Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

MMP présente
SunBurn

Nojo Verde, Nouveau Mexique - 1870  

 

Les duellistes se regardaient dans le blanc des yeux. Il y avait là Carmello Ribaldi (Benjamin Biolerme) et Daniella Hart (Jewel Kater).  

Autour d'eux, le silence de la mort, les citoyens de Nojo Verde ont déserté la rue principale : il fait 50 degrés à l'ombre, les deux individus transpirent sous leur vêtements, leur chapeau n'arrive pas à empêcher le soleil de les transformer en bouilloire vivante. Chaque goutte qui tombe de leur front se désagrège avant même de toucher le sol poussiéreux. Au loin, une balle de poussière traverse la plaine. Le cri d'un oiseau.  

Chacun attend un geste de l'autre.  

 

C'est elle qui dégaine en premier, vive comme l'éclair. Une balle. Qui vient se loger dans le front de Ribaldi qui n'a même pas eu le temps d'esquisser un geste.  

Il tombe. C'est terminé.  

Les citoyens sortent de leur habitation. La messe est dite. Hart récupère son étoile de shériff auprès du barbier : elle est la première femme à occuper ce poste dans le pays.  

 

Carmello Ribaldi, dit "Carmello du canif" est récupéré par les services du Comté et on amène son corps à la morgue. Ribaldi avait été condamné à la pendaison pour un double-meurtre qu'il avait toujours nié. Il avait alors provoqué le duel, échangeant la prison à perpétuité contre sa vie en cas de victoire. Ce n'était pas très légal mais exceptionnellement, Hart avait accepté : si elle-même devait y passer, elle avait laissé des ordres. Ribaldi n'avait aucune chance : les citoyens voulaient sa peau, il s'était fait suffisamment haïr durant les 27 ans de sa triste vie de voleur agressif. Puis d'assassin. Ses parents étaient décédés il y a peu, toujours convaincus de l'innocence de leur progéniture.  

 

Tandis que le shérif allait reprendre sa place au poste, entouré par les cris de joie de son équipe, on avait débarrassé la chaussée de l'ex-truand. Vu la chaleur, on allait pas tarder à commettre l'office religieux - pas de fosse commune, Hart avait souhaité que l'on respecte les convenances.  

Il puait déjà avant de mourir et sa récente mortalité n'avait rien arrangé. L'assistant du croque-mort venait inspecter la dépouille. Il arrivait également que ce dernier récupère quelques pièces sur les nouveaux arrivants. Quel intérêt dans l'au-delà, hein ?  

 

Alors qu'il détroussait le cadavre précautionneusement, il sentit une violence pression sur sa nuque. Une pression froide.  

Le cadavre le fixait, les yeux grands ouverts et la bouche en sang. Il ne comprenait pas ce qu'il faisait là, allongé sur cette table, dans cette espèce de laboratoire. Où était-t'il ?  

Et ce gamin... Il le connaissait - c'était le petit MacFalaine. Il venait de comprendre : il relâcha son étreinte. Le jeune homme alla s'accroupir dans un coin pour tousser, traumatisé par ce qu'il voyait et ne perdant jamais de vue Ribaldi qui s'était assis à présent.  

 

Carmello regardait ses mains. Il était engourdi. Il toucha son front - froid avec un trou au milieu duquel il rentra son doigt pour immédiatement le ressortir, dégoûté. Il se palpa au niveau du coeur : il ne sentait plus rien. Le sang dans sa bouche était pâteux, il avait mal de partout et surtout...  

Au crane. Comme si des tambours africains jouaient la messe... Il se leva, manqua de perdre son équilibre. Il se tourna vers le garçon de morgue.  

Ces tambours. Ca venait du gamin. C'était ce qu'il entendait, rien d'autre. Il était affolé et lui entendait les battements de son coeur résonner et le rendre fou.  

D'un geste vif qu'il se serait cru incapable de produire dans son état, il traversa la moitié de la pièce, souleva le gamin et lui arracha la carotide. Son sang le rasséréna immédiatement. Les tambours de l'assistant arrêtèrent leur course folle.  

