même : des vrais gens, de l'authentique, du vrai et du vécu.  

 

Du contenu ? Dans l'Etat du Paraître et de la superficialité ; elle ne s'attendait pas à une telle demande, convaincue que l'Inquirer était juste un repaire de plumes branchouilles grassement rémunérées par des sponsors qui avaient dit fuck à la crise de 2008. Elle part donc sur les chemins sinueux de la connaissance et de la recherche d'inédit.  

 

Et ce n'est pas dans une bibliothèque que cette connaissance-là s'acquiert - c'est sur la toile du net. Elle passe donc en revue les sites les plus freaks de sa génération : histoires paranormales, légendes urbaines, chanteurs tatoués, quartiers maudits, maisons hantées, groupes satanistes, musées improbables...  

En discutant au téléphone avec son père (Ari Golan, hors-champs), ce dernier lui conseille de ne plus se concentrer sur ce qu'elle apprécie mais sur une histoire qui pourrait toucher un public plus large. Le lendemain, elle fouine sur les sites des associations caritatives, des histoires extraordinaires mettant en scène des gens ordinaires...  

Rien. En fin de semaine, elle a l'impression de ne pas avoir avancé, sinon d'avoir fait le tour des névroses et paranoïas de son époque et de ses concitoyens.  

 

Revenant chez elle, elle consulte son courrier : facture, facture, facture, pub, pub, pub. Et un pauvre flyer d'une association d'anciens combattants du Viêt-Nam, association en difficulté qui appelle aujourd'hui aux dons et à la générosité, au patriotisme etc. Alors qu'elle s'en va pour jeter le feuillet, elle se ravise et téléphone au Président du mouvement. Mue par une inspiration soudaine, elle se présente comme journaliste en quête d'humanité, comprend parfaitement leur ressentiment et se montre enjôleuse.  

 

Trop, visiblement : l'homme au bout du fil (Logan Lester, grimé), la voix rauque et traînante, ne s'en laisse pas conter : après avoir été traînés dans la boue pendant et suite à un conflit qu'ils ne pouvaient gagner, les viet vet ont appris à se méfier de tout le monde : maltraités dans leur pays, les guerres du Golfe et l'antiterrorisme des années Bush/Obama les ont définitivement exclus du spectre médiatique, laminés, ringardisés - alors lui ne voit pas trop ce qu'il pourrait ajouter à la presse, sinon qu'ils sont des has been d'une histoire que Libéraux et Républicains se sont donnés le mot pour enterrer au plus tôt. Ce qui ne devrait pas tarder, les vets auront bientôt tous disparu, suicidés aux amphets, à l'alcool ou au désespoir de leur condition sans avenir et au passé infamant.  

 

Teri, décontenancée, ne sait plus quoi argumenter pour son article à venir - elle décide pourtant de s'accrocher. De guerre lasse, le Président lui lâche un nom : le Duke et un lieu : El Castillo. Le Duke est un ours mal léché qui n'a jamais fait partie d'aucune association d'anciens combattants. "Peut-être que vous pourrez en tirer quelque chose avant que sa carcasse ne pourrisse." Et l'échange de se conclure par ces quelques mots.  

 

El Castillo est un quartier périphérique à la population hispanique et afro-cubaine. Un site autrefois touristique baigné de soleil et parsemé de magnifiques plages, aujourd'hui quasiment déserté par la puissance publique, laissé à l'abandon et à la loi des gangs qui y prospèrent paisiblement dans un commerce illégal mais pépère (les explosions, c'est mauvais pour le buziness). Le lieu est également massivement fréquenté par des grappes de jeunes gens propres sur eux, futurs cadres et actuels surfeurs, venus s'encanailler ici le week-end, dans cet endroit où la coke n'est pas chère - avant que papa ne leur sonne le rappel et ne donne le "la" d'une future et florissante carrière dans les médias ou la finance.  

Teri, boursière et pas tout-à-fait sortie du cursus universitaire, envie cette mauvaise engeance qui se fout de tout et en est fière. Elle les voit presque tous les jours passer devant chez elle : El Castillo est à côté de son appart. Elle prend donc toute disposition pour aller voir ce Duke le lendemain matin.  

 

Elle n'aura pas grand mal à le trouver. Après une grosse demi-heure de recherche le long du rivage, elle localise peu avant 9h00 du matin un lieu qui ressemble à celui décrit par le Président de l'association : une maison en pilotis posée au bout d'une plage peu fréquentée, au milieu de pneus usagés et d'algues peu amènes. Au pied de la bâtisse, un vieil homme (David Kaine) est en train de faire cuire une nourriture informe, pauvre rata du squatter qu'il est devenu : un mauvais divorce, la maladie, une pension misérable... Voici Duke, qui porte sa vie sur ses frêles épaules - trois guêtres et deux babioles en guise d'univers à quoi se rattacher.  

 

Un peu bouleversée par l'état de cet homme, elle se rapproche de lui. Lui laisse finir de cuire sa tambouille, se lève, avise quelques galets plats, les ramasse, puis les projette sur la surface de la mer peu agitée sur cette partie de la rive en ce début d'été. Les pierres rebondissent les unes après les autres. Une fois, deux fois, trois fois - parfois même quatre... puis s'en vont couler comme leur consoeurs...  

 

Elle se présente timidement. Il lui jette un regard en biais, se rassoit et commence à dévorer son petit déjeuner. Elle lui parle de son article, de sa discussion avec le Président de l'association. Elle lui dit que certains de ses collègues ne l'ont pas oublié. Entre deux mastications, lui crache parfois des morceaux pas assez cuits ou encore trop durs puis se tourne vers elle. Il la regarde fixement.  

 

Un grand silence s'installe, comme si la mer avait un temps stoppé son éternel ressac.  

 

(Script original, tourné dans le Studio A de Frost films)

Scénario : (2 commentaires)
une série Z dramatique de Alan Caine

David Kaine

Alisa Ballard
Musique par Herbert Kater
Sorti le 14 août 2015 (Semaine 554)
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