Ce film est produit dans le cadre du concours "Crossover"  

Aujourd'hui.  

C'est un petit cottage au fin fond d'une vallée de la campagne anglaise. Si on s'en rapproche, on aperçoit aisément un homme d'une soixantaine d'années voûté à suer sur son parterre de légumes. A l'intérieur résonne le générique caractéristique des infos de six heures sur la BBC.  

Meurtres, crimes, guerres, sexe, meurtres, crimes, guerres, sexe… Eternelle litanie qui confine au bourrage de crane. L'homme (Kevin "Steven Cigale" Bourrinos) regarde sa femme (Lacey de La Colonie) un peu tristement… Dans le salon devant la TV, elle gobe tout ça sans comprendre, complètement lobotomisée par l'écran.  

Elle aussi pourtant a connu son quota de frissons, d'action et d'aventures quand elle bossait à ses côtés au sein de l'Agence. Quand ils s'appelaient James et Carmen et non Peter et Gwendolyne. Quand ils servaient l'Occident et surtout la Reine. Quand lui était encore un "double-zéro-Permis-de-tuer" : 25 années de prouesses physiques, des blessures, des missions endiablées - des femmes, de l'argent, des voyous, des savants fous, des politiciens corrompus et des petites pépées…  

Et du pouvoir, des gadgets, des bras cassés - de la classe, quoi.  

Au loin, il perçoit l'église qui sonne l'angelus. Il s'arrête, pose ses outils, se détourne un instant de ses très chers légumes et offre une prière à St James, les yeux clos…  

"- Si tu m'écoutes là-haut, j'aimerais que tu ch…"  

Il ré-ouvre les yeux - une ombre imposante vient de passer sur la maison. Une ombre silencieuse comme la mort. Suivie d'un souffle puissant.  

"- Mais qu… ?!!?"  

L'hélicoptère furtif ZZT0P vient de retirer son écran électronique de dissimulation et se pose en silence sur les plantations, écrasant plusieurs mois de dur labeur.  

Peter regarde ses laitues écrasées, puis l'hélico, puis à nouveau les poireaux en lambeaux… et se met à invectiver le jeune punk qui pilote ce bel oiseau - on a plus le respect de rien !  

Un rond de cuir du Secret Intelligence Service (MI6) vient d'en sortir, accompagné de deux autres pingouins et d'une troupe qui "sécurise" les lieux.  

"- Mr Peter Goodfellow, je présume ?  

- Non, je suis la Sainte Vierge, ça se voit pas ?!? Vous allez me rembourser ces légumes, dites ?"  

Intérieur du cottage - quelques instants plus tard.  

Gwendolyne a fait du thé pour l'ensemble des invités. Elle n'a pas l'air surprise : c'est que pour leur mise en retraite, les Services Secrets leur ont retiré une partie de leurs "souvenirs critiques". Depuis, elle peut avoir un comportement lunaire, Peter s'en est même parfois ému.  

Autour du canapé, les trois fonctionnaires tentent d'expliquer la situation avec des mots simples, comme s'ils s'adressaient à des demeurés.  

"- C'est un peu compliqué : que vous évoque le nom d'Hugo Drax ?!  

- Vous voulez dire Hugo Graf von der Drache, ce traitre à la patrie qui avait essayé d'atomiser Londres avec le missile Moonraker et que j'ai arrêté au dernier moment* ?!"  

Les trois hommes se regardent, visiblement inquiets : il n'aurait pas du se souvenir de ça.  

"- Aaah, mais c'est qu'il y en a, là dedans…" fait Peter, pointant son index sur le crane, fier de son effet.  

Le chef du trio se reprend : il y a du neuf. Drax / Graf von der Drache est revenu… du moins sa progéniture, Philippe-Auguste (Aurélien Delgrange). Il avait pu récupérer une partie de l'héritage de son père et s'affairait désormais à un business florissant de vendeur d'armes. Jusqu'à maintenant du moins.  

"- On a laissé le fils d'un terroriste vendre des armes dans notre pays ?!  

- Ne m'interrompez pas - c'est déjà assez difficile comme ça…"  

Les Services Secrets avaient fait de l'entreprise de Drax un de leurs prestataires et s'étaient même arrangés pour l'infiltrer (car on est jamais trop prudent). Quand plusieurs de ces agents de liaison avaient disparu, la hiérarchie s'était inquiétée. Sans compter la trahison d'un des leurs…  

Peter commençait à entrevoir où ils voulaient en venir. Drax avait infiltré de son côté le MI6, récupéré la liste des agents retraités ou dormants et on le soupçonnait d'avoir lancé une opération d'assassinats à leur encontre (ce qu'on appelait un wetwork dans le métier), à la recherche de celui qui avait éliminé son père du circuit, le fameux James Bond.  

"- Pourquoi tuer des gens qui n'ont rien à voir avec son père ? A moins que...  

