Musique d’entrée : Careful With That Axe, Eugene des Pink Floyd.  

Réalisé et produit par Charles Freeman.  

Hilary Barton dans le rôle de la femme.  

Jack Miller et Tom Kent dans les rôles des hommes.  

La voie de Marie Caine narre l’histoire.  

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Assise face à la verdure du printemps, elle pense. Le brin d’herbe dans sa bouche tournicote sans arrêt. Elle attend l’homme. L’autre.  

Son cœur bat fort, si bien que les vibrations secouent son corps tout entier. L’homme arrive, à travers la vallée. Il rabat sur les côtés toutes les plantes qui s’opposent à son passage. Il se fret un chemin vers elle.  

Elle se lève, ils s’approchent. Un regard, une caresse. Ils s’embrassent et chavirent.  

Chaleur de la vie et beauté inespérée. Bientôt, elle le quittera.  

Elle a déjà été en hiver, sans grand succès. Le sol était glacial, les arbres étaient blancs. Blancs comme le neutre ou comme la mort. Pas d’oiseaux dans le ciel et seule la dure surface des falaises rocheuses qui résiste à la neige, au froid. Et les hommes, eux, en sont de même.  

Non… Elle est plus forte au printemps. Plus pimpante, plus attirante.  

C’est pourquoi elle voyage toujours dans le temps. C’est pourquoi elle perd toujours les pieds à travers les années. Sûrement est-elle la seule à détenir ce pouvoir de se balader dans le Temps. Pas d’halos de lumière ni d’explosions ou encore d’éclairs impressionnants. Juste un mouvement dans l’espace-temps dont personne ne se rend compte puisque personne n’en a conscience. Seule elle.  

Elle a été dans les années 3000. Il n’y avait pas d’énormes changements. Pas d’énormes vaisseaux reliant d’innombrables planètes. Il y avait la dure réalité d’une Humanité qui a finalement dépassé la technologie et qui a dépassé les limites de population. Elle n’a pas vraiment aimé. Printemps comme Hiver, c’était toujours l’Hiver.  

D’abord elle est revenue des années plus tôt, toujours pour le chaud.  

Puis des décennies, des siècles. Elle a remonté l’Histoire à grands pas en piquant par ci et par là beaucoup de bonnes choses qui se sont ouvertes à elle. Elle en a saisi plusieurs et d’autres non. Des hommes en pagaille, des plaines toujours plus vertes, des fruits toujours plus mûrs, plus frais.  

Sa famille recevait tantôt des cartes postales photos adossées de quelques mots ; tantôt des « vidéos souvenir » envoyées par la toile Bluenet-Eternal intégrée au SNRI : le Système Nerveux Régulé par Informatique ; tantôt des parchemins envoyés par galère romaine dont le voyage est plus qu’incertain.  

Toujours son envie de figer les choses, de figer l’été, le soleil dans des photos. C’est un pouvoir qu’elle n’a pas et elle se bat contre ça. Elle se bat contre l’éphémère. Elle peut bouger dans le Temps, mais elle ne peut pas l’arrêter.  

Pourtant c’est avec le Temps que les choses se font. Que l’amour s’épanouit, que les grandeurs se révèlent, que la vie se fait et meurt. Et elle mourra, de toute évidence. Elle ne peut pas aimer un homme pour toujours. Rester dans la séduction.  

Pourquoi a-t-elle peur de la suite ? Elle croit en l’amour pur, elle croit au paradis et à l’éternité, l’éternité du printemps. Elle y croit dur comme fer même si elle sait que ça n’existe pas, et ça, elle croit l’avoir accepté.