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MMP présente
Cat's Eye - Le Film

La puissante petite moto venait de débouler sur l'artère principale d'Asakusabashi (Tokyo, Japon) en pleine heure de pointe touristique, entre la poire et le fromage des restaurateurs qui accueillaient le touriste fatigué de ses pérégrinations de la journée dans la capitale. La jeune pilote évitait les véhicules de plus en plus lents avec un aplomb dangereux et une dextérité sans pareille.  

 

Tamara "Tam" Kisugi (Sarah Maher) hurlait dans le micro intégré de son casque intégral : le vol s'était passé comme elles l'avaient planifié - mais pour elles cela avait été beaucoup trop aisé : la maison de maître, l'arrière-cour, le peu de protection et l'absence même de gardien... La réaction de la Police par contre était "raccord" : ils la coursaient à l'heure prévue - comme d'habitude.  

D'ailleurs, Tam entendait déjà crisser les pneus de leurs puissants véhicules derrière elle.  

 

Dans le petit hélicoptère qui survolait silencieusement la zone, Cylia (Laura Hess) l'ainée sentait le piège : on avait du truffer l'aquarelle de 10x15 qu'elles avait dérobée de capteurs, GPS et autres micros, peut-être même d'une caméra.  

La cadette Alex (Virginia Tasz), restée dans la base arrière, leur avait à toutes deux refilé des scrambleurs afin de brouiller ce type de signaux - elle communiquait avec ses ainées sur le trafic :  

"- Accident sur la voie - bouchon à huit-cents mètres, tu vas être bloquée T...  

- Pas de prénom !! - s'ils ont des micros, on est bonnes pour se faire attraper !" l'avait violemment interrompue Cylia qui voyait les voitures de la Police se rapprocher dangereusement de sa soeur.  

 

Dans la première d'entre elle, Toshio "Quentin" Utsumi (Ayau Lee) hurlait à la fenêtre tout en évitant les autres véhicules. Il essayait désespérément de couvrir la sirène de son gyrophare. A ses côtés, sur leurs sièges passagers, les collègues du commissariat priaient pour qu'il n'emboutisse personne et surtout qu'il épargne leur vie. Chaque fois qu'ils devaient courser les "Cat's Eyes", cela finissait toujours par un séjour à l'hôpital et de la tôle froissée - pourquoi fallait-il toujours qu'ils se retrouvent dans son véhicule ?!?  

 

La vie était mal faite pour Toshio également : il avait un rencart ce soir avec sa petite amie Tam - rencart que le patron avait malheureusement annulé à cause d'elle, les "Cat's Eyes" : un gang de cambrioleuses qui ne s'intéressait qu'aux oeuvres d'un artiste allemand disparu à la fin des années 80 - Michael Heintz, dernier descendant d'une lignée de peintres spoliés durant la seconde guerre mondiale. Heintz n'avait eu aucun héritier connu et depuis que son travail était au coeur de l'activité de ces nanas, sa cote avait mystérieusement augmenté. A croire qu'un collectionneur spéculateur se cachait derrière elles ! Pour le moment, il avait pris son porte-voix et le ton le plus impératif :  

"- CAAAAAAT'S, CETTE FOIS TU ME M'ÉCHAPPERAS PAAAAAS !!!"  

 

Il damnait le propriétaire du tableau de ne pas avoir appelé la police quand il avait reçu la "carte de visite" à l'oeil de chat stylisé des voleuses - c'était toujours comme ça qu'elles opéraient : une première visite, une carte décrivant l'heure du vol laissée sur place en forme de défi - pour finir par un jeu du chat et de la souris avec eux... qui finissait toujours à leur dépend : leur service était devenu la risée de la Police Tokyoïte.  

 

Mais pourquoi ne les avait-il pas contactés ?!? Enormément des tableaux d'Heintz étaient tombés dans des mains peu recommandables dans les années 90 et 2000 - à croire que ce peintre fascinait les plus grands criminels de la planète. Très souvent, dérober une de ces oeuvres revenait à cambrioler un yakusa, un mafieux ou un trafiquant - pas toujours étonnant que ces derniers ne requièrent pas leur aide. Mais là il s'agissait d'un homme d'affaire respectable, un certain M. Durieux (Patrice Maiseureu), businessman dans l'import/export... Encore un mystère - aurait-il pu être un de leurs complices ? - non, c'était ridicule : dans ce cas, lui ne serait pas en train d'accélérer pour arriver au niveau de la jeune (et sexy, il faut le reconnaître) motarde - une voleuse dont il jurait qu'il ne trouverait pas le repos tant qu'il n'aurait vu son visage... Une nana avec un corps pareil devait être une pure bombe.  

