Teddy (Charles Donovan) a du sang sêché plein les mains. Elles glissent sur le volant de la vieille Chevrolet empruntée à sa vieille mère, il a le plus grand mal à en garder le contrôle. Il fonce à travers la nuit sur cette route secondaire du Maine, vers nulle part.
Une odeur âcre et entêtante a envahi la voiture. Il ouvre sa fenêtre : l'air frais lui remet les idées en place. Teddy mange le bitume et les kilomètres... Depuis combien de temps, il ne pourrait le dire. Il roule, c'est tout...
Sa jauge commence à clignoter dangereusement. Trouver un endroit pour se poser. Se reposer. Refaire le plein.

En réponse à ses pensées, il aperçoit sur sa droite le panneau d'un motel. Un routier probablement... "Vacancy" : il reste de la place. De la lumière : il y a des gens là-dedans. Il gare le véhicule à l'arrière de l'établissement. En sort, se dégourdit les muscles. Ouvre le coffre.
Le cadavre de sa femme (Stefanie Molchany) est encore là... La hache aussi. Depuis combien de temps ?
Il ferme la voiture à clé et se dirige, sac à dos sous le bras, vers l'entrée.

Une clochette accompagne son entrée. Une dame entre deux ages l'accueille. Du cash, un échange de politesse et une signature plus tard, on lui montre une petite chambre au premier. Ce sera bien suffisant. Le panneau clignotant à l'extérieur de l'établissement a beau projeter ses couleurs aggressives sur les murs et s'inviter dans la pièce, il ne trouvera pas mieux ce soir.
Il ferme les rideaux et s'écroule sur le lit, ne prend pas la peine de défaire ses affaires : il est en transit.

Il se réveille deux heures plus tard, un mal de tête atroce : il a encore rêvé de sa femme... Les rideaux sont tombés et l'hypnotique lumière de l'enseigne se déverse à nouveau dans la petite pièce.
Besoins naturels aidant, il se lève, la tête dans le pâté, et se prépare à sortir de la chambre, retire le cadenas de la porte, tourne la poignée...
Fermée.
Il tire. Pousse. Impossible d'ouvrir la porte. On l'a enfermé, de l'extérieur.

Il se rassoit sur le lit : c'est sûr, "on" aura trouvé le cadavre et "on" aura déjà appelé la police...
Il se décide à ouvrir son sac. En sort son poignard de l'armée et son pistolet, le charge, retire le cran de sécurité et se redirige vers la porte. Qu'il fracasse, d'un coup de pied. Sec. Rapide. Comme on le lui a toujours appris là-bas...
Pas de bruit dans le couloir : à se demander s'il y a quelqu'un dans l'établissement. Il redescend dans le hall. Personne. Il pourrait se casser en vitesse mais quelque chose l'en empêche. Une sorte de curiosité. On l'a enfermé. Pour l'empêcher de partir ? Ou pour le protéger ? Pas de voiture de police à l'extérieur. Il passe derrière le comptoir.
Une lueur étrange attire son attention. Elle semble provenir de derrière une porte, qui a l'air de mener dans une remise, ou une cave.
Il entrouve la porte, sans bruit.
Descend les escaliers...

La première chose qui l'étonne, ce sont les parois metalliques et les néons ambrés... Il a également noté le bruit de sussion de la porte quand il l'a refermée. Ce motel tombe à moitié en ruine, il n'imagine pas un seul instant les proprios d'un tel endroit entreprendre des travaux aussi énormes. Un souffle d'air interrompt ses pensées : de la climatisation ? Dans la cave ?!?
Ce qu'il aperçoit ensuite dépasse son entendement.

Il est arrivé sur une sorte de terrasse circulaire qui surplombe une imposante salle remplie d'ordinateurs clignotants de mille LED et diodes diverses. Teddy se pince pour se prouver qu'il n'est pas encore dans son lit. Car le plus extraordinaire, ce n'est pas cet endroit qui semble sortir de "Planète Interdite" mais bien les deux créatures qui discutent en son centre.
Elles ont l'air de s'adresser à une troisième personne. Elle semblent vêtues d'une épaisse robe. Mais rien ne saurait cacher l'horreur de leur visage, une sorte de pâté en croûte sur lequel vient se greffer un oeil unique et une étrange trompe ovoïde hérissée de poils duveteux.
Le plus extraordinaire là-dedans c'est qu'à la distance où elles se trouvent, il puisse comprendre ce que s'échangent ces choses : leur langage ressemble à une sorte de vieux patois anglais entrecoupé de borborygmes qui ponctuent leur humeur. Leurs voix, quoique fluettes, résonnent suffisamment pour être perçues.

Troisième voix : "- Est-ce qu'les clients y dorment (gloups !)
1ère créature : Yep (plip !) l'dernier n'a pu êt'mis sous cach'ton et sembl' troublé (fleeesh !)
2ème créature : L'planning (bloubs !) l'planning a été respc'té jusqu'à maint'nant (shlaff !)
Troisième voix : - Pour sûr' (bloubs !) quand'tous ceux-là auront été boulottés par l'grand Operator, plus rien n'arrêt'ra notre invasion (klik, klik, klik !)".
Et tous les trois de reprendre en coeur ; "klik, klik, klik !".

Teddy soupire : la nuit sera encore longue. Et douloureuse. (Script original)