 

Il y avait du sang partout dans la pièce. Des pas - quelqu'un d'autre venait par ici. Son ouïe remarquable reconnut immédiatement la marche légèrement boitillante de sa cousine Luciana (Carrie Quinlan) - la seule famille qui lui restait.  

Luciana qui venait rendre ses derniers hommages à Carmello, accompagnée d'un adjoint du shérif resté dehors. Elle n'avait jamais particulièrement porté dans son coeur ce criminel mais elle savait que la vie n'avait pas été facile pour la famille - et lui en particulier. Elle toqua.  

La porte s'entrouvrit légèrement.  

"- Luciana, tu dois m'aider..."  

La jeune femme avait vu Carmello tomber, mortellement touché. Celui qui venait de lui parler avait son visage mais ses yeux dégageaient un feu qu'elle ne connaissait pas, sa voix était étrangement rauque. Elle se sentit de devoir l'aider - immédiatement et sans poser de question : elle poussa légèrement la porte et découvrit l'horreur et la puanteur qui se dégageaient de la pièce sans fenêtre, le jeune assistant livide, un masque de peur marquant à jamais son beau visage, le désordre, la chaleur sourde - et son cousin au milieu de la pièce, hébété.  

Elle le prit par la main et lui intima de sortir par la porte arrière tandis qu'elle cacherait le cadavre et donnerait l'alerte. Il la regarda sans comprendre.  

"- Cousine, les tambours..." Un mince filet de bave commençait à pendre de ses lèvres.  

Elle ne comprenait pas - et le gifla de toutes ses forces. Il sortit de sa torpeur.  

 

En sortant dans le couloir, il cru devenir fou à nouveau - quelque chose d'oppressant, de beaucoup plus violent que les tambours, venait de lui couper le souffle.  

"- Je peux pas sortir - je vais mourir à l'extérieur."  

Instinctivement - comme hypnotisée -, la jeune femme monta au premier étage, dans l'appartement du croque-mort - elle ouvrit une penderie, avisa une couverture d'hiver qu'elle récupéra. En descendit l'escalier en trombe sous le regard toujours médusé de Carmello. Elle lui plaça le linge sur la tête, ouvrit la porte de service et poussa Carmello sous la canicule.  

Le corps de l'ex-condamné à mort commença à brûler sous la couverture. Luciana ouvrit la porte de la réserve de bois voisine et entraina son cousin à l'intérieur.  

 

"- Attends-moi ici, je reviendrais te chercher..."  

Elle n'eut pour seule réponse que le gémissement plaintif de Ribaldi.  

Elle retourna à l'intérieur. Il entendit quelques instants plus tard un cri suivi de pas précipités. Comment pouvait-il percevoir tout ça alors qu'il était à l'extérieur de la maison, dans un baraquement mal isolé du soleil. Chaque rayon qui traversait les interstices lui faisait souffrir le martyre ; il essaya de caler des rondins à leur endroit avec quelque succès.  

 

Qu'était-il devenu pour craindre ainsi le soleil ? Pour entendre battre le coeur des hommes ? Pour se repaître de leur sang ? Pour se donner comme alliée une femme qui ne l'avait jamais aimé ?  

Comment ? Pourquoi ?  

Etait-ce le bon Dieu qui lui donnait une seconde chance ? Pour retrouver le ou les assassins qui l'avaient fait condamner, lui, à l'issue d'un procès à charge bâclé ?  

Etait-ce le Diable qui le condamnait à errer ainsi, sans fin et sans mourir - pour expier ses pêchés passés ? Une sorte d'avant-goût à l'enfer - au milieu d'une humanité dont il avait toujours été plus ou moins le prédateur ?  

Il commençait à devenir fou - il ne devait pas trop réfléchir, mais agir. Et vite.  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série B fantastique (Western / Drame) de David Reyes

Benjamin Biolerme

Jewel Kater

Raphael Bray

Carrie Quinlan
Musique par Brandon Leroy
Sorti le 08 juillet 2017 (Semaine 653)
Entrées : 8 647 772
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=13377