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MMP présente
Un Coeur qui s'arrête

Hôpital militaire de Baden-Baden, un 24 décembre sous la neige, de nos jours.  

 

Terry Gruneweld (Leonardo Scherzo) est cancérologue. Ce soir il dîne chez sa soeur Isabel (Gaëlle Wilson) et son mari Rodolf (Sonny Morenzia). Le premier repas de Noël depuis le décès de leur mère il y a tout juste un an - super ambiance, il va falloir donner le change. Il a chargé l'Audi de cadeaux divers. La compensation, qu'on appelle ça.  

 

Alors qu'il termine de ranger les dernières affaires de son bureau, son pager sonne la charge.  

C'est Rodolf. "Rappelle-moi." Terry décroche le combiné le plus proche et tombe sur le beau-frère, complètement abattu : Isabel terminait de préparer le repas quand elle a commencé à se sentir mal. Prises de violentes nausées, elle a fait un malaise au milieu de la cuisine. Le 112 sur place est arrivé trop tard malgré toutes leurs tentatives de réanimation : Isabel venait de décéder sur le carrelage.  

 

Terry s'assied, livide - encore sous le choc de la nouvelle. Sa soeur. Partie.  

"- Allo !?! T'es encore là ?" s'inquiète Rodolf.  

Oui, Terry est encore là, mais un peu de lui est mort ce soir.  

"- J'te rappelle…  

"- Faut pas rester seul ce soir…"  

Non - le jeune scientifique va juste prendre le temps d'avaler la nouvelle, il est KO debout, il a l'impression que le monde s'est effondré autour de lui. Il regarde ses diplômes au mur. A quoi bon ? Isabel avait été là quand lui-même s'était retrouvé veuf à l'accouchement de sa femme. Des complications hémorragiques avaient emporté la mère et le bébé à venir. C'était il y a deux ans. Vie de merde.  

 

Il prend l'ascenseur. Dans les couloirs sombres et quasi-abandonnés de son aile, il entre dans la salle de pose, "emprunte" la bouteille de whisky d'un confrère et s'en sert une bonne rasade. Il ne boit jamais - le goût lui est désagréable mais le réveille de sa torpeur. Il commence à ré-entendre les sons autour de lui - depuis la terrible nouvelle, il ne distinguait plus que du bruit blanc.  

 

Un homme vient de rentrer dans la petite pièce - Klaus, un collègue infirmier qui se sent mal, se tient le coeur, s'affale sur le canapé. Au loin, il entend les sons d'une noria d'ambulances qui s'acheminent vers l'hôpital.  

Terry se penche vers Klaus - instinctivement, il lui prend le pouls. Arythmie cardiaque carabinée, peut-être une crise de tachycardie. Il voudrait essayer de plaisanter, de rassurer le jeune homme de 25 ans désormais tremblant de fièvre…  

"Mon coeur, je sens que mon coeur…"  

Second prise de pouls - il bat la chamade, Klaus ne va jamais tenir - merde, il besoin de soins intensifs !  

Il se précipite dehors et décroche un combiné mural, compose un numéro interne.  

A l'autre bout du fil, une secrétaire affolée lui hurle que tout le monde est occupé à sauver des vies :  

"On a une épidémie de crises cardiaques, tu le crois ça ?! On est en risque sanitaire 7 putain, tu sais ce que ça veut dire !??! J'espère que t'as personne qu'a des antécédents cardiaques dans la famille."  

Terry a - à nouveau - l'impression de tomber dans un gouffre : il lâche le téléphone, se laisse glisser sur le mur, se prend la tête entre les mains.  

Puis il se relève, marche d'un pas lourd vers la salle de pause.  

Klaus git là, immobile - un rictus de douleur traverse son visage. Klaus est mort. Comme Isabel.  

 

Isabel avait toujours trainé un souffle au coeur.  

 

Hôpital militaire de Baden-Baden, 25 décembre.  

 

Trois heures après "les événements", le personnel médical a du se rendre à l'évidence : personne n'avait pu être sauvé, les morgues du centre hospitalier débordaient de corps sans vie. Terry appelé en renfort toute la nuit (malgré le fait qu'il ne s'agissait en rien de sa discipline) avait vu ses amis et collègues s'effondrer devant leur incapacité à endiguer cette vague. En pleurs et complètement dégoûté, il avait assisté à l'interruption des programmes TV de Noël et compris que cette épidémie touchait l'Allemagne et une partie de ses frontières.  

Le monde entier avait vu la Nation de Goethe succomber.  

 

Il n'avait qu'une seule envie désormais : sortir de l'enceinte de l'hôpital, se carapater loin d'ici.  

Impossible : la tempête de neige s'était aggravée pendant la nuit et paralysait les accès à l'établissement. Il avait essayé de joindre son père, Rodolf, ses voisins, et toujours le même message vocal, lancinant :  

"Toutes nos lignes sont momentanément saturées - nous regrettons de ne pouvoir donner suite à votre appel…"  

Sur le plus haut toit du centre, le petit matin était étrangement calme. Mortuaire sous le linceul blanc. Au loin, on distinguait les derniers feux d'un avion de ligne qui s'était écrasé à quelques kilomètres. Le Commandant de bord avait probablement succombé, lui aussi, à cette épidémie. Vu l'état des cadavres, on aurait toutes les peines du monde à lever le voile du mystère.  

