Paris, de nos jours.  

Agnes Zowsky (Demetra Hardy) est une jeune étudiante australienne venue étudier les arts à Paris, ville fantasmée par la moitié de la planète. Résidant dans l'appartement cossu de son consul d'oncle - qu'elle ne voit jamais -, elle a pris ses habitudes dans le très chic quartier de la place Vendôme qu'elle fréquente.  

Une sorte de rêve éveillé, une carte postale "live", c'est un peu ce qu'Agnes vit depuis son arrivée ici. Et en plus, les gens sont gentils avec elle. Une qualité pas si évidente vu tout le mal qu'on lui avait dit des "parisian folks" hargneux et malotrus.  

Ou alors, elle ne fréquente pas les bonnes adresses, peut-être souhaiterait-elle au fond d'elle-même ressentir un peu "le frisson de l'aventure". Il est vrai qu'elle ne sort jamais seule - ses copines de promo viennent des classes aisées de la population - ni dans des quartiers douteux.  

Un matin, alors qu'elle se regarde dans la glace, elle se dit qu'elle est en train de devenir un cliché vivant de "grande bourgeoise chic". Elle s'interrompt un instant... puis hausse les épaules : oui, c'est cool d'avoir du fric - so what ? Il faudrait se faire violence parce que les pauvres (il y en a à Paris, elle en a croisé) existent et respirent le même air qu'elle ? Non : Agnes est définitivement imperméable à la culpabilité et à toute forme de pensée sociale un peu construite. Pas la faute d'avoir essayé, mais elle a trouvé un chemin moins tortueux pour réussir sa vie que le travail : Agnes a des ambitions artistiques... Son oncle n'est-il pas déjà fou de ses peintures au point d'avoir gaspillé des deniers public pour en consteller les couloirs de son petit consulat ?  

Et puis, elle fréquente le bon milieu pour se faire voir. Aidée du carnet d'adresses familial, elle rencontre le milieu médiatico-politico-culturel et trouve à son contact une nouvelle raison de vivre : ces gens-là ont tout compris, le Ministère de la Culture est la plus belle invention de cette République décidément très ingénieuse dans la répartition de son budget : subventionner une culture ultra-élitiste pour 5% de la population n'est pas forcément ce qu'il y a de plus "cool" pour les 95% restants, mais quand on fait partie des gens sur la bonne liste pour recevoir une bourse d'Etat, ça le devient !  

En plus d'être bien née et plutôt talentueuse, Agnes est aussi curieuse de nature. Attachée à s'améliorer, elle prend des cours de dessin.  

C'est à cette occasion qu'elle rencontre le ténébreux Luigi (Yvan Ohé). Luigi est un étudiant italien, comme elle en seconde année, mais lui pose nu comme modèle trois fois par semaine pour gagner quelques sous. Luigi est fauché et vit dans un des nombreux squats d'étudiants en ville. Le sien a vue sur la Place Vendôme. Elle et lui étaient voisins et l'ignoraient !  

Pour elle, c'est l'élément 'exotique' qu'elle cherchait sans le savoir depuis son arrivée sur le continent, son frisson d'aventure chez les pauvres...  

Luigi est aussi un bon guide du Paris insolite, il connaît tous les bons plans débrouille et se cherche lui aussi une petite place au soleil : danseur, il aimerait intégrer une troupe de comédie musicale (Paris est devenu un Broadway européen miniature) et s'il ne trouve au départ que peu d'intérêt à cette grande cruche blonde avec laquelle il se sent quelque affinité mais pas au point de virer hétéro, il se rend très vite compte du parti qu'il pourrait retirer de sa fréquentation.  

Entre les deux, un jeu de dupes commence à nouer leur étrange relation.  

(Script original)