Durée: 1h57  

Tout public  

-------------------------------------------------------------------  

Lucille, je t’aime. Depuis toujours, je t’aime, et à jamais. Je dois te le dire maintenant, il est temps. J’ai trop attendu, trop espérer. Il faut que tu sache ce que mon cœur pense quand tu crois serrer ton ami dans tes bras. Pour lui, il y a bien plus que de l’amitié et du réconfort. Pour lui, il y a l’amour, si compliqué, si difficile à avouer, ne serait-ce qu’à soi-même. Alors à celle qui pourrait le briser…  

Car c’est bien là le risque de ce merveilleux sentiment. L’absence de réciprocité, apprendre que depuis des années, vous n’avez jamais été sur une même longueur d’onde que la personne qui motive chacun de vos gestes. C’est une horreur quand tout ce que vous aviez imaginé, fantasmé, est brisé et demeurera pour toujours un rêve inaccessible. Quand vous prenez tout le courage de votre corps et vous préparez à déclarer votre amour. Le cœur tambourinant dans votre poitrine, la chaleur étouffante qui vous envahit, l’impression d’un état faibrile, l’hésitation dans la voix.  

Et puis le mur. Froid, glacial même, dur et violent. La faiblesse laisse place à l’impuissance complète. Vous refusez cette réalité brutale et au combien terrible pour vos rêves. Vous ne voulez pas y croire, et quand vous vous y forcez, vous la découvrez encore plus difficile à accepter. Tout ce que je vous aviez essayé de construire au cours de vos 20 premières années de vie vient subitement de s’écrouler. Vous cherchez des solutions, mais n’en trouvez aucune. Ou bien si, une seule. La solution finale. Eliminer purement et simplement le problème à la racine…  

Un jour…ou un an plus tard.  

Je me réveillais doucement. Mes yeux encore endormis percevaient un paysage d’une blancheur immaculée. C’était une surprise, moi qui pensais me réveiller au milieu d’un brasier ténébreux, ou même ne jamais me réveiller. Je me posais un tas de question. Maintenant, qu’allait-il advenir de moi ? Y’avait-il un lendemain, finalement ?  

Des formes abstraites se mirent à danser autour de moi. Puis, mon esprit reprenant le dessus, il silhouette difficilement perceptible se dessiné, penchée au dessus de ma tête. Ça y est, le moment est arrivé. Puissiez-vous avoir pitié de mon âme.  

La silhouette s’amincit en une forme longiligne et très féminine. Je sentis un contact chaud contre ma peau. Quelque chose de doux, d’agréable. Son odeur emplissait mes narines d’un parfum de noix de coco. La pointe de ses cheveux caressa mon visage dans un chatouillement à la limite de la jouissance. Ses lèvres s’approchèrent de mes oreilles, et s’entrouvrirent, laissant échapper un tendre murmure, ponctué par un baiser sur la joue. Là, ce sentiment qui m’avait hanté des nuits durant refit surface, mais n’apportant cette fois-ci que pure délectation.  

Mon Dieu ! Que s’était-il donc passé ? Comment étais-ce possible ? Je me réveillais aux côtés de la seule fille que mon cœur ait aimée, sans aucun indice pouvait m’aider à comprendre l’improbable miracle. Je lui posa quelques questions pour m’éclaircir les idées, mais ses réponses ne faisaient que les embrumer un peu plus. D’après elle, j’aurais toujours été celui qui se réveille avec elle dans son lit. Je finis par jouer le jeu. Après tout, il était fort agréable et présageait les plus belles histoires. Même mes vieux fantasmes enfantins n’auraient osé les imaginer. Mais les questions restaient sans réponses, et un je-ne-sais-quoi me poussait à les leur apporter.  

Lucille, ma douce et tendre, aides-moi à comprendre. Nous étions amoureux. Nous étions morts…  

(Scénario original. Adapté du roman de Thierry Cohen, J'aurais préféré vivre.)