 

Dans la famille Gruneweld, les filles avaient hérité d'une faiblesse cardiaque, cadeau empoisonné d'une arrière-arrière-etc.-grand-tante. Les garçons, eux, y avaient toujours échappé. Isabel un jour, avait fait tirer les cartes du Tarot à ce sujet par une tante Suisse. Il n'avait jamais su ce qui s'était échangé entre les deux femmes.  

L'image de sa soeur s'inscrivait sur sa rétine au dessus des immeubles.  

Redescendu, il décida de sortir tout de même : il laisserait l'Audi et son coffre désormais plein de futilités et reviendrait travailler… s'il revenait un jour.  

 

Il commença à parcourir à pied et sous la neige battante les 35 kilomètres qui le séparaient de l'appartement du couple. Il mettrait la journée entière s'il le fallait mais il y arriverait. Il n'avait pas dormi de la nuit.  

Plongé dans ses pensées et de la poudreuse jusqu'aux cuisses, un bruit de moteur familier lui fit lever le nez : Rodolf était là - harnaché sur sa moto "tunée" pour l'occasion en mini-chasse-neige. Il était venu à lui de l'hôpital où Isabel avait été emmenée. Le biker essayait de sourire malgré l'incongruité du lieu, du moment et de la situation.  

"- Comment t'as transformé ton engin en… "ça" ?!"  

 

Trois heures plus tard, ils étaient de retour à leur appartement. "Rod" fit réchauffer une partie du gueuleton qu'ils avaient tous les trois prévus d'engloutir la veille. Ils mangèrent en silence. Un silence pesant.  

Quand il se leva, ce fut pour allumer le PC.  

"- T'as entendu les nouvelles ? Des dizaines de milliers de morts, qu'ils disent...  

"- Oui, mais QUOI ?"  

Le bilan des victimes - et des victimes collatérales - allait être effrayant, mais ce n'était pas ce qui l'intéressait. Terry voulait savoir pourquoi sa soeur était morte, pourquoi toutes celles et ceux qu'il avait croisés cette nuit souffraient des mêmes symptômes et pourquoi - enfin - seul le territoire allemand semblait avoir été touché, à quelques exceptions géographiques rares.  

"- Tu penses à un acte terroriste ?  

- T'as une clope ?"  

Terry s'en grilla une, la première depuis le décès de son épouse. Non, ce n'était pas du terrorisme : on était en 2021 et ce cap-là était passé.  

 

Les médias officiels restaient muets sur les possibles justifications de l'horreur qu'ils avaient vécue la nuit dernière mais les communications restaient largement tributaires des mauvaises conditions climatiques. Tous les services logistiques et sanitaires étaient sur le pied de guerre.  

Un lien attira cependant son attention : la magie des logiciels équipant les moteurs de recherche avait mis sur le trajet de son curseur un étrange "2008: A onda de ataques cardíacos em Fortaleza"  

Le lien direct faisait état d'une inquiétante vague de crises cardiaques déclarée à Fortaleza, au Brésil au Printemps 2008. On avait alors recensé 130 décès en deux nuits. C'était un article scanné d'un journal local d'investigations qui avait disparu au début des années 10.  

En remontant la racine du lien, Terry vit qu'il était hébergé par Kruitopia.net, un site de conspirationnistes.  

 

Sur la page d'accueil du site, un gigantesque bandeau rouge barrait la vue : "Joyeux Noël les allemands !" L'invite, provocatrice, était accompagnée d'un vidéo-blog.  

En cliquant dessus, le visage d'un jeune homme fatigué apparut à l'écran (Jason Byrne). Il prétendait s'appeler Ignacio Gomez-Pelosi, créateur du site. Sa webcam lui donnait le teint cireux du nerd qui a passé une mauvaise nuit et il était indiqué que la vidéo avait été postée il y a à peine deux heures.  

 

Son discours était sans ambiguité :  

"L'Allemagne vient de vivre sa pire nuit depuis la fin de la seconde guerre mondiale - "ils" ont remis ça : "ils", ce sont les gens du projet "Control", je vous en ai déjà causé ici : le projet Control est un peu le meilleur moyen de mettre la population au pas, des machines de mort qui peuvent générer chez vous aussi bien un sursaut d'angoisse qu'un apaisement soudain. Là, quelqu'un a merdé avec les boutons, comme au Brésil y'a une dizaine d'années - mais les machines sont devenues plus puissantes et quand une expérimentation foire, bonjour les dégâts. Je serais étonné de voir comment "ils" - je veux dire le Gouvernement Fédéral, l'Europe, les Nations-Unie ou l'OTAN - vont bien pouvoir justifier ça auprès des populations. A moins qu'ils ne balancent des ondes de bonheur sur toute l'Europe pour faire oublier 'l'incident'..."  

 

Terry n'aimait pas la mauvaise Science-Fiction. Il se préparait à fermer la fenêtre quand une phrase le retint :  

"Je suis sûr d'une chose à propos d'hier soir : TOUTES les personnes qui sont mortes avaient eu ou ALLAIENT avoir un problème cardiaque dans leur vie. Même chez ceux pour lesquels le risque était faible. Réfléchissez à ça : pourquoi ?"  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série A dramatique (Conspirationniste) de Kristen Mirren

Leonardo Scherzo

Gaëlle Wilson

Sonny Morenzia

Jenny Connelly
Avec la participation exceptionnelle de Jonathan Easdale, Jason Byrne
Musique par Scott Fiedel
Sorti le 08 mai 2021 (Semaine 853)
Entrées : 23 081 895
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