Réalisé par Thomas Wolf.  

Avec Ronald Hand, Amy Nathanson, Anton Freeman et Sokchana Keut.  

Tous les personnages, faits et lieux sont purement imaginaires.  

---  

1937, La Pesca, nord de l’Italie.  

Francesca Ablagio (Amy Nathanson) est lasse, assise dans son sombre salon la tête entre les mains. Elle sait ce qui se passe en ce moment même dans la forêt. Tant d’années d’efforts tombées à l’eau. Tant d’espérances lumineuses disparues dans les ténèbres. Giovanni (Ronald Hand), son fils, lui a complètement échappé.  

Elle se rappelle les années de sa jeunesse... Quand Giovanni était enfant et qu’il jouait déjà du violon comme un dieu. C’étaient les années 20…  

« - Tu seras chef d’orchestre, mon fils » lui répétait-elle, fière.  

Giovanni était un génie de la musique. Il l’écoutait d’abord, puis la comprenait et enfin, il la transcendait sur son instrument. Sa mère, ayant compris cela bien tôt, lui avait fait arrêter l’école pour qu’il se consacre exclusivement à son don divin. Elle était elle-même une musicienne frustrée et l’admiration pour son fils allait en grandissant chaque jour.  

Lorsque le père de Giovanni mourut en 1930 dans un accident de travail, le silence de marbre de sa mère face à cet événement et les questions qu’il lui posait le troubla profondément, il arrêta toute création artistique. Aussi, il n’adressa la parole plus qu’à grande sœur Claudia.  

En 1935, Fredo, un casse-cou du coin, s’est marié avec Claudia (Sokchana Keut) espérant jouir de la fortune léguée par le défunt père des Ablagios. Fredo s’était bien rendu compte que ni Giovanni, à la limite de l’autisme, ni sa mère déprimée, ni Claudia qui était amoureuse de lui ne pourraient défendre leur butin. Il avait vu juste.  

Enfermé à double tour dans sa chambre, Giovanni avait passé deux années à écouter Beethoven, la septième... Et Albinoni, l’Adagio…  

Il adore les mouvements lents, qui plongent doucement dans des profondeurs abyssales.  

Deux années enfermé, jusqu’au jour ou Fredo porta la main sur Claudia.  

Giovanni était sorti, avait trouvé Fredo et lui avait expliqué calmement, de sa voix rauque qu’il utilise si peu, que s’il recommençait, Giovanni le tuerait. Fredo n’avait pas rigolé, mais il ignora cette menace.  

--  

Hier, Sybil (Anton Freeman), le jeune cousin de Giovanni, lui a rapporté : « - Il a giflé Claudia sur la place du village ». Giovanni est descendu voir Claudia et l’a prise fermement par le bras pour lui demander pourquoi elle ne lui en a pas parlé… Sa sœur effrayée par la soudaine fureur retenue de son frère s’est justifiée maladroitement.  

Et Giovanni est sorti trouver Fredo accompagné de Sybil et Claudia courrant derrière en suppliant son frère de ne pas faire de mal à son mari.  

Finalement, ils ont tous assisté au meurtre. Giovanni et Sybil ont forcé Fredo à se rendre dans la forêt avoisinant le village. Une forêt sombre percée par des rayons de lumière, sculptée par de longs troncs d’arbres droits et tapissée d’une couche de feuilles mortes recouvrant probablement d’innombrables mystères…  

Là-bas, Giovanni a sorti un couteau et a violemment poignardé Fredo dans le dos, à la grande stupeur des deux autres. Une fois Fredo au sol, agonisant, Giovanni a ordonné qu’on l’aide à creuser un trou. Ils y ont jeté Fredo encore a moitié vivant et l’ont enterré.  

Seulement aujourd’hui, Giovanni se rend compte à quel point il aime sa famille, sa mère. Claudia est désemparée, elle pleure et frappe son frère qui la retient dans ses bras en lui chuchotant qu’il a fait ça pour son bien. Puis il lui saisit le visage fermement et la regarde droit dans les yeux :  

« - Plus personne ne touchera à ma famille. Tu comprends ? »  

Claudia acquiesce.  

Elle est belle, elle ressemble à sa mère Francesca. Giovanni l’embrasse près des lèvres.  

De retour chez sa mère qui s’apitoie sur son sort, il s’empresse de la rassurer. Il lui explique calmement. Elle est affolée.  

« - Plus personne ne touchera à ma famille » répète-t-il.  

Francesca reste sceptique. Le meurtre pour régler les problèmes, elle n’a jamais vraiment connu ça…  

Giovanni s’installe dans l’ancien bureau de son père et ordonne à Sybil de le suivre.  

« - Il va falloir étouffer les bruits pour Fredo ! Et dans un petit village comme La Pesca, tu te doutes bien que c’est difficile. Les bruits courent, les gens parlent » explique Sybil, assis dans le fauteuil en face du bureau.  

Giovanni pose doucement le coude sur l’accoudoir et se met à frotter lentement son menton avec son pouce… Il lève un sourcil, d’un air de dédain.  

« - Eh bien… Tu as dit juste. Nous allons étouffer les bruits. Et ceux qui en font » prononce-t-il sereinement. Sybil reste silencieux. Giovanni rajoute :  

« - Apporte-moi mon phonographe et mes disques. »