 

Tam avait bien senti qu'elle perdait du terrain, le souffle du véhicule de l'inspecteur Utsumi se rapprochait dangereusement quand soudain, au détour d'un virage menant de la Yasukuni Dori avenue aux berges de la rivière Sumida...  

Plusieurs files de voitures. Un bouchon comme Alex l'avait annoncé. Trop peu d'espace pour se glisser entre les véhicules, véritablement collés les uns aux autres.  

Un coup d'oeil sur le rétro : le visage d'Utsumi, grimaçant de joie. Un coup d'oeil sur la chaussée : beaucoup trop de piétons pour se risquer à prendre le trottoir - l'inspecteur serait capable de blesser quelqu'un en la suivant - et pire, de se blesser.  

"- CAAAAAAT'SCH, CHETTE FOIS CHE TE TIENS !!!" Le jeune policier tenait son volant d'une main et cherchait à agripper la motarde de l'autre tout en mordant le porte-voix entre les dents.  

Un coup d'oeil en face - d'ici à 2 secondes, elle allait rentrer dans l'arrière d'un véhicule si elle ne freinait pas.  

Elle ne freinerait pas.  

 

Cylia était toujours étonnée par le culot et le sang-froid de sa soeur sur la route (à croire qu'elle était née sur un guidon). Et par le fait que les inventions d'Alex fonctionnaient tout le temps (il faudrait qu'elle fasse une école d'ingénieur après le Bac).  

Là, l'invention avait été nommée le booster.  

D'un geste précis sur l'accélérateur, Tam déclencha la bête : la moto fit une embardée et s'envola littéralement pour se retrouver sur le toit des véhicules, continuant sa course folle sous le regard médusé des piétons et la fureur des automobilistes.  

"- AAAAH, TU CROIS T'EN SORTIR COMME ÇA - MOI AUSSI, JE PEUX EN FAIRE AUTANT !!!" Toshio "Quentin" Utsumi, déchaîné autant par l'adrénaline que la colère, poussa à fond sur l'accélérateur.  

"- Euh, chef ... ? Non. On va pas pouv..."  

Leur véhicule se souleva effectivement - un fugace instant, les témoins de la scène crurent que la Police de Tokyo s'était dotée de voitures volantes.  

Très vite, la gravité vint récompenser les efforts de l'inspecteur par plusieurs douloureux tonneaux sur le toit de la file des véhicules arrêtés.  

Les autres véhicules des forces de l'ordre pilèrent également, générant un gigantesque carambolage - spectaculaire mais sans blessé - deux véhicules allant même s'abimer dans la rivière.  

Demain, la Police de Tokyo recevrait la visite d'une horde d'agents d'assurances et de journalistes.  

 

Un coup d'oeil en arrière et Tam se désola : Quentin finirait à l'hôpital et elle viendrait à nouveau lui amener des friandises. Non seulement il n'arrivait jamais à l'heure à leur rendez-vous mais en plus il prenait des risques inconsidérés pour l'arrêter. S'il avait su que sa fiancée était aussi sa principale obsession professionnelle... Non, elle ne préférait pas y penser.  

Cylia avait positionné son hélico juste au-dessus d'elle et avait lancé le grappin. Elle l'arrima solidement à sa moto. Toutes deux s'envolèrent dans la nuit sans étoiles.  

 

Elle devaient se poser silencieusement à un kilomètre de là au coeur du parc Chiyoda. Cylia détruisit le cadre du tableau, scellant ce dernier dans une armature plombée. Elle retrouvèrent leur camion de glacier là où elles l'avaient garé. Une fois moto et hélico récupérés, elles sortirent discrètement du lieu - principalement fréquenté par les amoureux venus batifoler à cette heure indue.  

Direction le "Cat's Eye Café", une brasserie qu'elles avaient créée il y a deux ans avec la fortune personnelle de leur aînée, génie de la spéculation boursière. Une fortune qui leur avait également permit de créer la "logistique Cat's Eyes" : tous ces véhicules, ces gadgets dignes d'agents secrets coutaient cher.  

C'était le prix à payer pour récupérer les oeuvres de leur père disparu.  