- Il vous recherche, Peter. Du moins la personne que vous étiez il y a si longtemps, "l'autre" vous savez. Pour l'instant, il ignore votre localisation et tire un peu "à l'aveugle" mais ça ne durera pas."  

Gwendolyne regardait son mari avec des yeux effrayés : ils étaient en danger - ils pouvaient toujours fuir, ce type d'individu avec tous ses moyens, les retrouverait tôt ou tard…  

Une demi-heure plus tard, le couple repartait avec le trio à bord de leur ZZT0P tandis qu'une malheureuse fuite de gaz embrasait "accidentellement" leur maison.  

Peter regardait se consumer ce qui avait été 15 années de sa vie. Les choses avaient bien changé, le danger s'était mondialisé, les fous étaient encore plus fous et encore plus difficiles à appréhender. Il était entré au Service de Sa Majesté à 20 ans, la vie était encore simple : il y avait les bons - eux - et les méchants - les autres. Il était sorti de tout ça avec Gwen à 45. Voilà qu'à 60 son passé les rattrapait, lui et la femme avec laquelle il avait fait sa vie. Il lui jeta un coup d'oeil : elle avait l'air de trouver la promenade en hélico invisible plutôt à son goût et gloussait comme une petite fille.  

On les ramena au célèbre QG qu'ils avaient eu l'habitude de fréquenter et dont on leur avait retiré tout souvenir. Là, on prit leurs valises que l'on balança au feu, on les fit se déshabiller et entrer dans un endroit immaculé nommée le Doom Device. On bombarda la pièce de rayons rejuvenisants. Peter et Gwen ignoraient ce que cela signifiait.  

En sortant de là, ils se sentaient particulièrement en forme. En se mirant dans la glace qu'on leur présentait ils durent se rendre à l'évidence : ils avaient rajeuni de 30 ans !  

"- Technologie hybride extraterrestre mais sssht, je ne vous ai rien dit et on ignore encore les effets secondaires - c'est assez, euh… expérimental." leur souffla un jeune homme en blouse blanche. Ils se vêtirent puis on les accompagna dans une grande salle de commandement où les attendaient d'autres double-zéro comme lui, également rajeunis et trop heureux de cette seconde chance. D'autres cibles potentielles pour Philippe-Auguste Drax / Graf von der Drache, car il ne fallait pas oublier l'enfant épris de vengeance.  

On leur montra le visage de la traitresse, Verinika Sjorneberg (Sharon Jankel), jusqu'alors officier du MI6 chargée de l'exfiltration des agents et de leur retour à la vie civile. Elle avait connu Drax jr un peu par hasard, probablement attirée par le pouvoir.  

"- A moins que ce soit lui qui soit venu la chercher : pourquoi se serait toujours la fautes des filles ? Elle a peut-être fait ça par amour !?" objecta Gwendolyne. Un silence de mort doublé de regards lugubres et de toussotements discrets suivit.  

Le MI6 ne pouvant plus protéger ses gens, le plan avait été de les "remettre en forme" afin qu'ils échappent au problème Drax Jr. Ceux qui voulaient pouvaient partir à présent - le fils du terroriste recherchait des seniors, pas de jeunes adultes. De nouvelles identités seraient bien sûr fournies, etc.  

Voilà : cela faisait deux heures que les Services Secrets étaient réapparus dans leur vie et il fallait fuir les problèmes et non les affronter. Les gens du MI6 attendaient peut-être une réaction d'orgueil de leur part.  

Tous se levèrent pour partir. Fuir - oui, ça ils savaient faire. Ils avaient rajeuni mais leur cerveau avait pris goût à la tranquillité, ils ne voulaient plus d'ennuis, leur nouvelle vie leur convenait à merveille.  

Peter et Gwen étaient restés assis. Peter parce qu'il voulait en finir avec Drax Jr, Gwen parce qu'elle aimait bien faire comme Peter… Le couple s'était tourné vers l'officier supérieur qui les avait briefés. Peter, malgré son bide proéminent (il avait rajeuni, pas repris sa masse musculaire pour autant), sentait un feu nourri couver en lui. On lui offrait pas seulement de vivre plus longtemps, mais de vivre plus fort. Lui et Gwen avaient toujours eu le danger dans le sang.  

"- Redonnez-moi le double-zéro, on va s'occuper du problème.  

- Et bien, euh, je ne sais pas si...  

- Et les gadgets !  

- Mais, c'est que…"  

Gwendolyne savait ce qu'il avait en tête - elle ne se souvenait de son ancienne vie que par bribes - mais il lui restait que ça avait été fun.  

"- Oui, et on veut une Aston-Martin aussi !" ajouta-t'elle d'un sourire désarmant.  

Et Peter de rajouter:  

"- Une dernière chose: Appelez moi Bond… James Bond!"  

Drax avait trouvé le moyen de revenir. Eux aussi.  

(Script original inspiré par Ian Fleming - écrit par Ari Golan - produit par Gérard Cousin et Ari Golan pour Gérard Cousin Prod.)  

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