 

Le lendemain matin, toutes trois iraient reprendre leurs activités diurnes : Alex irait au lycée, Tam ouvrirait le café puis s'absenterait après avoir reçu un coup de fil de Quentin (il lui faudrait simuler la surprise), Cylia enfin analyserait le tableau récupéré, vérifiant son authenticité - avant d'accueillir leurs premiers clients : pas de micros, pas de GPS. Elles avaient tout bon - le filon de leur indic' était parfait.  

L'ainée par contre ne s'attendait sûrement pas à voir débarquer dans la petite échoppe un homme d'une soixantaine d'années un peu voûté, la barbe courte et argentée laissant apparaître un visage franc et lumineux : Durieux. Le gars qu'elles avaient cambriolé hier. Professionnelle, elle n'en laissa rien paraître : l'homme était venu seul, personne à l'extérieur (Alex avait hacké les caméras du quartier afin qu'elles soient toujours au courant de son activité), juste sa grosse berline allemande.  

Il commanda un petit déjeuner, bailla bruyamment.  

"- Nuit difficile, Monsieur ?" s'enquerra la jeune femme tout en lui servant un excellent café-maison.  

L'homme ne put s'empêcher de réprimer un rire.  

"- C'est formidable comme vous ressemblez à votre père !" Il avait des trémolos dans la voix et on sentait une émotion sincère dans ses yeux.  

Cylia s'avisa qu'aucun autre client n'était entré. Elle s'assit en face de Durieux.  

 

"- Vous avez connu notre père ?  

- Oui et pas vous j'imagine : il a disparu quand vous étiez toutes trois très jeunes. J'ai d'ailleurs mis plus de quinze ans à vous retrouver - il a vraiment pris toutes ses précautions pour vous faire "disparaître". Pour vous mettre en sureté au Japon."  

Elle lui jeta un regard perçant.  

"- Non non, ne vous inquiétez pas - avec moi, votre secret sera bien gardé. Et d'ailleurs je vais vous aider à retrouver les biens disséminés de votre père. Il en va d'une dette d'honneur que j'ai vis-à-vis de Michael."  

Il sortit un CD-ROM de sa poche, le posa sur la table. Cylia s'en empara immédiatement jetant quelques regards alentours, toujours méfiante.  

 

Durieux se leva, laissa l'appoint, regarda le petit établissement.  

"- Une chouette petite couverture que vous avez là : qui se douterait que les "Cat's Eyes" se dissimulent au "Cat's Eye Café", hein ?!" Il lui fit un clin d'oeil qu'elle ne rendit pas et partit à rire de bon coeur... "C'est énorme, ce que vous avez fait là !"  

Durieux une fois sorti, Cylia contacta Tam.  

 

Le soir-même on assista à un étrange debriefing : pour la première fois depuis qu'il opérait, leur trio avait la sensation de n'être plus seul. A croire que leur quête avait attiré l'attention d'autres individus, mais de leur côté cette fois. Le disque qu'avait amené Durieux contenait des informations sur un certain Jean-Baptiste Lalonde (Terry Bubble). Trader courant les salles de marchés et le marché de l'art, Lalonde s'était mis en tête lui aussi de récupérer l'intégralité de l'oeuvre de Heintz. Les filles pensaient que toutes ces pièces dispersées constituaient une sorte de puzzle qui, une fois reconstitué, pourrait les amener à retrouver leur père. Quel était le but de Lalonde ?  

 

Et pourquoi Durieux avait-il dit que leur père avait voulu les "protéger" en les amenant au Japon ? Pourquoi Lalonde exposerait-il une partie du fond de ses collections dans trois semaines ici, à Tokyo, mettant en évidence un cristal de leur père et sachant pertinemment qu'elles voudraient mettre la main dessus ?  

 

Et finalement, pourquoi Quentin était-il aussi nouille avec Tam - et elle aussi timorée à son encontre ?  

 

(script original, adaptation du manga de Tsukasa Hojo chez Shueisha)

Scénario : (2 commentaires)
une série A d'action (Romance / Comédie) de Alexandra Berger

Ayau Lee

Sarah Maher

Terry Bubble

Laura Hess
Avec la participation exceptionnelle de Virginia Tasz, Patrice Maiseureu
Musique par Coralie Leonard
Sorti le 11 novembre 2017 (Semaine 671)
Entrées : 18 053 945
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